Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé mercredi au téléphone le président congolais Laurent Kabila pour l'inciter à lancer rapidement une opération afin de neutraliser les rebelles hutus rwandais actifs dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Malgré les menaces brandies par Kinshasa et l'ONU, le déclenchement de l'offensive destinée à mettre hors d'état de nuire les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) tarde en effet à venir.
Selon un communiqué de l'ONU, M. Ban a rappelé à son interlocuteur qu'un ultimatum donnait jusqu'au 2 janvier à ces rebelles pour déposer les armes et se rendre mais que les FDLR "n'ont pas tenu leur promesse de désarmer".
M. Ban a donc "demandé une action décisive contre ce groupe armé", ajoute le communiqué.
Il a "accueilli avec satisfaction l'assurance donnée par le président (Kabila) que son gouvernement était prêt à agir et a souligné que la Monusco (mission de l'ONU) était de son côté prête à coopérer avec les forces armées congolaises (FARDC)".
Le chef de la Monusco Martin Kobler a déclaré mercredi que "la première priorité, c'est maintenant vraiment le combat (...) contre les FDLR".
La décision d'attaquer les FDLR, dont plusieurs dirigeants sont accusés d'avoir participé au génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda (800.000 morts selon l'ONU), revient à Kinshasa, la Monusco devant intervenir en soutien à l'armée congolaise.
"Mais pour l'heure on ne sent pas une volonté farouche des plus hautes autorités congolaises" de passer à l'action, relève un expert régional sous couvert de l'anonymat.
"Nous comptons tout-à-fait sur les Congolais pour participer à cette opération, de même que sur tous les contingents de la Brigade d'intervention", le fer de lance de la Monusco, affirme pour sa part un haut responsable de l'ONU sous couvert de l'anonymat.
De son côté, affirme-t-il, la Monusco "est prête à se lancer" dans la bataille mais préfère la mener aux côtés de l'armée congolaise.
La Monusco et l'armée, explique-t-il, ont mis au point un concept opérationnel commun mais il faut encore que Kinshasa signe une "directive conjointe". "Ce document devrait être signé très bientôt", assure le même responsable onusien.
Il reconnait qu'une fois lancée, une offensive contre les rebelles hutus "prendra des mois" et qu'elle devra être menée avec "plus de retenue" que l'opération victorieuse de l'an dernier contre le mouvement rebelle M23. Les quelque 1500 combattants des FDLR -- dont 400 seulement sont aguerris, selon l'ONU -- sont en effet souvent accompagnés de leur famille et dispersés sur un très vaste territoire au nord-Kivu, sud-Kivu et dans le nord du Katanga.
Peu enclins à l'affrontement direct contrairement au M23, ils pourraient fuir devant l'avancée des Casques bleus et mener ensuite une guérilla.
La participation des forces gouvernementales, souligne le responsable de l'ONU, est indispensable pour occuper le terrain une fois les FDLR délogés et y rétablir l'autorité de l’État.