Les deux événements intervenus en début de semaine sont révélateurs sur les rapports qui vont prévaloir entre les institutions en Rdc. La ligne de fracture est établie par le débat constitutionnel. Celui-ci a quitté le prisme de l’arène politique ordinaire pour se loger dans les institutions. Où le ton est vite donné par le discours du Président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo opposant un non catégorique à toute révision et celui de son pair de la Chambre basse, Aubin Minaku plutôt ouvert à la question.
A ce propos, les deux Chambres sont diamétralement opposées. Mais est-ce l’opinion des Chambres ou celle de leurs Présidents respectifs ? Le sénateur MP Mulaila Tekis y répond en ce qui concerne sa Chambre des sages.
Pour lui, les propos tenus lundi par son Président qui dit "niet " à la révision de la Constitution du 18 février 2006 n’engagent que sa personne. Cette position n’a pas été débattue au niveau du Sénat.
Le Président Kengo a donc parlé à titre personnel surtout comme acteur politique et juriste et non en tant que Président du Sénat. Sur le fond de la question, le sénateur Mulaïla prend Léon Kengo Wa Dondo à contrepied en indiquant que tous les articles de la Constitution sont révisables.
Tous, sans exception. Même l’article 220 qui n’est pas au-dessus du peuple souverain. Ceci montre que lorsque cette question sera examinée, les débats seront houleux. Il faudra alors s’attendre à une double crise.
La première à l’intérieur des institutions et la deuxième entre les institutions. Au Parlement, aucune Chambre ne serait épargnée. Même l’Assemblée nationale qui détient la majorité pour le oui ne sera pas épargnée. Comment en douter quand on tient compte des positions encore ambivalentes au niveau des sociétaires de la MP.
On se rappelle encore que le MSR de Pierre Lumbi Okongo, la deuxième force politique après le PPRD continue à afficher son opposition à toute révision. Cette crise qui n’a pas pu être circonscrite dans la majorité a déjà atteint la rue avec le meeting dans la ville de Lubumbashi de Jean-Claude Muyambo, un membre de la MP antirévisionniste.
ELAGUER LES DIVERGENCES
Si toutes ces divergences à l’intérieur de la MP ne sont pas élaguées, elles seront transférées dans l’hémicycle de la Chambre basse. Ce qui engendrerait une crise à l’intérieur de cette institution même si la majorité ici ne sera pas remise en question car elle est largement alignée sur les options levées par son autorité morale Joseph Kabila.
A la Chambre haute, la réponse du sénateur Mulaïla au Président Léon Kengo Wa Dondo donne à juste titre le degré de la crise interne qui point à l’horizon. Tout dépend de la manière dont Léon Kengo va gérer la situation. Dans tous les cas, il y a deux camps dans cet hémicycle, celui du non à toute révision composée par les opposants et incarnée par Léon Kengo Wa Dondo.
Il y a aussi celui du "oui " dont a publiquement parlé Takis Mulaïla. Ici la majorité pourrait se dessiner derrière Kengo comme c’est le cas au moment des grands enjeux depuis que cette Chambre fonctionne.
Cette éventuelle majorité du non dégagé dans la Chambre haute se dressera contre celle du " oui " de l’Assemblée nationale. Ce sera ici le début de la crise politique. Les armes du Sénat contre celle de l’Assemblée nationale avec en cas de non-accord, le point de vue de la Chambre basse qui va primer. Aubin Minaku l’a insinué entre les lignes mais apparemment il n’était pas bien suivi. Il a évoqué la légitimité de l’Assemblée nationale élue au premier degré et donc qui a prééminence sur le Sénat. La crise entre ces deux institutions ira crescendo. A moins qu’il y ait une force pour conduire tout le monde autour d’une même table…pour en débattre sans passions. KANDOLO M.