Quatre membres d'un mouvement citoyen congolais ont été arrêtés à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, alors qu'ils manifestaient en faveur de la libération d'autres militants détenus à Kinshasa, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Les activistes sont membres de la Lutte pour le changement (Lucha), qui a annoncé sur sa page Facebook leur arrestation alors qu'"ils participaient à l'action +Coup de sifflet+ pour la libération des activistes détenus à Kinshasa et le respect des libertés publiques".
"Nous avons appréhendé les jeunes gens en train de distribuer des tracts sur la voie publique" mardi soir, a-t-on confirmé de source policière dans la capitale de la province du Nord-Kivu, ajoutant: "nous les gardons au cachot parce qu'ils troublaient l'ordre public".
"Ils sont au nombre de quatre", a-t-on indiqué de même source. "Le moment venu, nous allons les transférer à des instances compétentes".
Sur Twitter, la Lucha a donné les noms de trois des personnes arrêtées - Trésor Akili, Vincent Kasereka et Gentil Mulume - et dénoncé mercredi matin l'arrestation d'un cinquième membre du mouvement, Pascal Byumamine, qui selon elle apportait de la nourriture aux détenus.
Un journaliste de l'AFP a pu voir M. Byumamine dans un commissariat de Goma. "Il est retenu au poste" pour les besoins de l'enquête, a fait valoir la police.
La Lucha se définit comme un "mouvement citoyen non-politique et non-violent" résolu à demander des comptes aux autorités.
L'un de ses principaux militants, Fred Bauma, est détenu à Kinshasa depuis son arrestation, le 15 mars, lors d'une rencontre sur la bonne gouvernance et la démocratie en Afrique en présence de trois activistes sénégalais et un burkinabè, finalement expulsés par les autorités après avoir été accusés de préparer des "actes de violences".
La Lucha a appelé le 1er avril la population congolaise à siffler ou à faire du bruit tous les soirs pendant cinq minutes à 17h00 GMT pour obtenir "la libération de Fred Bauma et ses compagnons" (au moins deux autres personnes) détenus par l'Agence nationale de renseignement depuis leur arrestation le 15 mars.
Une quarantaine de personnes au total avaient été arrêtées avec eux ce jour-là. Depuis ce jour, plusieurs membre du collectif Filimbi ("Coup de sifflet" en swahili), qui organisait la rencontre, se cachent.
Les arrestations du 15 mars ont eu lieu dans un climat politique tendu à l'approche d'échéances électorales importantes.