Trop, c’est trop. Dialogue : Kodjo sous forte pression de la Société civile !

Lundi 4 juillet 2016 - 06:45
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Tout un parterre d’organisations de la société civile du Congo-Kinshasa se sont réunies, du 26 au 27 juin dernier, en colloque à la Maison des élections de Kinshasa/Gombe. L’issue de ce rendez-vous était sanctionnée par des recommandations à Edem Kodjo, au Gouvernement, aux partis politiques, à la CENI, à la Communauté Internationale ainsi qu’au peuple congolais.  Au Facilitateur désigné par l’Union Africaine –UA-, il lui est demandé d’accélérer, particulièrement,  le processus de mise en place du comité préparatoire et de le rendre effectif au plus tard,  le 20 juillet 2016.  Les politiques qui traînent les pieds,  eux, ont été sommés de déposer leur liste d’ici le 10 juillet.  Et, le peuple congolais,  de son côté,  doit rester vigilant, en veillant à ne pas être manipulé par des discours de haine, de violence et de division, arguent ces organisations.  Toutefois, elle prend l’engagement de travailler avec tous les acteurs concernés par le dialogue national afin d’aboutir à des élections libres, démocratique, transparentes, crédibles et apaisées. Sinon, préviennent-elle, le peuple souverain sera obligé de prendre ses responsabilités.  Il faut signaler que ces assises ont connu la participation de 26 Coordinations Provinciales et délégués de la dynamique des Femmes, des forces vives, des plateformes de Kinshasa, ainsi que des Représentants de la diaspora de tous les continents. Et, c’est Monseigneur Milenge, Autorité Morale de la Société Civile,  qui a assuré la présidence.

Ci-dessous, l’intégralité de la Déclaration du colloque de la Société Civile.

Déclaration de la Société Civile pour le démarrage effectif du dialogue politique national inclusif en République Démocratique du Congo

Nous, membres de la Société Civile, réunis à Kinshasa du 26 au 27 juin 2016 à la maison des élections, dans la commune de la Gombe, pour réfléchir sur le démarrage effectif du Dialogue Politique National ;

Vu la situation sociopolitique de l’heure, caractérisée par des positions divergentes des politiciens tendant actuellement à prendre toute la nation congolaise en otage;

Considérant que l’intolérance dans la démocratie est un vice, un fléau, un poison nocif qui détruit, divise, pervertit et que la tragédie infligée à la population congolaise par les politiques et les agresseurs extérieurs, veut assujettir tout un peuple qui aspire à la paix et au mieux-être social ;

Conscient que le dialogue est une vertu de la démocratie ;

Nous référant à l’histoire récente de notre pays notamment :

La Conférence Nationale Souveraine, le Dialogue Inter congolais de Sun City ainsi que d’autres assises ;

Nous souvenant que les élections de 2006 et 2011 ont été émaillées de violences meurtrières ;

Convaincus que depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, le véritable enjeu est celui de la paix, de l’unité, de la cohésion nationale et de la justice Sociale ;

Ayant constaté que la Commission Electorale Nationale Indépendance, CENI, seule institution habilitée à organiser les élections dans notre pays a déjà mis en marche le processus électoral par l’enrôlement des électeurs avec l’appui du Gouvernement et des partenaires internationaux ;

Prenant acte du fait que la Classe Politique dans son ensemble et les Forces Sociales sont désormais d’accord sur la nécessité du Dialogue ;

Etant entendu que l’accord-cadre d’Addis-Abeba s’arrime bien avec la volonté populaire de voir s’instaurer la paix durable, la sécurité et la coopération internationale, corroborant la résolution 2277 des Nations Unies qui invoque l’ordonnance du Chef de l’Etat ;

Convaincus que dans le sens de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, le dialogue est une occasion de prédilection pour jeter les jalons d’une démocratie irréversible ;

Dénonçant la persistance de tueries et déplacements de populations civiles à Beni et Lubero dans le Nord-Kivu ;

Forts de l’accompagnement du Panel des organisations Internationales (Organisation Internationale de la Francophonie, Union Africaine, Union Européenne, Nations Unies) ;

Demandons avec patriotisme à la classe politique et à toutes les forces sociales du pays d’aller au dialogue le plus vite possible.

Recommandons ce qui suit :

  1. Au Parlement de :

Voter rapidement les Lois relatives aux Elections afin de compléter l’arsenal juridique ad hoc.

  1. Au Gouvernement et aux Autorités politico administratives, de :
  • Garantir l’exercice des Libertés Publiques afin de créer un climat de confiance pour la tenue du Dialogue Politique National ;
  • Renforcer les dispositifs sécuritaires sur toute l’étendue du Territoire National, et particulièrement à l’est de la RDC.
  1. A la Facilitation, de :
  • Accélérer le processus de mise en place du Comité Préparatoire et rendre effectif au plus tard le 20 juillet 2016 ;
  • Augmenter le quota des délégués de la Société Civile au Comité Préparatoire et au Dialogue Proprement dit.
  1. Aux partis politique, de :
  • Se dépasser et ne privilégier que l’intérêt supérieur de la Nation ;
  • Ne pas tergiverser pour participer au Dialogue et déposer la liste de leurs délégués au Bureau du Facilitateur du Dialogue d’ici le 10 juillet 2016 ;
  1. A la CENI, de :
  • Affirmer son indépendance vis-à-vis des partis politiques et autres parties prenantes ;
  • S’inspirer de l’expérience des élections passées pour mieux organiser le processus électoral dans la transparence et la crédibilité.
  1. A la Communauté Internationale, de :
  • Accompagner la RDC sur le chemin du Dialogue avec sincérité, sans arrières pensées et sans parti pris ;
  • Honorer ses promesses d’appui budgétaire pour le financement des élections en RDC.
  1. Au peuple Congolais, de :

Rester vigilante et ne pas se laisser manipuler par des discours de haine, de violence et de division.

Prenons l’engagement de travailler activement avec tous les Acteurs concernés par le Dialogue National pour son aboutissement heureux en vue de la tenue des Elections Libres, Démocratiques, Transparentes, Crédibles et Apaisées. Faute de quoi, le peuple, souverain primaire, sera obligé de prendre ses responsabilités.

Fait à Kinshasa, le 27 juin 2016