RDC : timide restauration de l'autorité de l'Etat à l'Est

Dimanche 8 mars 2015 - 07:36

Si les autorités congolaises renforcent leur contrôle dans l'Est du pays depuis la fin du M23, les populations vivent toujours en insécurité, affirme une étude d'Oxfam. Au banc des accusés : les groupes armés, mais aussi l'armée congolaise (FARDC) et la police.

Deux ans après la signature de l'accord-cadre entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, comment se porte l'Est de la République démocratique du Congo ? A regarder la carte des groupes armés publiée par l'ONG Oxfam, la situation semble loin d'être stabilisée dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Une bonne dizaine de "forces négatives" sème encore la terreur dans la zone. Dernier épisode en date : les massacres à répétition, attribués aux ADF-Nalu, dans la région de Beni à l'automne 2014. Plus de 250 civils ont été tués lors de ces attaques en toute impunité.

Des zones "sécurisées" toujours insécures

Mais l'étude d'Oxfam va plus loin que le simple recensement des groupes armés de la région. La conclusion de l''ONG bat en brèche les informations gouvernementales sur la "sécurisation" de certaines zones par l'armée et la police congolaise. "L'État estime que la sécurité de ces zones est assurée, note Oxfam, mais en réalité, les communautés vivent toujours dans l'insécurité". Au banc des accusés : les groupes armés, mais aussi les "forces étatiques". L'ONG a mené son enquête en août et septembre 2014 dans les territoires de Masisi et Rutshuru dans le Nord-Kivu, et Kalehe et Uvira dans le Sud-Kivu.

Conflits locaux

L'étude note tout d'abord la persistance des conflits locaux dans cette région instable du pays. Les conflits fonciers liés à la terre sont récurrents : "beaucoup d'anciens réfugiés et de personnes déplacées ont indiqué à Oxfam qu'ils avaient constaté à leur retour que leur terrain était occupé ou avait été vendu". Le rapport explique ensuite que ces conflits intercommunautaires sont souvent à l'origine de la création de groupes d'autodéfense, qui se transforment souvent par la suite... en groupes armés.

"Les FDLR exigent 10% des cultures""

Malgré la fin du M23 et une présence renforcée de l'armée congolaise, les groupes armés restent encore très actifs dans l'Est. Insécurité, violences physiques, homicides, viols... sont le lot commun des populations du Kivu. L'économie locale est également fortement impactée par la présence de groupes armés. Les Congolais interrogés par Oxfam racontent "devoir céder une partie de leurs récoltes à chaque étape du processus de production". Les rebelles rwandais des FDLR, que trauqe actuellement l'armée congolaise, exigent 10% des cultures "avant même qu'elles aient été récoltées".

Les exactions des autorités

Mais l'élément le plus choquant de l'étude d'Oxfam reste les exactions commises par les "agents de l'Etat", armée, police... Si ces pratiques ne sont pas nouvelles, elles démontrent que la prise de contrôle de certaines zones par les autorités congolaises n'est pas forcement synonyme de sécurité pour les civils. Un constat accablant pour Kinshasa qui vante pourtant la reconquête par les services de l'Etat des territoires de l'Est. Le rapport d'Oxfam dénonce les agents de l'Etat qui commettent.

 

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