Deux soldats de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monusco) ont été tués mardi dans une embuscade tendue dans le territoire de Beni, dans l'est du pays, où de violents combats opposent l'armée à des rebelles ougandais.
Les soldats décédés sont tanzaniens, selon l'ONU. Treize autres Casques bleus ont été blessés et quatre sont portés disparus. Leur nationalité n'a pas été précisée.
"C'est avec tristesse et colère que je viens d'apprendre le décès de Casques bleus dans une embuscade près de Béni", un grand carrefour commercial situé dans le nord de la province troublée du Nord-Kivu, avait annoncé dans la soirée le chef de la Monusco, Martin Kobler, sur son compte Twitter, sans préciser le nombre de soldats tués.
Dans un autre tweet, en anglais cette fois, M. Kobler a rendu hommage aux "soldats de la paix tanzaniens qui sont morts", promettant que la "Monusco va mener des opérations offensives robustes" dans la région où s'est déroulée l'attaque.
L'administrateur du territoire de Beni, Amisi Kalonda, a indiqué que l'"attaque" a ciblé un "convoi de soldats tanzaniens tombé dans une embuscade tendue par l'ennemi, l'ADF", les rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées.
Les soldats tanzaniens appartiennent aux quelque 3.000 hommes de la brigade d'intervention de la Monusco - également composée de Sud-Africains et de Malawites, chargée de lutter contre les dizaines de groupes armés locaux et étrangers actifs dans l'est de la RDC.
Ces groupes armés, parfois actifs depuis 20 ans, s'affrontent pour des raisons foncières, ethniques ou pour le contrôle des nombreuses richesses dont regorge l'est du pays (minerais, bois...). Certains sont accusés de graves exactions (meurtres, viols, enrôlement d'enfants...) contre les civils.
Dans un communiqué, la Monusco précise que l'unité de Tanzaniens est "tombée dans une embuscade sur l'axe Mavivi-Mayimoya, au village Kikiki situé à 11 km au sud d'Eringeti". Dans cette région, l'armée affronte des rebelles de l'ADF depuis dimanche.
- Des soldats congolais tués -
L'armée a fait état mardi de "16 morts côté rebelles et de 4 morts et deux blessés côté FARDC" (armée). La société civile du territoire de Beni n'a pas de chiffre quant aux pertes chez les rebelles, mais affirme que l'armée a essuyé de lourdes pertes: "28 morts parmi les FARDC, 22 blessés, 8 capturés".
"La situation est tellement grave qu'elle devrait interpeller les autorités à tous les niveaux. (...) Les rebelles s'attaquent aux FARDC de façon bien organisée. Ils ont saisi des tenues, des bottes, des armes... On sent qu'ils se sont vraiment ravitaillés en équipement militaire", poursuit cette source.
Lundi soir, un hélicoptère de la Monusco avait été touché par des tirs en provenance d'éléments armés non identifiés dans la même zone.
M. Kobler avait condamné "fermement" les tirs qui avaient forcé l'appareil, qui transportait le commandant de la force onusienne, à se poser en "urgence".
"Cette attaque ciblée contre le personnel des Nations unies est inacceptable et intolérable. Nous ne serons pas découragés dans notre (mandat de) protection active des civils. Les assaillants seront poursuivis avec le maximum d'efforts et le minimum de tolérance", avait affirmé M. Kobler.
M. Kobler estime que ces deux attaques en 48 heures révèlent "l'impérieuse nécessité de relancer la coopération entre les FARDC et la Force de la Monusco pour la sécurisation du territoire de Beni". Les armées sont en froid depuis un différend sur la manière de neutraliser les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda.
D'octobre à décembre, plus de 260 personnes, pour l'essentiel des civils (hommes, femmes et enfants), ont été tuées, la plupart à l'arme blanche, dans la ville de Beni et ses environs dans une succession de massacres attribués aux rebelles musulmans ougandais de l'ADF.
En décembre, une opération conjointe de l'armée congolaise et de la Monusco avait contribué à ramener le calme mais les tueries n'ont pas cessé totalement et se sont étendues à des zones limitrophes de la Province-Orientale au tournant de l'année.
Depuis le 1er janvier, soixante personnes au moins ont ainsi péri dans des attaques similaires dans le territoire de Beni ou en Province-Orientale.