TOUT EN SE DECLARANT « PAS CONVAINCU » PAR LES REPONSES DU PREMIER MINISTRE MOKONDA N’IRA PAS JUSQU’À L’INTERPELLATION DE MATATA

Mardi 7 juin 2016 - 07:00

La plénière d’hier dans la salle des conférences internationales, siège du Sénat, a, à nouveau, reçu le Premier ministre Augustin Matata Ponyo venu répondre aux préoccupations formulées par les élus des élus jeudi dernier à la suite de la question orale avec débat de Florentin Mokonda Bonza, du Bas-Uélé. Elle portait sur la politique économique du gouvernement et sur la gestion des ressources humaines qui a débordé sur la politique générale.

Le sénateur Mokonda s’est dit insatisfait et donc, pas du tout convaincu par les réponses données par le chef du gouvernement à sa question orale avec débat.
Il ne va tout de même pas aller jusqu’à l’interpellation du Premier ministre même si le Règlement intérieur lui donne ce pouvoir-là.
Tout a commencé avec la la réponse d’Augustin Matata Ponyo qui a schématisé tous les secteurs de la vie nationale. Le Premier ministre rappelle avant toute chose que, dans les interventions des sénateurs, il y avait des critiques parfois exprimées avec virulence.
Il s’incline car tout cela participe de l’exercice du débat démocratique dont la finalité est le bien-être de la communauté. D’entrée de jeu, Matata fait savoir qu’il n’est pas du tout déconnecté des réalités, comme il avait été dit dans l’hémicycle. Les chiffres qu’ils donnent sur la situation économique du pays ne sont pas les siens, mais plutôt ceux certifiés par des organismes internationaux.

PROCESSUS ELECTORAL IRREVERSIBLE, DIXIT MATATA

Sur le processus électoral, par exemple, le Premier ministre le déclare irréversible après les élections de 2006 et 2011. A cet effet, le gouvernement a affecté à la CENI depuis 2017, un montant de 203 millions Usd. Cette somme est ventilée come suit : 138 millions Usd en 2014 ; 50 millions en 2016 auxquels il faut ajouter 56 de la dette de la CENI, les frais de fonctionnement et les rémunérations.
Sur le plan économique, le Premier ministre reconnaît la fragilité du cadre macro-économique suite à chute du cours des matières premières qu’exporte la RDC. Or, la stabilité du cadre macroéconomique est le fondement de toute prospérité économique, fait-il remarquer. Le frémissement du Fc constaté à ce jour est une conséquence de cette situation.
Quant au dérapage du Fc, Matata explique qu’il est passé de 9,40 pour 1Usd à 9,85Usd. Le Fc a perdu les 4,5% de sa valeur au marché parallèle. Il s’agit pour lui d’un frémissement du taux de change et non d’un dérapage comme certains l’ont indiqué.
En ce qui concerne la baisse des recettes de l’Etat suite à cette chute des cours des matières premières, le gouvernement est conscient que la diversification de l’économie est la voie obligée pour aller à la croissance. Mais, c’est un processus de longue durée, dit Augustin Matata. C’est ainsi que le gouvernement a lancé la libéralisation de certains secteurs comme les assurances et l’énergie.
Pour ce qui est du financement monétaire, c’est-à-dire le recours à la planche à billets pour financer l’économie, Augustin Matata Ponyo est catégorique. On n’utilisera jamais la planche à billet. Car, la loi organique sur la Banque centrale du Congo (BCC) interdit le recours à la planche à billets.
Le coût est élevé en termes d’inflation et baisse du pouvoir d’achat qui s’en suit. On n’a pas oublié l’hyperinflation provoquée autrefois par le recours au financement monétaire. Sur la politique agricole du gouvernement, le Premier ministre est encore revenu sur le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Ce n’est pas seulement un champ de maïs ; mais plusieurs produits comme des huiles y sont transformés.
Au plan social, le Premier ministre a égréné des réalisations du gouvernement par la construction de 1.400 écoles, des centres de santé et des stades à Kinshasa.
Est venue alors la conclusion de Florentin Mokonda Bonza. Passant à l’attaque, il brandit un premier grief à l’égard du chef du gouvernement, celui d’avoir mis 53 jours pour venir répondre à sa question orale avec débat, alors que le Règlement d’ordre intérieur (RI) du Sénat prévoit 7 jours renouvelables une seule fois.
Quant au discours du Premier ministre, les Congolais ne se retrouvent pas au plan de la croissance que vante le Premier ministre, estime Mokonda. Il a des doutes sur cette approche académique et non concrète de la croissance. Comment concilie-t-il la réduction de pauvreté et le taux de desserte en eau ?
« Le Premier ministre vante ses réalisations, mais il ne donne aucune statistique comme sur le plan agricole par exemple ». C’est la déception totale pour l’élu des élus du Bas-Uélé pour qui « les réformes engagées depuis quatre ans n’ont aucun impact sur le quotidien de la population ».
En ce qui concerne la stabilité du cadre macroéconomique dont parle le chef du gouvernement, « elle est destinée aux universitaires et aux Institutions internationales ».
« C’est une stabilité apparente. A la BCC, le taux de change est de 9,60Fc pour 1 dollar, tandis qu’il est de 9,85 dans des Banques commerciales. Mokonda est formel qu’un taux de croissance de 9% sur 10 ans devrait enregistrer une réduction sensible du chômage.
Aucune statistique n’a été donnée par le Premier ministre à cet effet. De même, un tel taux sur 10 ans successifs devrait sensiblement réduire la pauvreté. Ce sont les bienfaits de la croissance. Là aussi, le chef du gouvernement n’a donné aucune statistique du taux du chômage, soutient le sénateur du Bas-Uélé.
La croissance se vit de manière concrète. Même chose pour l’émergence qui est, pour Florentin Mokonda Bonza, un slogan creux comme les " 5 Chantiers ". Qu’en est-t-il du Budget de l’Etat ? L’élu des élus du Bas-Uélé rappelle au chef du gouvernement qu’à son avènement en 2012, il avait promis au peuple congolais qu’il allait tripler les recettes à l’horizon 2016.
Il faisait des projections de 21 milliards pour 2016. On est 2016, le collectif budgétaire présenté par le gouvernement est de 7 milliards Usd. Il est en-dessous de celui de 2012. « Est-ce une performance ? » demande Florentin Mokonda Bonza au Premier ministre.
Sur le même volet, il dénonce un projet de 1,9 milliard Usd non prévu au Budget autorisé par le Parlement. « Est-ce cela la bonne gouvernance ? » interroge-t-il à nouveau à Matata Ponyo, tout en se demandant, si ce n’est pas ce fonds qui devrait financer l’organisation des élections.
Pour l’élu des élus du Bas-Uélé, l’économie est totalement extravertie, sans aucun ressort interne susceptible de soutenir une richesse. Quant à l’essor économique de 2015 avec les chiffres donnés par le Premier ministre Matata, Mokonda Bonza y voit l’amalgame entre le PIB et le PNB.

