Les magasins des expatriés indo-pakistanais sont restés fermés toute la journée d’hier mercredi 6 juillet 2016 au Marché central de Kinshasa et ses alentours, après une vive tension observée dans la matinée, en marge du meurtre d’une ressortissante congolaise vivant en Inde. Les vendeurs ambulants communément appelés « chailleurs » se sont une fois de plus décidés à faire la chasse aux Indiens, afin de lancer un message fort en Inde sur l’indignation de tout peuple sur la façon dont les Congolais sont traités là-bas.
Selon plusieurs sources concordantes, cette dame connue sous le nom de Cynthia, a été tuée et mutilée par son mari, Rupesh Kumar Mohanani, de nationalité indienne. Les causes qui auraient poussé ce sujet indien à poser un tel acte ne sont pas encore très bien connues.
Mais certains témoignages renseignent que la regrettée aurait été battue à mort, puis démembrée pour ensuite être brûlée par son mari indien dans un quartier d’Hyderabad, dans le sud-est de Bombay.
Selon une source, Rupesh aurait eu une dispute avec Cynthia à propos de son amitié avec un citoyen français d’origine congolaise, Kinuani Kamitabu. Mécontente de sa vie conjugale, Cynthia aurait décidé de rompre avec son mari et lui aurait exprimé à plusieurs reprises son intention de voyager vers la France pour rester avec son amant. Cette décision n’aurait pas plu au mari qui aurait piqué une crise de jalousie. Un jour, pendant qu’il surveillait ses faits et gestes, il la surprendra en train de communiquer avec son amant sur facebook.
Une violente dispute s’en est suivie. Dans sa furie, le mari jaloux l’a étranglée jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et pour dissimuler son crime, il aurait découpé le corps de la victime en morceaux à l’aide d’une machette, des couteaux de cuisine et un marteau. Ces armes du
crime auraient été présentées, avons-nous appris, lors de la première
audition du criminel à la police indienne.
C’est au moment où il tentait d’asperger le cadavre de l’essence, pour
le brûler afin d’effacer les traces que le meurtrier aurait été
surpris par les voisins qui l’ont immédiatement appréhendé et conduit
à la police.
Le grand marché de Kinshasa en ébullition
Accueillie avec beaucoup de colère par les vendeurs du Marché central,
la triste nouvelle s’est répandue très tôt comme une traînée de poudre
dans toute la ville de Kinshasa. Ignorant la tension vive qui régnait
hier matin, quelques expatriés, toutes nationalités confondues, ont
été accueillis par des jets de pierres qui n’ont pu être stoppés
qu’avec l’arrivée de la police. Certains d’entre eux qui ont tenté
d’ouvrir leurs magasins ont reçu des menaces de pillage. Des témoins
ont rapporté que quelques échoppes ont été caillassées, notamment vers
l’avenue du Commerce.
Plusieurs policiers déployés aux alentours du Marché central pour
rétablir l’ordre et empêcher tout acte de représailles contre les
intérêts indiens, ont évité que le pire se produise.
Il sied de noter que des cas d’agressions de nos compatriotes en
Inde deviennent de plus en plus fréquents. C’est ce qui justifie la
consternation mêlée à la colère qui a gagné les milieux aussi bien des
Congolais de la diaspora que ceux restés au pays. L’indignation est
d’autant plus grande qu’il y a deux mois, un professeur congolais
répondant au nom d’Olivier Masonda, âgé de 29 ans, avait été tué à la
suite d’un banal incident de route.
En effet, celui-ci avait été agressé à mort au moment où il
s’apprêtait à monter sur le siège arrière d’un taxi-moto. Olivier
Masonda avait vu surgir trois inconnus, visiblement des Indiens, qui
ont prétendu jouir de l’exclusivité de ce type de transport en commun.
Surpris par un tel discours, le pauvre a tenté, mais en vain, de leur
expliquer que c’est lui qui avait appelé en premier lieu le taxi moto.
Pendant qu’il était occupé à parlementer avec le trio, une pierre,
lancée par l’un des trois Indiens l’avait atteint à la tête, suivie
d’un second projectile. Violemment touché, l’enseignant congolais
s’est écroulé et a perdu connaissance pour succomber peu à près à la
suite de ses blessures.
Un autre cas remonte d’il y a trois ans. Des étudiants congolais
avaient été arrêtés et soumis aux traitements inhumains et dégradants
dans la ville de Jallandhar, dans l’Etat de Punjab, pour avoir
protesté contre le lynchage d’un des leurs camarades.
Il a fallu des manifestations violentes des Kinoises et Kinois contre
les commerces tenus par des sujets indo-pakistanais dans la capitale
pour arracher l’implication du gouvernement congolais dans le
processus de leur libération.
Présentement, l’affaire Cynthia, tuée cruellement, est en train de
raviver des tensions qui s’étaient un peu apaisées à Kinshasa. Une
certaine opinion soutient ce principe de réciprocité adopté par la
population et appelle le gouvernement à réagir, afin que les
ressortissants congolais où qu’ils se retrouvent dans le monde, soient
respectés.
Perside DIAWAKU