Le ministre d'Etat en charge de la Décentralisation et des Affaires coutumières est descendu sur Eringeti 48 heures après l'attaque de cette localit du Nord-Kivu (Est de RD Congo), à la tête d'une délégation du gouvernement central accompagné du vice-gouverneur de cette province, du patron de la police et des autorités militaires commises aux opérations SOKOLA 1.
Sur place, Salomon Banamuhere a exprimé ses sentiments de désolation suite aux carnages vécus dans cette partie du territoire de Beni. Il a encouragé les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à vaquer sans crainte à leur mission régalienne.
Il a appelé la population à continuer à collaborer avec les services de sécurité «pour mettre un terme à cet activisme des rebelles ».
Lancer le plus vite possible des offensives contre les ADF
Sans mâcher les mots, quelques habitants ont exprimé leur inquiétude mélangée à la colère auprès de la délégation. Un habitant a dit clairement au ministre qu’ «il faut lancer le plus vite possible des offensives contre les ADF. »
Un autre habitant se désole de « l’impuissance de toute une armée nationale devant l’instabilité sécuritaire imposée par un petit groupe de porteurs d’armes à feu. »
En ce qui la concerne, la société civile ne cesse de dénoncer le fait qu’une grande agglomération comme Eringeti soit assiégée comme s’il n’y avait pas d’éléments de forces armées.
Un autre habitant a interrogé le Ministre de la décentralisation en voulant savoir « pourquoi les forces armées n’utilisent pas tout l’arsenal militaire à leur disposition pour mettre fin à cette aventure des ADF qui risquera finalement d’exterminer toute une tribu ? »
Situation humanitaire dramatique
Le bilan des incursions des ADF à Eringeti dimanche dernier s’est alourdi mardi 01 décembre avec la découverte de cinq autres corps découverts à non loin du camp militaire d’Eringeti. Ce qui fait que ces attaques auront causé au total, 31 morts.
Du côté humanitaire, les estimations de la société civile de l’axe una-Komanda font état de plus de 2 mille déplacés provenant de cette agglomération en direction de la province de l’Ituri. Ils sont majoritairement constitués des femmes et enfants. Ils ont trouvé refuge dans le village de Luna, Otomabere, Idohu et Komanda-centre. Certains sont dans des familles d’accueil tandis que d’autres en plein air.
Cette structure citoyenne se dit inquiète de ce mouvement incontrôlé des populations. Son président appelle les services de sécurité à la vigilance « pour éviter que l’ennemi s’infiltre au sein de ces déplacés en vue de déstabiliser la zone », indiquant que la population vit dans la peur.
C’est pourquoi, il demande aux membres du comité local de sécurité de mettre une barrière au niveau du pont Bulongo pour identifier chaque déplacé « pour connaitre le lieu de provenance ».
Joint le matin de mardi 01 décembre 2015 par notre source, le commandant second du secteur opérationnel de FARDC en Ituri (ex-province Orientale) dit s’être rendu à Luna avec ses hommes pour prendre des dispositions appropriées.
La société civile rapporte par la suite que les véhicules en partance pour Beni sont bloqués à Komanda depuis la soirée de dimanche dernier en attendant le rétablissement total de la situation sécuritaire à Eringeti.