VOIRIE URBAINE LE DÉLABREMENT DES ROUTES AU NIVEAU DE L’ECHANGEUR MENACE D’ENCLAVER LEMBA

Jeudi 7 avril 2016 - 05:21
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Il sera bientôt difficile d’accéder à la commune de Lemba à partir du boulevard Lumumba, si les principales artères pour y accéder ne sont pas réhabilitées au plus tôt. Le délabrement des routes au niveau de l’Echangeur menace carrément d’enclaver cette vaste commune.

Les voies qui mènent à la commune de Lemba sont aujourd’hui parsemées de crevasses. Ces ornières sont devenues si fréquentes en différents endroits, qu’elles rendent ces routes impraticables pour de nombreux usagers.
Au niveau de l’Echangeur, les artères qui relient le boulevard Lumumba à la commune de Lemba sont pratiquement délabrées. Elles sont ponctuées de nids-de-poule à travers et aux alentours de l’Echangeur.
Il est, dès lors, difficile pour les conducteurs en provenance de la Tshangu de rouler aisément quand ils empruntent le haut du pont. Les nombreuses ornières donnent l’impression de se mouvoir à dos de cheval, contraignant les conducteurs à slalomer à travers les deux bandes pour éviter de se coincer dans les crevasses.

DES PANNES A GOGO
D’autre part, les transporteurs ont, pour la plupart, renoncé à emprunter le prolongement du petit boulevard qui longe l’enceinte de la Foire internationale de Kinshasa (FIKIN). Face aux crevasses qui ont élu domicile tout le long de la chaussée, les conducteurs ont désormais peur de s’aventurer dans cette voie délabrée pour ne pas détériorer leurs véhicules.
Les pannes qu’occasionne le mauvais état des routes restent une des principales raisons de la rareté du trafic sur ces artères. Les chauffeurs audacieux sont contraints de ralentir au niveau du tronçon compris entre l’enceinte de la Fikin et la clôture de l’entreprise Zenit. Il en est de même au niveau de la première porte où une seule bande sur les deux reste encore praticable.

OBLIGES DE FAIRE DES DETOURS

C’est probablement pour cette raison que plusieurs conducteurs ont pris l’option de contourner cette voie en passant en dessous de l’Echangeur pour ressortir au niveau des routes à sens unique de part et d’autre de la station-service Total. Pas étonnant de voir apparaître des creux profonds à l’intersection des artères provenant de Lemba foire et de Sous-région, à l’entrée de cette station.
L’affluence croissante des véhicules de différents tonnages altère progressivement la chaussée au point qu’on est obligé de ralentir pour ne pas heurter des pierres ni provoquer des accidents avec des véhicules venant en sens inverse. Cette situation provoque des embouteillages aux heures de pointe sur cet axe. Les conducteurs sont, dès lors, contraints de ralentir et faire preuve de patience au risque de provoquer des bouchons.

ET QUAND LES BADAUDS S’EN MELENT

Conscients de cette situation, des jeunes badauds, bêches en main et brandissant quelques billets de francs congolais entre les doigts, profitent de l’occasion pour truander les conducteurs, en donnant l’impression de réparer sans cesse une route qui n’arrive pas à être viable. Vêtus de T-shirts mouillés de sueur, ces cantonniers improvisés hèlent les conducteurs pour réclamer un pourboire en fonction du travail qu’ils estiment avoir accomplis. La générosité de leurs donateurs les pousse à se cramponner sur le lieu du matin au soir, même quand ils tournent le pouce.
Flatteurs de talent, ces jeunes sont riches en compliments. Il leur suffit juste de voir arriver le véhicule d’une autorité ou d’une notabilité pour les entendre lâcher de sobriquets du genre : ’’Prezo’’ (président), ’’Grand chauffa’’ (excellent chauffeur), ’’Grand prêtre mère’’ (célèbre notable)… Ils sont aussi prolixes en slogan : ’’Wumela’’ (vit à jamais), ’’Yo nde osalaka te tozala’’ (C’est grâce à toi que nous survivons), ’’Totikala kaka na yo’’ (Il ne nous reste plus que toi)…
Quand ils reçoivent un billet d’une poche généreuse, ils chantent les louanges de leur bienfaiteur. S’’ils ont la tête couverte, ils retirent vite leurs képis et s’inclinent, les mains sur la poitrine, en guise de remerciement. Et si le geste tarde, ces ’’chômeurs déguisés’’ courent derrière chaque véhicule pour contraindre le conducteur de s’exécuter.

LA MENDICITE DES CANTONNIERS PROVIDENTIELS
"Je comprends ces jeunes ! C’est par manque d’emploi qu’ils s’adonnent à de telles activités ! C’est pour cela que je leur remet souvent quelques billets de banque. La faute incombe à notre Gouvernement qui n’offre pas du travail aux jeunes", nous explique Matthieu Songola, chauffeur qui dessert la ligne Lemba - Limete.
Sa position n’est toutefois pas partagée par son collègue André Z. qui déplore, lui, cette façon d’agir de ces ’’délinquants’’ qu’il taxe de ’’paresseux’’. "J’ai appris, moi, à connaître ces jeunes gens, étant donné que je fréquente ce tronçon chaque jour, témoigne un passant. Ils font toujours semblant de boucher les nids-de-poule. Si, parfois, je leur remets un billet, c’est juste par fair-play. En fait, ils ne le méritent pas".
Face à cette situation de la voirie urbaine qui se dégrade, des voix s’élèvent pour que les autorités provinciales plongent la main à la poche pour réparer au plus vite les artères, au lieu d’attendre indéfiniment que des institutions étrangères viennent leur apporter des dons, voire des prêts qui coûteront cher au Trésor public dans les années ultérieures. Fyfy Solange TANGAMU