RAPATRIES D’OUGANDA : LES 180 EX-« M23 » EXIGENT L’INTEGRATION DANS LES FARDC

Mercredi 31 décembre 2014 - 07:37

* Les Congolais refusent que leur armée soit un refuge pour d’anciens rebelles

Au total, 180 combattants ex-M23 ont pu être volontairement rapatriés d’Ouganda à ce jour. Il y a eu une première vague de 120 éléments il y a deux semaines qui ont déjà pu joindre la base-militaire de Kamina au Katanga, leur lieu de cantonnement.

Avant-hier, 60 autres ont traversé la frontière et sont en consignation à Bunia en attendant leur transfert à Kamina. On apprend qu’ils exigent tous non la réinsertion dan la vie civile comme promis, mais leur intégration pure et simple dans les Fardc.
Selon eux, le gouvernement congolais s’était engagé à les intégrer dans les Fardc après le rapatriement volontaire de l’exil. Mais Kinshasa n’a pas encore réagi à ces déclarations des rapatriés du M23. On sait que lors de laborieux pourparlers entre ce mouvement pro-rwandais le M23 et le gouvernement, les Congolais avaient fixé une ligne rouge à ne pas franchir dans les négociations avec le M23.
C’était entre autres leur intégration dans les Fardc qu’ils exigeaient contre vents et marées. Alors qu’on sait que la meilleure manière de miner les Fardc c’est d’y intégrer les ex-rebelles. Ceux-ci vont y travailler à la déstabilisation comme vécu avec le Rcd-Goma et le CNDP. Ce sont les mêmes qui sont au M23. Les Congolais ont mis fin à toute intégration des ex-rebelles. D’autant que la plupart sont des multirécidivistes et déserteurs. Ils étaient déjà intégrés au moins une fois dans les Fardc.

QUAND LES EX-M23 ESSAYENT DE TENTER LE DIABLE
Sur le plan des textes, la Déclaration de Nairobi qui sonne la fin de la guerre du M23 ne prévoit pas un dispositif d’intégration des ex-M23. Les ex-M23 jouent certainement leur va-tout et essayent de tenter le diable afin de voir les réactions des Congolais.
Nairobi a au contraire mis la croix sur le principe même de la réintégration de ces ex-rebelles pro-rwandais qui exigeaient à l’époque du CNDP de n’être consignés qu’au Nord-Kivu. On ne doit pas perdre de vue le fait que chaque rebelle qui intègre les Fardc est une épine dans le pied.
C’est le lieu d’évoquer un autre criminel de guerre qui attend aussi la réintégration dans les Fardc. Il s’agit de Cobra Matata, chef du « Front de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI). L’homme qui a commis de pires exactions sur les populations de l’Ituri a fait reddition, ce qui, en soi, est à louer.
Mais ce qui est condamnable, c’est le fait que lui et ses hommes sont à ce jour à Bunia en attente de la réintégration dans les Fardc avec le grade de général. Matata soutient que le gouvernement s’était engagé à sa réintégration contre sa reddition avec ses miliciens.
Pourtant, Matata n’est éligible à aucune amnistie. Lui qui est soupçonné des pires crimes internationaux comme les massacres des populations, le viol comme arme de guerre, esclavage sexuel, tortures, pillages des ressources naturelles, enrôlement d’enfants-soldats. Comment peut-il donc réintégrer les Fardc comme dans un mouchoir de poche sans avoir rendu pénalement compte de ces faits à sa charge ?

QUID DE L’INTEGRATION DES AUTRES CRIMINELS DE GUERRE
Il n’est même pas dans le cas de ces 180 ex-M23 qui, eux, ont tout de même en poche leur acte d’amnistie individuelle. Si on intègre dans les Fardc un individu comme celui avec autant de sang sur les mains, cela équivaut à dire qu’on l’a fait pour cet autre criminel de guerre Gédéon Kyungu Mutange qui distribue la terreur noire dans le triangle de la mort de Manono-Pweto-Mitwaba où il se livre même au cannibalisme.
S’il fait reddition comme Cobra Matata, Kyungu Mutange exigera aussi son intégration dans les Fardc. En plus et on l’a peut-être vite oublié, Cobra Matata était déjà intégré dans les Fardc pendant le 1+4 avec le grade de colonel. Il a déserté pour retourner dans son maquis d’Ituri. Il s’agit donc d’un déserteur doublé de récidiviste. On ne peut pas jouer avec l’armée. Celle qui a vaincu le M23 était délestée de tous ces éléments douteux et composée de vrais hommes de troupes avec des chefs militaires dévoués comme les Ndala et Bahuma. Un exploit qui ne serait jamais matérialisé avec une armée des intégrés et des mixés comme on en a connu avec le CNDP. KANDOLO M.