Le militant des droits de l’homme Christopher Ngoyi, arrêté le 21 janvier pendant les manifestations contre la loi électorale à Kinshasa, a été présenté mardi 10 février au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Evariste Boshab. La police judicaire qui l’a présenté l’accuse d’être auteur ou co-auteur des troubles enregistrés pendant les manifestations contre la loi électorale. Elle a annoncé le transfert de Christopher Ngoyi au Parquet général.
Il est poursuivi pour dix chefs d’accusation:
Incendie volontaire
Destruction méchante
Propagation de faux bruits
Propagande subversive
Incitation à la désobéissance civile
Incitation à la violence
Incitation à la haine raciale
Incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline
Association de malfaiteurs
Attentat et complot tendant à porter le massacre, la dévastation ou le pillage
Atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat
Les manifestations organisées par l’opposition contre la loi électorale avaient dégénéré en émeutes en janvier dernier. Elles ont fait 27 morts, selon le gouvernement. Mais certaines organisations des droits de l’homme font état d’un bilan plus élevé. La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) parle de 42 morts.
Après ces manifestations, des organisations des droits de l’homme avaient dénoncé « l’enlèvement » de Christopher Ngoyi par des militaires alors que le défenseur des droits de l’homme partageait un verre avec ses amis dans une terrasse.
Présents lors la présentation de leur collègue au ministre de l’Intérieur, les activistes des droits de l’homme-qui avaient été reçus par le ministre de l’Intérieur peu avant- se disent contents d’avoir vu Christopher Ngoyi en bonne santé. Ils disent attendre que leur collègue présente ses moyens de défense devant le juge.
« Ce que la police ou l’enquêteur présente comme faits, il n’en a pas d’abord la compétence. Il faudrait qu’à Christopher soit donné la possibilité de présenter ses moyens de défense. Vous l’avez vu en train de rigoler de tout ce qui est en train d’être raconté. Et nous connaissons comment dans un Etat policier les choses se passent. Ce sont les mêmes modes opératoires », a indiqué Sylvain Lumu, secrétaire exécutif de la Ligue des électeurs.
Pour sa part, Evariste Boshab a affirmé qu’il appartiendrait à la justice de départager « en toute indépendance » l’enquêteur et le militant de droits de l’homme.
« Vous avez suivi l’exposé qui venait d’être fait par l’enquêteur. Plusieurs préventions ont été mises à la charge de l’intéressé. Mais il appartiendra à son juge naturel de pouvoir départager l’enquêteur et la version que le concerné lui-même aura donné », a-t-il déclaré.