La chaine de la dépense du gouvernement de la République du Congo (RDC) est « totalement désintégrée » à la suite de deux incendies qui se sont déclarés dans la nuit du 5 au 6 janvier 2015 au Secrétariat général du ministère du Budget et aux installations abritant le serveur central du système informatique.
« A cause de ce sinistre, la chaine de la dépense est totalement désintégrée du système. La destruction du serveur reliant le Secrétariat général à la direction de la chaine de la dépense basé au ministère des Finances est une perte énorme dans la liaison de la chaine de la dépense », attestent des spécialistes.
Quelle est l’origine de cet incendie ? S’agit-il d’un incendie criminel ? Si oui, à qui profite le crime ? Toutes ces interrogations ne pourront trouver de réponses qu’à l’issue de l’enquête que mènent depuis quelques jours les agents de la police scientifique.
« Les causes de ces incendies restent jusque là inconnues. Les témoignages recueillis sur le lieu indiquent que l’incendie s’était déclaré aux environs de 3 heures », a indiqué le secrétaire général au Budget.
Témoignages
Parmi les dommages constatés, on signale la « perte de liaison de la chaîne de la dépense » causée par la destruction du serveur reliant le Secrétariat général au Budget à la direction de la chaîne de la dépense basé au ministère des Finances ainsi que des « pertes de plusieurs biens et meubles du bâtiment ».
« Les parties du serveur basées respectivement au bâtiment abritant le ministère de la Fonction publique et au cabinet du ministre du Budget ont été épargnés », renseignent des sources proches du ministère du Budget.
Informé, le ministre d’Etat en charge du Budget, Michel Bongongo, a visité les locaux affectés par l’incendie « afin d’en avoir une idée claire » en compagnie du secrétaire général au Budget, Odon Nsampanga, et du directeur général du centre de contrôle des marchés publics, Grégoire Kwage.
Selon des fonctionnaires du ministère du Budget interrogés, « le premier sinistre s’est déclaré vers 3 heures au secrétariat général au Budget, avant de se propager au bâtiment abritant la direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP) ».
A cette heure avancée de la nuit, les policiers et autres gardiens commis à cet endroit étaient « en principe » à leurs postes. Et, comme de bien entendu, tous les bureaux devaient être « fermés à clés ».
Un incendie criminel ?
Dans ces bureaux climatisés, on estime que les câbles, les ordinateurs et autres onduleurs ne pouvant supporter une hausse de température, ont pris feu. Le sinistre s’est ensuite propagé dans tous les bureaux, au point que les mobiliers en bois ou en matières synthétiques ont transmis les flammes aux rideaux.
En moins de trente minutes, renseigne-t-on, tous les services étaient en feu. « Même la Direction générale de contrôle des marchés publics n’a pas résisté aux flammes qui se sont propagées avec une vitesse inouïe », a déclaré un fonctionnaire visiblement désemparé.
Ce qui est plus déplorable, c’est le fait que les ordinateurs en matières synthétiques et donc inflammables, où est stocké un nombre important de données sur les dépenses de l’Etat au niveau central, sont partis en fumée. Il en est de même des dossiers physiques empilés dans les armoires qui ne sont plus que cendres.
Une heure plus tard, un autre incendie s’est déclaré dans les installations abritant le serveur central du système informatique de la chaine de la dépense, derrière l’immeuble abritant le cabinet du ministre du Budget sur le boulevard du 30 juin, dans la commune de Gombe, à 5 Km du lieu où s’est déclaré un premier sinistre.
A en croire une sentinelle des environs, tout est parti d’abord de l’odeur de brûlis qui a envahi tout le secteur. « Personne ne savait d’où cela provenait », a ajouté ce témoin.
« On a vite pensé aux sachets usagés que les veilleurs de nuit brûlent pour faire la propreté de lieux. Cette odeur deviendra plus persistante, et c’est en ce moment que l’on verra monter des fumées qui s’échappaient du bâtiment abritant le serveur central du système informatique de la chaîne de la dépense », -t-il indiqué.
Il a ajouté que « les policiers commis à la surveillance des installations et autres surveillants ont accouru aussitôt pour en savoir davantage. Ils n’ont fait que constater les dégâts ».
« En effet, a-t-il précisé, après avoir cassé les portes des bureaux pour voir ce que l’on pouvait sauver, partout, il y avait des flammes rougeoyantes et des fumées ocre. Même les moyens rudimentaires de lutte contre l’incendie auxquels ils ont recouru, se sont révélés impuissants et inefficaces. Le sinistre était incontrôlable ».
« Matériels informatiques, mobiliers, rideaux et de des dossiers contenant des pièces comptables, des lettres de transmission, des factures, des notes de perception et autres documents de valeur, n’étaient plus que cendres », selon le témoin.
Travail de la police scientifique
A la suite de ces incendies, le ministre du Budget, Michel Bongongo, a obtenu des responsables de la Police nationale congolaise (PNC) qu’une enquête soit menée afin de déterminer les causes exactes de ces sinistres dont la similitude ne peut que surprendre.
Certains analystes trouvent « bizarre que ces incendies puissent se déclarer dans des services différents dépendant du ministère du Budget, éloignés les uns des autres ».
Toute la journée du lundi 5 janvier 2015, les enquêteurs de la police technique et scientifique - mobilisés sur cette affaire - se sont attelés au prélèvement des indices sur les deux lieux d’incendies.
Les interrogatoires des policiers de garde et des surveillants devraient leur permettre de se faire une religion sur l’origine de ces deux incendies qui viennent de causer de graves préjudices aux finances publiques de la République démocratique du Congo.
« Les installations des services du ministère du Budget avaient-ils été sécurisées avec des systèmes d’alerte anti-incendie ? Car, si ce dispositif était en place, il aurait alerté à temps l’équipe de surveillance et cela aurait sauvé bon nombre de matériels et d’équipements informatiques », commentent certains observateurs.