La RD-Congo se débarrasse peu à peu de l’image négative et excessive de la « capitale mondiale du viol ».Les progrès enregistrés ces derniers temps, dix mois à peine après l’installation d’un Bureau du représentant personnel du chef de l’Etat en charge de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants, sont considérables. Hier jeudi 9 avril à son cabinet de travail, clôturant une kyrielle d’activités en rapport avec la promotion des droits de la femme au mois de mars, la Représentante personnelle du chef de l’Etat, Jeannine Mabunda, s’est entretenue avec la presse pour faire un bilan à mi-parcours de sur la question des violences sexuelles. De prime à bord, il y a un déclic car l’impunité, jadis la règle absolue, n’en est plus une en cas de violence sexuelle quel que soit le rang du violeur s’est-elle réjoui. La Justice dans des conditions parfois difficile commence à servir dès qu’une affaire de viol lui parvient. Jeannine Mabunda, pour étayer ses propos, a donné une liste d’officiers supérieurs condamnés pour viol. Une dizaine au total. La condamnation la plus emblématique étant celle du général Kakwavu condamné à 10 ans de réclusion et 100.000 USD $ des dommages et intérêts après 7 ans d’instruction. Une autre condamnation significative c’est celle du colonel Nkumu à une peine de 10 ans d’emprisonnement suivie de sa révocation de la police nationale congolaise (PNC).
A part la sanction, J. Mabunda a aussi insisté sur la réparation des victimes. Ainsi 30 victimes de violences sexuelles du procès Songomboyo dans la province de l’Equateur ont pu être indemnisées. L’ex ministre du portefeuille souhaite la création d’un fonds de réparation pour les victimes des violences sexuelles. Un groupe de travail s’y penche déjà. A côté de ce fonds, Mabunda travaille aussi avec l’INPP (institut national de préparation professionnelle) sur un mécanisme de formation socio-professionnelle pour victimes de violences sexuelles. Une autre réalisation, c’est l’opérationnalisation d’un numéro vert pour dénoncer les violences sexuelles (473333). La Représentante du chef de l’Etat, a dit être surprise par le fait que ce sont majoritairement les hommes qui appellent pour dénoncer les cas d’abus sexuels. Ce dont elle s’est félicité évidemment mais en lançant un appel aux femmes à s’assumer de plus en plus en dénonçant elles-mêmes les abus sexuels dont elles sont victimes. Pour lutter contre les violences sexuelles, il n’y a pas que le volet répressif, Mabunda compte s’appuyer aussi sur l’éducation car la plupart des violeurs ont un problème culturel. Pour Mabunda plus on en verra des jeunes filles et des jeunes garçons à l’école plus on assistera à moins de cas de viol liés à l’ignorance ou à la pauvreté culturelle.
Elle n’a donc pas manqué de féliciter le gouvernement pour le projet construction 1000 écoles. Cet aspect de causes des violences sexuelles, a permis de mieux cerner l’affaire viol des bébés de Kavumu au Sud-Kivu qui continue à révulser les bonnes consciences. Dans cette contrée, 34 enfants de 1 à 14 ans ont été violés. Une horreur absolue qui appelle châtiment exemplaire. Selon Mabundu, l’une des raisons principales de ces horreurs, c’est la croyance magique dans laquelle sont emprisonnés les violeurs qui pensent s’attirer ainsi la bonne fortune (devenir riche) en se livrant à telles monstruosités. Les autres raisons pour expliquer ce viol insupportable se trouvent dans la faiblesse de l’autorité de l’Etat : insuffisance des éléments de la police et de l’armée dans la contrée notamment. Mais des mesures ont été prises rassure Mabunda qui a demandé qu’une enquête intégrée (Justice, PNC, ministère de l’intérieur) soit diligentée. Par ailleurs, les mœurs changent aussi dans la grande muette qui s’est dotée d’un Plan d’action pour la lutte contre les violences sexuelles. Les FARDC qui sont souvent mises en cause pour des cas d’abus sexuels, sont dorénavant engagées à combattre ce fléau dans leurs rangs. Les progrès enregistrés dans la lutte contre les violences sexuelles ont été salués par la communauté internationale qui a souligné notamment la diminution de l’impunité de 33%. De 10882 en 2014 contre 15352 en 2013.