Rejetant le dialogue version Kabila - Le G7 propose des « négociations directes » entre acteurs politiques

Mardi 23 février 2016 - 06:21

Notant une convergence de vues entre le communiqué de presse conjoint ONU, UE, UA, OIF daté du 16 février 2016 et sa position exprimée dans la note adressée à Mme la présidente de la commission de l’UA le 20 janvier 2016, le G7 considère que l’organisation des élections « à bonne date » équivaut à les tenir dans les délais constitutionnels. Passé ce délai, rappelle-t-il, il se créera une vacance du pouvoir au sommet de l’Etat dont seul le président de la République portera toute la responsabilité. Pour anticiper sur ce blocage éventuel et en conformité avec le vœu de l’ONU, l’UA, l’UE et l’OIF, le G7 propose des négociations directes entre acteurs politiques en lieu et place du dialogue soutenu par Joseph Kabila.

Le Potentiel

Loin de constituer de simples enchères, la posture politique prise par le Groupe de 7 (G7) est la preuve d'une détermination à ne point transiger sur le respect de la Constitution qui limite le nombre de mandat du président de la République à deux! Pour ces anciens sociétaires de la Majorité présidentielle, il ne s'agit plus de tergiverser ou de se compromettre dans des conciliabules visant un partage du pouvoir.  Quant aux élections dans les délais constitutionnels, le G7 n’est pas prêt à se dédire. Quoi qu’il en soit, rien ne justifie, soutient le G7, le dépassement des limites fixées par la Constitution.

Cette position, le G7 l’a prise le week-end dernier en réaction à la déclaration conjointe de l’Union africaine, de l’Organisation des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la Francophonie rendue publique le 16 février 2016. Au-delà du ton hautement diplomatique de cette déclaration, le G7 est parvenu à en décrypter le message.

Dans un communiqué de presse daté du 20 février 2016, cette plate-forme de l’Opposition aborde avec lucidité la question de la fin du mandat de Kabila qui risque d'intervenir sans que les élections présidentielles n'aient été organisées. Dans cette hypothèse, le G7 affirme qu'il faudra tirer les responsabilités de cet échec et s'engager dans la voie de la désignation d'un autre président qui assurera l'intérim jusqu'à l'échéance de 120 jours conformément à l’article 76 de la Constitution.

D’ores et déjà, « le G7 considère que l’organisation des scrutins à bonne date équivaut à les tenir dans les délais constitutionnels ». Loin d’adhérer au projet du «dialogue soutenu par le président de la République », le G7 souscrit, à l’instar de quatre organisations internationales, à « l’idée des négociations directes entre acteurs politiques ». Dans l’entendement du G7, ces négociations directes visent à parvenir à un accord entre les acteurs politiques «dans le respect de la démocratie et de l’Etat de droit pour la tenue réussie des élections ».

«Ces négociations s'avèrent indiquées pour l'atterrissage » en douceur du processus électoral, notamment sur la formule à appliquer pour faire respecter la Constitution en cas de vacance constatée après le 20 décembre 2016 à la tête du pays, a confié un cadre du G7.

Ce cadre s'interroge : « Enfin, quelle mauvaise foi que de blâmer le G7 qui anticipe la crise sans se rappeler l'UDPS qui était prête à faire chambre commune avec le président Kabila. Le G7 ne cherche aucun poste auprès de Kabila. A-t-on déjà oublié que le G7 a démissionné et claqué la porte ? Certainement pas pour rentrer par la fenêtre », a-t-il conclu.

Le G7 ne souscrit pas à l’idée d’une transition qui prolongerait le bail du chef de l’Etat au-delà du délai constitutionnel. Plus de doute, le G7 ne vise ni glissement, encore moins prendre part à un quelconque dialogue sous le format voulu par le président de la République.

Le G7 continue à s’accrocher à l’option qu’il a toujours défendue. Il n’est donc prêt pas à faire des concessions sur des sujets qu’il considère comme intangibles. C’est notamment celui portant sur le respect de la Constitution.

Interrogé par radio Okapi, Christophe Lutundula Apala, l’un des leaders du G7 a été plus explicite : « S’il faudra qu’on se retrouve pour débloquer le processus électoral de manière qu’on ait des élections dans le délai constitutionnel, nous pouvons examiner cette possibilité-là. Des négociations politiques, il n’est pas question pour nous, de souscrire au dialogue-institution que le président convoque pour justement restaurer l’ancien régime ».