RDC : Dépréciation du Franc congolais, la Banque Centrale prend des mesures

Mardi 8 mars 2016 - 10:32
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La surchauffe sur les deux segments du marché de change est réelle depuis le 22 février dernier. La monnaie locale s’est dépréciée. Le Franc congolais s’échange jusqu’à 955,0 CDF pour un dollar américain, venant de 945,0 CDF à fin décembre 2015 sur le marché parallèle. Pour faire face à ce choc et stabiliser le cadre macroéconomique, la Banque Centrale du Congo a mis en vente 50 millions USD par adjudication le jeudi 25 février dernier.

C’est au cours d’un point de presse organisée mercredi 24 février à Kinshasa, le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Deogratias Mutombo Mwana Nyembo a annoncé cette intervention de l’Institut d’Emission sur le marché de change congolais. Une des mesures prises par le Comité de Politique Monétaire qui s’est réunie en session extraordinaire la veille. Trois questions pour bien comprendre la situation.

Qu’est – ce qui a causé la surchauffe ?

La surliquidité de la monnaie locale, franc congolais (CDF), sur un marché change où il y a rareté des devises en est l’une des principales causes. Le communiqué du Comité de Politique Monétaire lève un pan de voile : « Cette situation, qui résulte d’importantes injections des liquidités sur le marché dans un contexte de contraction de l’offre de la devise, a conduit le Comité de Politique Monétaire à prendre des mesures aux fins de contenir les pressions sur le marché et renforcer ainsi la stabilité du cadre macroéconomique ».

Pourquoi la BCC vend – t – elle les 50 millions USD ?

C’est pour ponctionner la surliquidité des Francs congolais et à assainir le marché monétaire par l’accroissement de l’offre que la Banque Centrale du Congo (BCC) vend ces 50 millions de dollars américains par voie des adjudications compétitives. « Ces devises sont destinées aux importateurs de produits de première nécessité », a précisé le Gouverneur Déogracias Mutombo.  Un mécanisme de suivi a été mis en place pour que le cas échéant, les banques commerciales puissent transmettre à la BCC les documents de mise en consommation des produits sur le marché local.

RDC : Ce qu’il faut savoir de l’intervention de la Banque Centrale sur le marché de change

Cependant, l’intervention de la BCC sur le marché des changes  par la cession des devises ne sera pas efficace au regard de la forte dollarisation de l’économie congolaise reflétée dans la relation à long terme. Albert Tcheta – Bampa, chercheur au Centre d’Economie de la Sorbonne, cette décision entraînera deux conséquences négatives sur la stabilisation macroéconomique liée au boom des matières premières : « le maintien de degré élevé de dollarisation qui va compliquer significativement la conduite des politiques monétaire et de taux de change ; et la perte des revenus de seigneuriage qui sont nécessaires au moment où les rentes issues de pétrole et  des minéraux cuprifères sont en baisse ».

Quelles sont les autres mesures ?

L’Institut d’Emission opte pour le relèvement du coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises. Ce qui signifie que ces derniers passent de 8% à 10% pour les dépôts à vue et de 7% à 9% pour les dépôts à terme. Dans ce lot mesures préconisées, figure également la suppression de la TVA à l’exportation qui occasionne des fraudes organisées par les services qui œuvrent aux frontières.

« En vue d’assurer une efficacité optimale de ces mesures et renforcer ainsi le cadre macroéconomique, le CPM sollicite l’accompagnement du Gouvernement par des mesures visant notamment à resserrer davantage la liquidité sur le marché », conclut le communiqué.

Pour rappel, le taux sur le marché parallèle s’est établi à 955,0 CDF le dollar américain au 23 février 2016 venant de 945,0 CDF à fin décembre 2015 avec une tendance à l’enlisement. Au cours de la même période, le taux indicatif, pour la première fois, est passé au-dessus de la barre de 930 CDF le dollar américain, s’établissant à 933, 33 CDF contre 927,9 CDF.

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