Samy Badibanga réagit au nom des « Héritiers de Tshisekdi »

Vendredi 19 décembre 2014 - 13:35

Discours du président continue de susciter des réactions dans le landerneau politique congolais. Côté opposition, l’on a particulièrement noté celle de Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS et Alliés, le plus grand groupe parlementaire d’opposition à l’Assemblée nationale. Interrogé par la presse, il a indiqué que le chef de l’Etat n’a pas répondu aux deux grandes questions de la population. Il s’agit du respect de la Constitution et du social de la population.

Pour Samy Badibanga, ce discours, c’est du déjà vu, du déjà entendu. « Une des résolutions des Concertations nationales dont Joseph Kabila se fait le défenseur concerne le respect scrupuleux de la Constitution aussi bien dans sa lettre que son esprit. Or, le chef de l’Etat n’a pas fait allusion à cette importante recommandation, ni donné de réponse claire et précise à sa volonté de réviser ou non la Constitution », a ainsi déclaré S. Badibanga. Selon lui, il y a anguille sous roche : « en gardant le silence, il a ouvert la voie à tous les soupçons possibles ».

Glissement du calendrier électoral

Poursuivant sur sa lancée, l’honorable Samy Badibanga a ajouté que le chef de l’Etat a balisé le chemin du glissement du calendrier électoral en imposant le recensement électoral comme préalable à l’organisation des élections. « Or dans un premier temps, il était question d’organiser le recensement général de la population et de l’habitat par le BCR. Des millions, notamment de partenaires extérieurs, ont été déboursés. Mais on n’en parle plus. A la place, on vient de créer l’ONIP avec les mêmes missions. Il semble bien que cet office ne finira pas sa mission avant 2016. L’objectif est donc de repousser les élections au-delà de 2016 », a assuré Badibanga. En outre, poursuit le leader de l’opposition parlementaire congolaise, en demandant à l’Assemblée nationale de produire une loi électorale selon les désidératas de la CENI, il a inversé les rôles, car c’est plutôt à la CENI d’appliquer les lois existantes et non d’exiger des lois de sa convenance. « En renvoyant l’enrôlement qui est prévu par la loi aux calendes grecques, le pays se retrouve engagé dans un processus qui aura comme conséquence de priver des millions de nouveaux électeurs de leur droit légal de vote », a encore souligné Samy Badibanga. Cependant, sur ce volet politique, il a fait valoir que l’opposition reste particulièrement vigilante pour que la Constitution soit respectée, y compris et surtout dans ses dispositions intangibles qui ne doivent donner lieu à aucune révision. Avant de réaffirmer la fierté de sa filiation politique : « pour notre part, nous sommes les descendants d’Etienne Tshisekdi. Cela nous impose une obligation politique historique : celle de toujours respecter les textes, en commençant par la Loi fondamentale du pays ». A chacun sa référence politique donc …

Abordant le volet social, Samy Badibanga a soutenu que Joseph Kabila n’a pas évoqué les questions en rapport avec les besoins sociaux de base, à savoir la santé, l’eau, l’électricité, la gratuite de l’enseignement, le logement, l’insécurité, les bourses d’étude, les retraites, l’amélioration des salaires des agents et agents de l’Etat, etc. Selon lui, le discours du Chef de l’Etat n’a été qu’une longue litanie de justifications des promesses sans cesse renouvelées. « Le peuple congolais était en droit d’attendre qu’on lui dise ce qui a été fait dans tous les secteurs en rapport avec les besoins sociaux de base, car ils ont un rapport direct avec le vécu quotidien de la population. Or, nous avons eu droit encore une fois à des chiffres, à des données macroéconomiques alors qu’il n’y a aune amélioration dans le vécu de la population », a-t-il indiqué.

Processus électoral concerté

L’élu du Mont-Amba est également revenu sur la rhétorique musclée contre la communauté internationale. « L’ONU, l’Union européenne, les Etats Unis d’Amérique, l’Union africaine et d’autres partenaires au développement ont joué un rôle très appréciable dans la stabilisation de la RDC. Récemment, c’est grâce à la communauté internationale que l’on a enregistré la victoire sur la rébellion du M23. Nous attendons encore une contribution significative de cette dernière pour l’organisation des élections à venir. Se permettre donc de telles envolées contre ceux qui nous ont apporté leur soutien sans compter ne paraît pas $etre la meilleure façon de témoigner la reconnaissance de notre pays », a déclaré Samy Badibanga. Avant d’ajouter : « en remettant en cause le rôle que jouent la communauté internationale et tous les partenaires au développement de la RDC, Joseph Kabila nie en réalité l’adhésion de notre pays aux valeurs universellement reconnues et partagées, notamment celles liées aux droits humains, aux libertés, à la démocratie, à la bonne gouvernance, et qui sont consacrées par la Charte des Nations-Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et d’autres instruments internationaux pertinents ratifiés par notre pays ». Et de s’interroger : « comment accéder à la modernité tant chantée, si l’on veut s’enfermer dans l’isolement au motif qu’on n’a pas d’injonctions à recevoir ? »

Note d’espoir

Il y a cependant une note d’espoir : Samy Badibanga se félicite de l’ouverture réaffirmée par le chef de l’Etat. « Si cette main tendue est sincère, nous sommes disposés à la saisir dans le seul but d’obtenir des discussions avec le pouvoir sur le processus électoral. Il nous faut un processus concerté, en commençant par une loi électorale et un calendrier électoral global adoptés par consensus. L’objectif est d’aboutir à des élections apaisées, démocratiques, libres, transparentes, et acceptées par tous », a-t-il conclu.