Industrie forestière : des recettes additionnelles pour l’économie de l’Afrique Centrale

Mardi 10 mars 2015 - 10:49

Les pays de la zone devront évoluer progressivement vers la transformation poussée des produits forestiers, notamment en s’engageant dans des activités de deuxième et troisième transformation desdits produits. C’est là, la recommandation principale des travaux de la 31ème session du Comité Intergouvernemental d’Experts (CIE) de l’Afrique centrale qui s’est achevée à Brazzaville et qui s’est penchée sur le deuxième massif forestier du monde qu’est le bassin du Congo.

L’Afrique Centrale devra tirer profit des opportunités qu’offre l’industrie forestière pour la transformation des économies de la sous-région, ont indiqué certains observateurs invités à ce forum. Conviés à la session par la Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique en collaboration avec le Gouvernement du Congo-Brazzaville, les experts ont longuement examiné les défis auxquels les pays de la Sous-région sont confrontés dans leur effort pour faire du secteur forestier une véritable source d’industrialisation et de diversification de leurs exportations.

Pour Léon Raphaël MOKOKO, Ministre Délégué du Plan et de l’Intégration de la République du Congo, le développement de l’industrie forestière pour la transformation structurelle des économies d’Afrique Centrale viendrait corriger l’état de vulnérabilité des économies de la Sous-région face aux chocs exogènes liés aux fluctuations du marché des matières premières. Selon les experts, même si le taux de transformation de ces matières premières, en l’occurrence les grumes et produits forestiers non ligneux (PFNL) est passé de 42 % au cours de la période 1993-1999 à 54 % au cours de celle allant de 2005 à 2008 dans la Sous-région, les acteurs du secteur se sont focalisés principalement sur la « première transformation » qui se limite au sciage, suivi du déroulage du bois après la récolte. Ce niveau de transformation est peu bénéfique pour les économies concernées en comparaison avec les avantages à obtenir des deuxième et troisième transformations, qui comprennent des activités plus porteuses de valeurs ajoutées et de création d’emplois telles que la production des contreplaqués (deuxième transformation), des portes, des meubles et des parquets (troisième transformation). C’est pourquoi les experts proposent aux Etats, acteurs économiques et partenaires au développement de la Sous-région, de créer les conditions pour développer une véritable industrie de transformation au moyen d’investissements dans les équipements, la formation approfondie dans les métiers du secteur, l’identification des nouvelles pistes de financement et le versement de leurs contributions au Fonds pour l’Economie Verte en Afrique Centrale (FEVAC).

Ils ont aussi recommandé que des efforts soient faits pour rendre le marché intérieur du secteur forestier plus attractif en préservant la paix et en développant des infrastructures, notamment celles de transport. Enfin, ils ont prôné le renforcement de la présence des acteurs locaux sur les marchés d’exportation par leur engagement dans la chaîne des valeurs mondiales des produits forestiers et l’élimination des obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce Sous-régional des produits forestiers.

Le Comité Intergouvernemental d’Experts (CIE) est l’instance statutaire de supervision de chaque bureau Sous-régional de la CEA. Il a été établi par l’Assemblée Générale de l’ONU en tant qu’organe subsidiaire de la Conférence des Ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement Economique. Son mandat est de délibérer sur les questions de développements actuels et émergents au niveau Sous-régional et de faire des recommandations pour la coordination et l’harmonisation des politiques socio-économiques entre les Etats membres.

Politique du reboisement

Néanmoins, tirer profit de ces ressources forestières est une chose juteuse et intéressante pour les entreprises commerciales privées, mais les Etats du bassin du fleuve Congo et de ses affluents devraient mettre le plus vite possible en place des programmes de reboisement pour ne pas connaitre le sort peu louable de la forêt du Mayombe dans la Province du Kongo Central. De ce fait, l’on pourrait intéresser les populations vivant à l’intérieur ou aux abords de ces forêts denses aux travaux de reboisement pour leur permettre d’en tirer profit avec le bois de chauffe, la construction de leurs maisons et pourquoi pas la vente de ces produits auprès de ces sociétés d’exploitation forestière.

Des pays comme le Canada et l’Indonésie ont généré des recettes importantes de l’exploitation de leurs forêts depuis plus de deux siècles parce qu’ils ont mis en demeure les sociétés commerciales d’intensifier le reboisement continuel. Si les Etats voisins du fleuve Congo et de ses affluents ne prennent pas garde, ils vont subir les conséquences graves du commerce du caoutchouc pendant le 19ème siècle où l’on a vu des villes disparaitre de la carte lorsque la science a découvert le caoutchouc synthétique.

Castro