Des femmes et filles, victimes de violences sexuelles de la part des éléments de Fardc et des agents de la Police nationale congolaise, qui craignent d’affronter leurs bourreaux devant la justice militaire, ne cessent d’implorer le soutien des organisations de défense de Droits de l’homme pour avoir un accès facile à la justice.
Des populations démunies, qui ne peuvent honorer les « frais d’ouverture de plainte», les frais de transport pour les enquêteurs à envoyer sur le terrain, les frais de dépôt de convocation ou de mandat de comparution et autres, exigés dans les postes de police, les parquets, les cours et tribunaux militaires, se réfèrent aux activistes des Droits humains, afin que leurs difficultés d’ester en justice soient résolues. Et il y a les cas d’anciens membres de groupes armés intégrés au sein de Fardc et de la PNC, nommés à différents postes de commandement, et affectés dans les zones où ils avaient perpétré des crimes, qui côtoyent impunément et narguent leurs victimes.
En l’absence d’une justice distributive et accessible aux citoyens les plus démunis de milieux ruraux et urbains, tous ces problèmes ont creusé un fossé dans les relations entre la population, les Fardc et la PNC, qui risque d’affecter encore plus longtemps la confiance que cette population devrait avoir à leur égard.
C’est dans le souci de reconstituer ce partenariat utile pour asseoir la stabilité des institutions républicaines et renforcer la paix et la sécurité, que le Réseau pour la réforme du secteur de sécurité et de justice, vient de lancer une campagne de plaidoyer en faveur de la lutte contre l’impunité par la justice militaire.
Aux autorités nationales, le RRSSJ rappelle que les Etats généraux de la justice tenus à Kinshasa, du 27 avril au 2 mai 2015, avaient débattu de plusieurs thèmes tournant autour de toutes ces questions, et avaient abouti aux recommandations dont seuls quelques unes ont été mises en œuvre.
Des mois plus tard, il se tenait également dans la capitale, du 23 au 24 juin 2015, le Forum national pour faciliter aux personnes vulnérables l’accès à la justice dont on sait que les résolutions adoptées par les participants, devraient être intégrées dans le projet de loi sur l’assistance judiciaire.
Par ce plaidoyer du RRSSJ, la population attend de dirigeants congolais, des signaux forts pour éradiquer l’impunité, en favorisant un accès facile des populations vulnérables, à la justice. Pour ce faire, le Réseau pour la réforme du secteur de sécurité et justice plaide aussi pour l’amélioration des relations civilo-militaires, selon le vœu du chef de l’Etat qui veut une armée et une police plus rassurante à notre peuple, apolitique, professionnelle et dont notre peuple sera fier et de ce dernier pourrait soutenir en tous temps et en toutes circonstances.
S’il est vrai que des efforts ont été accomplis dans ce domaine, beaucoup reste à faire. Et le RRSSJ pense qu’il faut faire davantage pour développer ce rapprochement entre la police, l’armée et la population civile, dans le cadre de la mise en œuvre du processus de la réforme du secteur de sécurité. L’éradication des antivaleurs et la lutte contre les violations de droits de l’Homme s’imposeraient comme des signaux forts que souhaite voir la population.
Le Réseau des organisations de la société civile intéressées par la réforme du secteur de sécurité et justice, invite les autorités nationales à tout mettre en œuvre et dans les limites de leurs compétences, pour améliorer les conditions socio-professionnelles des magistrats en vue de l’accès de différentes catégories de la population à la justice, soutenir et encourager la mise sur pied du groupe thématique « justice militaire », à l’instar d’autres groupes déjà opérationnels et promouvoir des journées « portes ouvertes » sur l’accès à la justice.
Ce réseau a également plaidé pour voir les instances nationales favoriser et garantir la participation des organisations de la société civile aux audiences foraines et encourager la médiatisation de certains procès, dans le but de dissuader des potentiels violateurs de droits de l’Homme au sein de la police et de l’armée. Tels sont les cas de violences sexuelles et de l’utilisation des enfants associés aux forces et groupes armés et d’autres violations de droits de l’Homme.
Par ce plaidoyer, le RRSSJ espère voir les autorités nationales prendre la mesure de la perte de la confiance entre la population, la police et l’armée, pourtant indispensable pour le renforcement de la sécurité, la restauration de l’autorité de l’Etat et la stabilité des institutions républicaines.
J.R.T.