LE POIDS DES REVENUS DES ETRANGERS ENGLOUTIT TOUT ESSOR ECONOMIQUE,
FOI DE MOKONDA

Quelle est la part des Congolais dans le PIB, c’est dans le PNB qu’il faut le chercher, assure-t-il. C’est le PNB qui donne la richesse des Congolais. Tandis que dans le PIB, il y a les richesses des étrangers. C’est le poids des revenus des étrangers qui engloutit tout essor économique des Congolais, explique l’élu du Bas-Uélé.
Au plan social, Florentin Mokonda Bonza présente le cas de la société "TRANSCO". Il pose la question de savoir ce que représentent 500 bus et même 1000 pour une ville de 8 millions d’habitants. Cela donne à la calculette, 1 bus pour 16.000 habitants. Alors qu’en 1975, il y avait 2.000 bus pour 1 million d’habitants. Preuve que tout n’était pas mauvais pendant la IIème République.
Toutes ces explications de Florentin Mokonda Bonza montrent bien que les réponses données par le Premier ministre Matata Ponyo à chacune des préoccupations soulevées par les sages de la Chambre haute ne l’ont pas du tout convaincu. Il a exprimé son doute et sa déception.
Après 4 ans d’exercice de la fonction de Premier ministre, le Budget de 2012 est supérieur à celui de 2016. D’où cette réflexion qu’il fait à l’attention du chef du gouvernement : " Conduire la politique de la nation, ce n’est pas se référer au passé pour masquer ses insuffisances. Mais, c’est d’assurer envers et contre tout la sécurité de ses concitoyens à Beni où des vies sont fauchées chaque jour par ce que j’appelle génocide de l’Est. C’est de chercher à savoir ce que veulent les Congolais et trouver des solutions idoines à leurs problèmes".
En fin de compte, Florentin Mokonda Bonza arrive à la conclusion dans la conclusion : " Je ne suis pas satisfait par les réponses du Premier ministre à qui je demande de faire preuve d’humilité. Malgré que le RI du Sénat me donne le pouvoir de le faire, je ne recours pas à l’interpellation du Premier ministre ". KANDOLO M.