Des ombres humaines suspectes qui s’agitent une nuit, dans une parcelle, et ensuite des pleurs et des cris de détresse de victimes au quartier Maman Yemo, ces scènes sont courantes à Mont Ngafula. La commune est comme on le sait, depuis des trimestres, sous la menace permanente des marginaux. Ces délinquants attaquent impunément de paisibles citoyens, pillent des domiciles et circonstance aggravante, achèvent leurs coups en violant les filles de leurs victimes. Ces agressions dénoncées à maintes reprises à la police à travers des plaintes, se poursuivent malheureusement à un rythme inquiétant. Surtout que certains forfaits sont commis à plus de 500 mètres des postes de police. Bien que joints au téléphone, déplore un habitant qui a requis l’anonymat, les policiers n’osent intervenir, préférant se terrer dans leurs postes de service.
Contre cette menace presque quotidienne et cette insécurité rampante, la population de Mont Ngafula a décidé de s’organiser à sa manière, par une prise en charge de sa sécurité. Selon cette organisation informelle, redoutée par des organisations de Droits de l’Homme, des jeunes garçons improvisés en vigiles bénévoles et soutenus par des habitants de différents quartiers, assurent à tour de rôle, la surveillance des quartiers. Toujours aux aguets, ils sont déterminés à détecter toute présence de malfaiteur dans leur milieu de vie.
Dans cette nuit du mercredi 20 au jeudi 21 avril 2016, une bande de huit délinquants armés des machettes et autres armes blanches est allée opérer au domicile d’un opérateur économique. Un groupe de jeunes sportifs a perçu la menace. Ils ont suivi l’itinéraire pris par la bande. Des minutes plus tard, des appels stridents à l’aide. Au
moyen de leurs téléphones portables, le message d’alerte est lancé et relayé à toute l’organisation. C’est l’heure de progresser vers le lieu de l’incident par petits groupes.
Dans la maison de la victime, les bandits menaçants exigent les économies. Où tu nous donnes l’argent et nous repartons calmement ! Sinon, faute de nous satisfaire, nous allons nous en prendre à tes filles ! Tonne le chef de gang.
Dehors, le marginal qui assure le guet, constate que des piétons en grand nombre se dirigent vers l’adresse visitée. Aussitôt, il invite ses co-équipiers à quitter le lieu. C’est la débandade. Deux membres du groupe qui tiennent aux butins, trainaillaient encore, quand ils ont compris tard que la parcelle était déjà investie par des habitants du quartier. Ils s’échapperont en escaladant les murs des parcelles contigües, sous des cris « arrêtez-les ! Ce sont des voleurs ! »
Au terme d’une longue course-poursuite, les deux délinquants sont enfin appréhendés. Débute alors la séance de tortures. Une pluie des projectiles s’abat sur les infortunés qui ne peuvent se défendre contre cette avalanche des coups de pieds et de poings. Ceux qui tapaient avec des objets contondants, n’y allaient pas de main morte.
Une demi-heure plus tard, les marginaux sont méconnaissables. Visages tuméfiés, crânes fendus, des corps couverts des graves blessures, ils ne bougeaient plus. Ils étaient morts, signale un témoin apeuré. Mais le calvaire ne s’est pas ainsi terminé. Car, des gens mal inspirés parmi les plus coriaces des quartiers, juraient d’éradiquer le fléau qu’est le banditisme urbain.
Les deux Kuluna ont subi le supplice du collier, devant des témoins qui lançaient un message de colère aux autres malfaiteurs en fuite. Pour eux, le même sort sera réservé aux rescapés de leur traque. Le matin, le bourgmestre débarquait sur le lieu pour déplorer l’expression de la colère de la population. Deux morts, la semaine passée, auparavant, dans la semaine du lundi 4 au dimanche 10 avril 2016, c’est un malfaiteur qui a été surpris au moment où il quittait en catastrophe, le domicile de ses victimes, avec dans un sac, quelques butins dont des téléphones portables et des billets de banque. Son malheur, c’est qu’il s’est réfugié dans une parcelle où il sera rattrapé par un groupe de jeunes vigiles bénévoles. On l’a eu, criaient ces membres de la fameuse brigade d’autodéfense populaire. On l’a eu, venez pour que nous puissions nous occuper de lui ! Ne cessaient-ils d’appeler les autres jeunes vigiles.
Moins de dix minutes, le lieu était noir de monde. Une foule en colère venait administrer qui un coup de bâton, qui un coup de poing. Au bout de cette séance de torture, le malfrat non identifié a subi le supplice du collier. Sa dépouille mortelle a traîné dans la rue, suscitant des sentiments de tristesse auprès des âmes sensibles.
Depuis plus d’un mois, il ne se passe pas une semaine sans que pareil incident ne se reproduise. Mont Ngafula, à bout d’impatience, la population représentée par des jeunes sportifs, a lancé ce qu’il conviendrait d’appeler « Opération Mont Ngafula avec zéro kuluna ! ». Cette initiative que la majorité de la population a applaudie, est interprétée comme l’expression du raz le bol et de la colère des habitants. EIle s’apparente aussi comme une mise en garde lancée contre les malfaiteurs de tous bords qui ont transformé Mont Ngafula en leur terrain de prédilection.
J.R.T.