Tripatouillage à la Fonction publique

Mercredi 20 avril 2016 - 18:36
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Si le ridicule tuait en RD Congo, le ministre de la Fonction publique, P. Isumbisho, en tomberait au premier coup hier mardi 19 avril 2016 à l’Assemblée nationale alors que le député Antoine Nzangi concluait sa question orale avec débat consacrée à la modification des résultats du concours de recrutement des animateurs des structures standards communes à tous les ministères.

 

A l’invitation du bureau de ta chambre basse, le ministre est passé à l’hémicycle pour répondre aux préoccupations des élus soulevées à la plénière de mercredi 13 avril dernier lors de l’examen de la question sus-évoquée. A l’en croire, le ministre n’a ni manipulé ni falsifié les résultats du concours. Les premières listes signées par tous les membres du jury et publiées sur le site de l’ENA RDC en date du 27 février 2016 comportaient des erreurs. Le ministre lés a retirées du site pour corriger les erreurs. La première liste comptait 741 personnes retenues tandis que celle corrigée comportait 731 candidats et quelques centaines de réservistes. C’est par” inadvertance “que la liste non corrigée a été publiée.

« Seule la liste validée par le ministre reste valable et a été publiée sur le site du ministère de la Fonction publique “, a martelé le patron de la fonction publique qui impute ces erreurs au consultant recruté par le gouvernement pour assurer le volet technique du recrutement. Comme sanction, le ministre a résilié le contrat du consultant qui avait la responsabilité de manipuler les résultats.

 

Quand les masques tombent

Comme le recommande le règlement intérieur de l’assemblée nationale, l’auteur de la question orale avec débat, Honorable Antoine Nzangi est intervenu, après la réplique du ministre, pour conclure. Pour cet élu de l’opposition, “ le véhicule est en panne, le chauffeur malade “. C’est cette allégorie qu’il voulait résumer la situation chaotique de l’administration publique congolaise et l’incapacité du ministre en charge de Fonction publique de piloter le processus de la réforme en cours. Porteur de deux rapports qu’il a versés au secrétariat de la séance plénière, le député Nzangi Mohindo Antoine a rejeté en bloc l’argumentaire développé par le Ministre ainsi que ses chiffres manipulés. En posant ses lunettes d’auditeur et d’inspecteur des finances sur les deux rapports, le député a démontré que le ministre a falsifié les résultats en réduisant les côtes de certains candidats en faveur d’autres.

 

Qui pis est, le ministre a ajouté sur la liste des retenus des noms de personnes qui n’étaient même pas au pays au moment de l’organisation du concours. Un tripatouillage scandaleux” qui trahit la taille de Napoléon “ héritée par le ministre Isumbitsho!

 

Face à la gravité des faits, le député Antoine Nzangi a proposé l’institution d’une commission d’enquête pour vérifier les résultats et corriger les erreurs afin que seuls les méritants soient recrutés.

 

Signalons que bien avant l’assemblée nationale, l’affaire avait déjà fait le tour de certaines institutions dont la présidence de la République. Dans une correspondance datant du 02 mars dernier adressée au ministre de la Fonction publique, le cabinet du Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité a fustigé les erreurs contenues sur les listes publiées par le ministre. A titre indicatif, le cabinet du conseiller spécial dévoile que Monsieur Mbumba Mabika Claude crédité de 65,9% et admis au statut de RETENU. Mais le même candidat se retrouve avec 61,9% avec comme statut RESERVISTE sur la liste corrigée” par le ministre.

 

En donnant tous les détails possibles, le cabinet du conseiller spécial conclut en ces termes : « Au regard de ces évidences, il est nécessaire que ces erreurs, par présomption d’innocence, présumées “ matérielles “, soient rapidement corrigées. Ceci permettra d’une part, au Président de la République de signer son ordonnance sur base des données sûres issues du PV signé par le jury mis en place à cet effet, et, d’autre parti de rétablir Monsieur Mbumba Mabika Claude dans ses droits es plus légitimes. Agir autrement, réduirait à néant l’importance d’organiser ces recrutements en impliquant un jury ».

 

Par Martinez Ngyaluka