« Il ne faut pas tirer prétexte de la révision pour aboutir à un changement de constitution », a martélé le président du Sénat dans son discours d‟ouverture de la session de septembre 2014 Conformément à la constitution, en son article 115, la session ordinaire du parlement dite budgétaire s‟est ouverte ce lundi 15 septembre dans les deux chambres. Dans son discours inaugural, le président du Sénat a dit son regret du fait que la session intervienne à un moment particulièrement douloureux dans la vie sociale du peuple congolais avec la résurgence de la fièvre hémorragique à virus Ebola dans le territoire de Boende, province de l‟Equateur. Une minute de silence a été observée en mémoire des victimes de la maladie. Dans ce chapitre lié au social des Congolais, il a rappelé l‟engagement souscrit par le gouvernement pour atteindre les Objectifs du millénaire liés au développement : - Réduire de moitié l‟extrême pauvreté et la faim ; - Réaliser l‟éducation primaire universelle et l‟égalité des sexes ; - Réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans et de trois quarts la mortalité maternelle ; - Inverser la tendance en matière de propagation du Vih/Sida et du paludisme ; - Réaliser un développement durable et assurer la viabilité de l‟environnement. « L‟heure est au bilan… », a déclaré LeonKengo en faisant remarquer que les performances présentées par le gouvernement sont en lien direct avec les résultats obtenus dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le Développement, OMD. A ce sujet, tout en encourageant le gouvernement à maintenir la croissance économique telle que mentionnée par la Banque centrale par un taux du PIB qui se situera à 8,8% fin 2014, Kengo a cependant déploré le mauvais comportement des opérateurs privés du secteur bancaire qui continuent d‟appliquer des taux d‟intérêt exagérés. Alors que la Banque centrale a maintenu son taux directeur à 2%! « Dans ce contexte, la Banque centrale a jugé nécessaire de maintenir son taux directeur à 2%. Malgré le faible niveau de ce taux et une certaine maîtrise de l‟inflation, les banques commerciales continuent malheureusement à prêter de l‟argent à des taux d‟intérêt prohibitifs. Ces taux s‟élèvent actuellement à 18,0% en moyenne par an, ce qui handicap le financement de l‟activité économique, et par voie de conséquence, la création des emplois ». Pour ce faire, le président du Sénat a invité l‟Exécutif à engager des discussions avec le secteur bancaire afin d‟obtenir la baisse desdits taux. Il a saisi l‟occasion pour recommander la création des banques de crédits agricoles, car l‟agriculture étant désormais inscrite parmi les priorités. Le respect de la constitution s’impose à tous Abordant la question qui divise en ce moment, celle qui oppose la classe politique en l‟occurrence la révision constitutionnelle prônée par la majorité présidentielle soutient mordicus, le président de la chambre haute du parlement n‟est pas allé par quatre chemins pour exprimer sa nette opposition à cette démarche de la famille politique du chef de l‟Etat. Kengo l‟a exprimée en sa triple qualité de co-président des concertations nationales, de juriste, et d‟acteur politique. En tant que co-président des concertations nationales, il a rappelé l‟engagement pris par les « concertateurs » de consolider la cohésion nationale et sauvegarder le pacte républicain par le respect de la constitution. Notamment, les dispositions voulues intangibles par le souverain primaire. Il s‟agit de : la forme républicaine de l‟Etat, le principe de suffrage universel, la forme représentative du gouvernement, le nombre et la durée du mandat du président de la République, l‟indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, etc. En sa qualité de juriste, Leon Kengo s‟étonne : « Je m‟interroge comment une constitution qui prévoit des dispositions intangibles peut-elle autoriser les institutions issues d‟elle de modifier lesdites dispositions sans tomber dans un cas flagrant de violation intentionnelle de la constitution ! » Enfin, en tant qu‟acteur politique, il fait remarquer que l‟actuelle Constitution étant l‟émanation d‟un compromis politique en l‟occurrence l‟Accord global et inclusif de Sun city, altérer ce compris c‟est menacer la cohésion nationale et la paix sociale. « J‟invite la classe politique au respect des engagements, à la culture de la paix et de la réconciliation, à l‟esprit de tolérance et d‟alternance. Il est temps que notre pays dépasse le stade des querelles politiques byzantines pour se concentrer enfin sur les vrais problèmes du peuple : pauvreté, chômage, éducation, santé, infrastructures, environnement ; bref, aux problèmes du développement socioéconomique du pays », a-t-il conclu.