Conformément à la constitution, le parlement national effectue sa rentrée ce lundi 15 septembre 2014. De l‟avis des observateurs, hormis le budget de l‟Etat pour lequel la session est convoquée, les députés et sénateurs vont devoir se pencher sur des questions d‟actualité dont certaines concernent la survie même de la nation. Il en est ainsi de cette affaire de démarcation de la frontière commune entre la République Démocratique du Congo et la République rwandaise. Des experts de deux pays ont siégé à ce sujet, et les conclusions de leur travail seront validées le lundi 15 septembre à Kigali au Rwanda, date qui coïncide curieusement avec la rentrée parlementaire en Rdc. La question de délimitation des frontières relevant de la souveraineté d‟un pays, on ne peut s‟imaginer qu‟elle devienne l‟affaire des seuls experts ou d‟un petit groupe d‟initiés. Le Parlement devra donc naturellement se saisir du dossier afin de faire toute la lumière sur ce sujet et dire aux Congolais ce qui s‟est passé. En toute logique, l‟Exécutif national par le biais des ministres concernés par la question devra être interpelé pour permettre au souverain primaire de connaître le contenu réel des conclusions des experts ayant siégé au sein de ladite commission mixte. Il est important que cette affaire soit traitée dans la plus grande transparence si on veut de nouveaux couacs sur le terrain. Imaginez une seule fois ce qui pourrait encore survenir à l‟Est du pays si on venait un jour à raconter à nos villageois frontaliers du Rwanda qu‟ils ne seraient plus en territoire congolais mais plutôt sur le sol rwandais. Et cela, à la suite d‟un travail qui se révelerait contestable, qui n‟aurait pas été communiqué à la nation et qui n‟aurait pas été discuté par la représentation nationale. Députés et Sénateurs face à leurs responsabilités C‟est ici que ceux qui ont reçu le mandat du peuple congolais, ou encore prétendent parler en son nom, doivent prouver qu‟ils travaillent pour l‟intérêt du pays et veillent à la préservation de l‟intangibilité des frontières telles qu‟elles avaient été définies à la Conférence de Berlin en 1885. On rappelle que les frontières nationales suscitent, depuis quelques années, la convoitise de nombreux de nos voisins qui profitent des faiblesses dont l‟Etat congolais fait montre à cause de la multiplicité des groupes armés nationaux et étrangers opérant sur son territoire. Des exemples sont nombreux dans ce chapitre : Kahemba dans la province de Bandundu, Mbanza-Ngungu dans celle du Bas-Congo, ou encore la présence massive des éleveurs Mbororo dans la partie Nord du pays qui se comportent comme des potentats sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Si nous insistons pour que toute la lumière soit faite sur ce travail des experts, c‟est parce que il y a peu, à la faveur d‟un accord autorisant l‟armée rwandaise à intervenir au Nord-Kivu pour traquer les FDLR, celle-ci avait, à la fin officielle des opérations, trompé Kinshasa en prétendant avoir retiré toutes ses troupes. Il a fallu une enième agression du pays à travers le M23 pour que l‟opinion découvre, stupéfaite, que l‟armée rwandaise était restée à Rutshuru, une base qui lui permettait de parfaire la déstabilisation de la RDC et d‟exploiter directement sur le terrain les ressources naturelles de notre pays. Toutes ces préoccupations sont actuellement sur les lèvres des Congolais, particulièrement les compatriotes soucieux de l‟avenir de la Nation avec à l‟affiche le respect de ses frontières héritées de la colonisation. On rappelle également que ce n‟est pas pour la première fois que l‟Exécutif national traite des questions capitales en l‟absence du parlement. Cela devient monnaie courante. L‟intervention de l‟armée rwandaise, l‟accord avec le Cndp, le contrat chinois pour les infrastructures… et aujourd‟hui la réunion de la commission mixte en vue de révisiter les frontières - toutes ces questions ont été traitées pendant les vacances. Cependant, le plus souvent, on assiste à un silence coupable de ceux qui sont censés parler au nom du peuple. Nos élus donnent, à ce sujet, l‟impression de vouloir privilégier leurs alliances politiques en lieu et place de veiller aux intérêts de la Nation en péril. Feront-ils la différence cette fois ? « Wait and see », disent les anglophones.