Soutien à Alex Kande : des femmes de Kananga nues dans la rue !

Vendredi 19 décembre 2014 - 10:22

Partie de l’immeuble " Immo Kasaï ", la procession a chuté au gouvernorat de la province. Une autre grande marche prévue ce matin. Le président de l’Assemblée provinciale introuvable.

Des femmes sont descendues nues, hier jeudi 18 décembre dans les rues de de Kananga, capitale provinciale du Kasaï-Occidental, pour manifester leur soutien au Gouv de leur province, Alex Kande Mupompa, victime d’une motion de défiance à l’Assemblée provinciale. Mais aucun incident majeur n’a été signalé. Selon des sources qualifiées ayant contacté « Forum des As » à partir de l’ex-Luluabourg, le défilé est parti de l’imposante bâtisse " Immo Kasaï " pour chuter devant le Gouvernorat de la province où siège l’organe délibérant. Moralité, la plénière de la représentation provinciale d’hier n’a plus eu lieu.

Selon nos sources, la motion de défiance contre Alex Kande a été initiée pendant qu’il se trouvait en mission officielle à Kinshasa. Aussitôt informé, le Gouverneur de la province du Kasaï-Occidental a dû écourter son séjour pour regagner la ville de Kananga hier, par un vol régulier de CAA. Et, c’est à 11h30, heure locale, que l’avion a atterri à l’aéroport de Kananga. A sa descente d’appareil, Alex Kande a été accueilli par une foule sans nombre de sympathisants qui l’ont rassuré de leur soutien. " C’est déjà, au départ de l’aéroport que des hommes et des femmes, partisans du Gouverneur de la ville, ont annoncé les couleurs. Mais, la situation a dégénéré instantanément dès que le groupe a franchi le cœur de l’agglomération ", a-t-on appris des mêmes sources.

VINGT-SIX DEPUTES SUR 50, ONT DEJA SIGNE
La motion de défiance contre le Gouverneur de la province du Kasaï-Occidental passera ou ne passera pas ? La question est demeurée sans réponse, jusqu’hier jeudi 18 décembre. Toutefois, sur un total de 50 membres qui composent la représentation provinciale, vingt-six députés provinciaux auraient déjà approuvé ladite motion. Mais sur place à Kananga, la tension sociale est manifeste. En petit groupes, les habitants de différents quartiers de la ville ne jurent que pour le maintien d’Alex Kande à la tête de leur province. Reste à savoir si les députés provinciaux l’entendront de cette oreille. " Agiront-ils à contre-courant de l’opinion explicitement exprimée de leur base de Kananga ", la question demeure ainsi suspendue sur toutes les lèvres.
A en croire des sources concordantes, Alex Kande est accusé d’accorder certains avantages indus, dont des missions officielles, à un ministre provincial pourtant déchu. On cite nommément Nicolas Kanyonga Mulumba, ancien ministre de Santé du Kasaï-Occidental, qui a perdu son poste à la suite d’une motion de méfiance votée contre lui au mois de novembre dernier.
Par ailleurs, d’autres personnes que « Forum des As » a contactées hier sur place à Kananga, ont évoqué les 33% de rétrocession à l’Assemblée nationale, en termes des frais de son fonctionnement. Autrement dit, le député provincial auteur de la motion, reproche au Gouverneur Alex Kande le refus de rétrocéder les 33% des frais de fonctionnement à la représentation provinciale. D’où, la colère.
Cependant, dans les rues de Kananga, les deux raisons avancées sont rejetées d’un revers de la main. " La non-rétrocession des 33% des frais de fonctionnement à l’Assemblée provinciale n’est qu’un prétexte fallacieux. Le vrai problème est ailleurs. Les députés provinciaux, originaires de la province du Kasaï, perçoivent de mauvais œil, certaines actions du Gouverneur, fruit d’un contrat avec des partenaires extérieurs", renchérissent les mêmes sources.
Conformément à la nouvelle décentralisation, l’actuelle province du Kasaï-Occidental sera subdivisée en deux provinces. A savoir la province du Kasaï et celle du Kasaï central. La première englobe les territoires de Dekese, Mweka, Ilebo, Tshikapa territoire et Tshikapa ville.
Par contre, la future province du Kasaï central sera composée de cinq territoires, principalement Demba, Dibaya, Dimbelenge, Kazumba Luiza, et la ville de Kananga.
S’agissant des marchés que le Gouverneur Alex Kande a gagnés, le plus important est le projet de route devant relier la ville de Kananga à la province angolaise de Lunda Norte. Il s’agit d’un corridor qui devra passer par les territoires de Luiza et de Kazumba.
Une fois construite, cette route aura donc le mérite de désenclaver la province du Kasaï et faciliter son ouverture sur l’Océan atlantique, à partir du port angolais de Lobito. D’où, son impact économique réel, dans la mesure où les provinces du Maniema, du Kasaï et la partie nord de la province du Katanga, ne recourront plus au poste frontalier de Kasumbalesa.
Ce qui aura épargné toutes les traditionnelles et épuisantes acrobaties, auxquelles sont régulièrement soumis les opérateurs économiques de ces provinces. Lobito-Kasaï étant plus proche que le tronçon Matadi-Kasaï ou Boma-Kasaï, la nouvelle route offre donc un autre avantage en termes de gain de temps.
A Kananga, des voix s’élèvent pour lier la " colère " latente des députés ressortissants de la future province du Kasaï qui, selon les mêmes personnes, estiment que les actions d’Alex Kande profitent plus à la province du Kasaï central en gestation et dont il est originaire, qu’à la province du Kasaï.
" C’est pourquoi ils font tout pour le descendre du perchoir. Au nom de l’intérêt supérieur de la province, pareille démarche est de nature à tirer d’avantage notre province vers le bas. Car, la province du Kasaï-Occidental, à l’instar de celle de l’Equateur, compte parmi les entités politico-administratives ayant connu de fortes turbulences politiques au cours de trois dernières années. L’élite provinciale devrait y réfléchir au lieu de s’embourber dans des clivages qui ne participent pas au développement de la province ", conclue un notable du terroir.
Ce n’est donc pas la première fois qu’il y a marche populaire à Kananga. Mais, c’est la première fois que des femmes, à poils, envahissent les rues du chef-lieu du Kasaï Occidental. Dans la culture Kasaïenne, du reste entourée de beaucoup d’interdits et de tabous, le sacré aura donc été désacralisé. Laurel KANKOLE