Quota au dialogue politique : L’OR de Kengo revendique ses droits dans l’Opposition

Jeudi 1 septembre 2016 - 10:07
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Le dialogue approche. La fin de travaux du comité préparatoire au dialogue, le samedi 27août 20l6 à Béatrice Hôtel, a jeté - d’une certaine manière - les bases de ce forum. Dans l’Opposition, qui revendique 68 sièges, c’est déjà la guerre de quota. Dans ses rangs, on cherche à marginaliser l’Opposition républicaine (OR) pilotée par Léon Kengo wa Dondo, son autorité morale, pour égratigner ses sièges. Mais, l’OR n’a pas dit son dernier mot. Il promet de mener le combat jusqu’au bout pour revendiquer son appartenance dans l’opposition.

 

Avec l’adoption, samedi 27 août dernier à Béatrice Hôtel, de la feuille de route du dialogue, les Etats-majors des partis politiques sont en état d’alerte maximale. Les uns et les autres se préparent à ce rendez-vous. C’est aussi l’occasion de reniement par-ci et de diffamation par-là. Et dans cette bataille de repositionnement, l’Opposition républicaine (OR), qui se reconnaît en Léon Kengo wa Dondo, est l’objet d’une attaque en règle de la part de ses pairs de l‘Opposition, particulièrement ceux présents aux travaux du comité préparatoire au dialogue.

 

Qui est opposant plus que l’autre ? C’est la pomme de discorde. Dans l’OR, on n’est pas prêt à encaisser le coup aussi facilement. Or, pour des délégués de l’Opposition mandatés - faudrait-il encore qu’on sache par qui - aux travaux de Béatrice Hôtel, Léon Kengo et l’Opposition républicaine ne peuvent pas être repris sur la liste des - délégués de l’Opposition au dialogue politique national. Ces délégués doutent de l’appartenance de l’OR dans l‘Opposition. Ils prennent pour seule justification l’appartenance de l’OR dans le gouvernement de cohésion nationale (Matata II) formé à l’issue des concertations nationales de 2013.

 

Dans l’OR, les réactions ne se sont pas fait attendre. Un cadre de l’OR, qui a requis l’anonymat, n’a pas eu de mots tendres envers ceux qui récusent la qualité d’opposants aux partis et personnalités politiques se réclamant de l’OR.

«Nous sommes de l’Opposition. Nous attendons rester comme tel jusqu’au bout. En plus, nous n’avons jamais assisté à une réunion de la Majorité présidentielle », a-t-il déclaré. Et de poursuivre: « C’est donc inapproprié de nous mettre dans la même enseigne que la Majorité. C’est totalement malhonnête ».

Dans l’Opposition républicaine, on ne manque pas d’arguments pour revendiquer son appartenance dans l’Opposition. Pour ce cadre de l’OR, qui ‘est confié à notre Rédaction, tout remonte aux travaux des concertations nationales de 2013 auxquelles ont pris une part active les partis membre de l’OR.

 

A ce propos, il rappelle que les assises des concertations nationales ont reçu un sceau interinstitutionnel, largement appuyé par la communauté internationale. L’objectif de ces concertations a été, a rappelé ce cadre de l’OR, clairement cerné par le chef de l’Etat, Joseph Kabila, dans l’un de ses adresses à la nation. Il s’agissait, promettait le chef de l’Etat, de parvenir, en marge de ces concertations nationales, à la cohésion nationale en vue de créer une synergie interne autour de nombreux défis qui se présentent au pays. A l’époque, ces défis se résumaient, notamment en la pacification de l’Est et à l’organisation des élections dans un cadre apaisé tout en veillant à l’amélioration des conditions de vie de la population.

 

C’est dans ce contexte, relève ce proche de Léon Kengo, que l’Opposition républicaine a accepté de faire partie de la coalition gouvernementale. Est-ce pour autant qu’elle a perdu son ancrage dans l’Opposition ?

A l’OR, on remet en cause la qualité de ceux qui, à Béatrice Hôtel, se sont revêtus abusivement de l’étoffe d’opposant. Car, pour la plupart, clame-t-on à l’OR, ce sont des gens qui ont été exclus de leurs partis respectifs. Sont-ils, par conséquent, habilités à accorder le certificat d’opposant à tel ou tel autre? L’OR promet de lutter jusqu’au bout pour réclamer son quota au sein de l’Opposition.

 

UNE PREUVE DE PLUS

Savoir se démarquer de la Majorité, Kengo l’a fait. Tout récemment, l’autorité morale de l’OR a fait preuve de courage politique inestimable en clamant du haut de la tribune du Sénat, le respect strict de la Constitution du 18 février 2006.

 

Son discours, le 15 mars 2016 à l’ouverture de la session ordinaire du Sénat, reste mémorable. Ce fut un vrai réquisitoire en vue du respect de la Constitution pour garantir les élections dans les délais. On a encore frais en mémoire les mots forts. « Comme vous le savez avait dit Léon Kengo, la Constitution actuelle est un pacte historique, politique et social qui scelle l‘union du peuple congolais. Au plan social, elle contient des dispositions Importantes relatives, notamment, aux droits et libertés fondamentaux des personnes Au plan politique, elle réalise un dosage subtil de principaux équilibres, qui permettent à notre Etat d’exister et de fonctionner ».

 

L’autorité morale de l’OR terminait son apologie de la Constitution de 2006 en ces termes: « Au total, c’est une Constitution complète, une Constitution démocratique et une Constitution stable. Le caractère complet de la Constitution résulte de l’abondance et de la diversité de ses matières. Son caractère démocratique découle des valeurs qu’elle renferme : le principe de la souveraineté du peuple; l’obligation de conquête du pouvoir par des voies démocratiques; le principe de respect des droits fondamentaux; la forme républicaine de l’Etat, etc. Sa stabilité découle autant de mécanismes rigides de sa révision que de l’intangibilité proclamée de certains de ses articles. C’est grâce à cette stabilité que nous célébrons, cette année, le dixième anniversaire de cette Constitution ».

 

Qui d’autre parmi les opposants présents à Béatrice Hôtel aux travaux du comité préparatoire au dialogue, a pu, à l’instar de Kengo, ouvrir le front contre la Majorité ? On n’en trouve pas pour l’instant.

 

L’Opposition ne se proclame pas, elle se vit. Avec le comité préparatoire au dialogue, l’OR a démontré, derrière Kengo, son désir d’inclusivité en suspendant momentanément sa participation, avant de se décider de mener le combat en interne pour une l’inclusivité et une large représentativité de ce forum. Autant de faits qui ne peuvent pas exonérer l’OR dans son appartenance à l’Opposition. Quoi que l’OR ait choisi la modération et le compromis pour faire triompher ses idéaux.

 

Dans les pays de vieille démocratie, tels qu’en Allemagne avec le gouvernement d’Angela Merkel ou encore en Belgique avec le gouvernement de Charles Michel, une coalition gouvernementale associe l’opposition à l’action de l’exécutif. Il en est ainsi de la participation de l’OR au gouvernement de cohésion nationale formé en 2014.

Autant dire que l’OR demeure et reste toujours une branche de l’Opposition. Qu’importe le point de vue contraire de certains pêcheurs en eaux troubles en quête de popularité.

Le POTENTIEL