L’implication de l’homme est nécessaire dans le programme de planification familiale. Dans la plupart des ménages congolais, c’est l’homme qui est le chef de famille, et même dans les familles monoparentales où la femme est le chef de famille, l’homme joue un rôle important dans la reproduction humaine et le sort des enfants. La plupart des temps, c’est le mari et sa femme qui décident du nombre d’enfants dans le ménage.
Pourtant force est de constater que face à la planification familiale, plusieurs hommes fuient leurs responsabilités. Selon Mme Flora Chirwisa, chargée de Planification à C-change, programme financé par l’USAID, l’homme continue à ignorer qu’il est co-auteur de la grossesse. Aucune personne ne peut à elle seule faire un enfant. Il ne s’imagine pas que la grossesse représente un risque pour la femme, la conduisant parfois jusqu’à la mort. Selon une étude réalisée, la grossesse tue les femmes suite au " 4 trop " : grossesse trop rapprochée, trop nombreuse et trop tardive. De ce fait, l’homme et la femme doivent prendre leurs responsabilités.
C’est ainsi que cette championne en planification familiale propose que dans les interventions de la planification familiale, des actions soient programmées en faveur des hommes. Afin qu’ils apprennent les notions de base sur la sexualité humaine, le fonctionnement de l’appareil génital de la femme et de l’homme, la reproduction de l’espèce humaine, la planification familiale et l’importance de la contraception surtout moderne. Pour Flora Chirwisa, après avoir appris ces notions, il sera en mesure de comprendre les avantages de la planification familiale et de l’espacement des naissances pour une bonne santé et une bonne éducation des enfants. Egalement pour l’équilibre dans le couple ainsi que l’épanouissement et la réussite de la famille.
En définitive, la chargée de planification familiale, estime qu’un homme responsable est celui qui aide sa femme à espacer les naissances et qui l’appuie pour l’utilisation des méthodes contraceptives modernes. Selon elle, l’homme assume une grande responsabilité dans l’équilibre du foyer et la décision de la taille de sa famille. " Il faut que les choses changent ", a-t-elle ajouté. La plupart des hommes rencontrés à ce sujet, émettent des points de vue divergents. D’après Armand Lipanda, assistant dans un établissement d’enseignement supérieur de Kinshasa, pour concevoir, il faut qu’il y ait un consentement dans le couple. Selon lui, l’homme et la femme doivent parler un même langage concernant la naissance de leurs enfants afin de les planifier dans le souci d’éviter les conséquences qui en découlent. Et de noter, « les deux personnes doivent conjuguer ensemble les efforts pour la survie de la famille ».
Cependant, cet enseignant a fait savoir que le manque de responsabilité conduit aux naissances nombreuses et non désirées. Et d’indiquer, « s’il arrive que le couple ne maîtrise pas les méthodes de planing familial les naissances, il peut consulter un centre de santé le plus proche pour des informations nécessaires ».
Papy Sunda, cordonnier de son état, pense que " c’est la femme qui est mieux placée pour planifier les naissances même si les semences provenaient de l’homme". Il est d’avis que c’est la femme qui est censée connaître et maîtriser son cycle menstruel. Avant d’expliquer : " j’ai beaucoup à faire, je réfléchis beaucoup pour la survie de ma famille. Je n’ai pas le temps de retenir certains détails, même si je ressentais le désir d’être avec elle, elle n’a qu’à me dire que c’est possible ou pas. Le problème est que nos épouses considèrent les préservatifs comme une affaire de putes ". C’est juste une question de compréhension, a-t-il lâché.
Pour sa part, Eric Kalonji, revendeur de cartes prépayées sur la 11ème Rue Limete, estime que l’homme étant le chef de la famille, est l’acteur principal de la planification familiale. " C’est moi qui gère tout en complicité avec ma femme. Nous devons planifier nos naissances pour une bonne santé de notre famille ", a-t-il soutenu.
De son côté, le député national, Pierre Pico Mwepu a fait savoir que la bible dans le livre de Genèse déclare " Dieu nous demande de compter tout ce que nous avons sur terre. C’est le cas pour la famille et le nombre d’enfants que nous devons avoir. C’est ainsi, a-t-il affirmé la planification fait partie de la vie même que Dieu a planifiée en créant le monde. L’implication de l’homme dans la planification n’appelle pas de débat ", conclu-t-il. Mathy MUSAU