Les 28 gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) penchent massivement pour cette méthode d’assouplissement quantitatif, qui consiste à racheter aux banques la dette souveraine des Etats européens.
Une « écrasante majorité » des gouverneurs de la BCE a soutenu, lors de la réunion de la semaine dernière, l'idée d'un programme de rachat de dette souveraine, soit de l'assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE), a déclaré mardi 09 décembre 2014 Jozef Makuch, membre du Conseil des gouverneurs.
« En ce qui concerne le vote du Conseil des gouverneurs, je vais répéter ce qui a été dit, à savoir que l'écrasante majorité des gouverneurs a soutenu le QE », a dit à des journalistes le gouverneur de la Banque de Slovaquie.
La BCE réévaluera au début de l'an prochain l'impact des mesures de politique monétaire déjà mises en œuvre et prendra si nécessaire des initiatives supplémentaires, a déclaré son président Mario Draghi jeudi dernier. Il a précisé que la BCE avait intensifié les préparatifs techniques d'éventuelles nouvelles mesures qui pourraient, selon la plupart des observateurs, inclure des achats de dette souveraine.
Les gouverneurs allemands et néerlandais, apôtres de l'orthodoxie budgétaire de la rigueur monétaire, seraient les plus réticents à cette hypothèse qui viendrait après une première étape contestée en octobre, avec le lancement de rachats d'actifs sécurisés.
En achetant de la dette publique, la BCE témoignerait avec force de sa volonté d'être accommodante et encouragerait peut-être indirectement les banques à prêter, a estimé de son côté l'économiste en chef de la BCE, Peter Praet.
« Des interventions sur ce marché donneraient (...) vraisemblablement un signal fort que la BCE (...) s'engage à maintenir une politique accommodante pendant une période prolongée », a-t-il dit lors d'une intervention à Washington.
« Pour les banques, des effets de portefeuille plus larges pourraient entraîner un allègement en obligations d'Etat ou d'autres instruments à taux fixe en faveur de la création de prêts », a-t-il ajouté.
La BCE aurait abaissé ses taux directeurs s'ils n'avaient pas déjà été proches de zéro, a-t-il dit, soulignant que la BCE examinerait avec attention, lors de sa prochaine réunion de janvier, la conjoncture en zone euro et les signaux pouvant indiquer que les perspectives d'inflation seraient en baisse.
Les conditions au rachat de dette souveraine
« Si nous avions eu une marge de manoeuvre sur les taux d'intérêt à ce moment-là, je suis personnellement convaincu que le Conseil des gouverneurs aurait décidé d'abaisser les taux », a déclaré Peter Praet dans un forum qui se tenait à Washington.
Il a estimé qu'une des conditions pour le rachat de dette souveraine, à savoir l'affaiblissement de l'économie de la zone euro, était déjà remplie, l'autre condition étant le sentiment que les instruments déjà en place perdent de leur efficacité.
A la question de savoir si une décision concernant de nouvelles initiatives serait prise à la réunion du 22 janvier, il a dit qu'il était possible que la BCE prenne une décision à un moment donné tout en reportant sa mise en œuvre à plus tard.
Lundi 07 décembre 2014, Benoît Coeuré, membre du directoire de l'institut d'émission, a déclaré que la décision d'attendre début 2015 pour juger de l'opportunité de mettre en oeuvre de nouvelles mesures de soutien avait été prise à l'unanimité.
Peter Praet a par ailleurs déclaré que la banque centrale ne serait pas influencée dans le débat sur ses rachats d'actifs par l'examen en cours de la légalité de son mécanisme existant de rachat d'obligations souveraines pour les Etats en difficultés.
La Cour de justice de l'Union européenne (CEJ) examine une plainte déposée contre ses OMT (« opérations monétaires sur titres »), un mécanisme qui n'a encore jamais été utilisé.
« Nous ne sommes pas dirigés par les juges », a déclaré Peter Praet. « Cela n'intervient pas dans notre discussion. Nous agissons en tant que banquiers centraux. »
La panne de croissance qui se prolonge en Europe et l'absence de pressions sur les prix, une tendance exacerbée par la glissade des cours du pétrole, portent inexorablement le président de la BCE vers une action radicale sous la forme d'un large programme de rachat d'actifs.