JEUX VIDÉO, JEUX DE HASARD ET TÉLÉCHARGEMENT MOBILE CAPTIVENT DE PLUS EN PLUS DE JEUNES KINOIS

Vendredi 30 janvier 2015 - 07:38

A Kinshasa, les jeunes garçons consacrent une bonne partie de leurs temps aux loisirs. Le « Play Station », une évolution du Nintendo, est actuellement en vogue dans les milieux des écoliers. C’est généralement le foot ou plutôt les sports de combats qui les intéressent. D’autres encore s’activent dans des paris sportifs, surtout en cette période de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2015).

Dans les quartiers de Kinshasa, les salles dédiées aux loisirs sont devenues légion. Elles attirent bon nombre de jeunes, des garçons en particulier qui s’y rendent soit pour jouer, soit pour parier. Dans des salles de jeux, ou des espaces de pari, ils sont de plus en plus nombreux ces jeunes, associés parfois aux adultes. Ils se livrent aux divertissements qui font perdre à beaucoup d’écoliers le goût de la lecture, alors que la pratique était jadis très présente dans les programmes scolaires. Comme on peut le constater, l’affluence dans les salles de jeux vidéo réduit davantage dans le chef des élèves les capacités intellectuelles et développe plus des comportements violents et parfois immoraux.
« Les écoles doivent inciter les jeunes gens à consacrer leur précieux temps aux ‘loisirs sains’ comme la lecture des journaux, des revues ou romans classiques », prône un parent abordé. Car, dit-il, si l’apprentissage de la lecture débute en classe, il doit se prolonger en dehors de milieux scolaires. 
« Les enseignants feraient donc œuvre utile en donnant aux enseignés des travaux pratiques à faire et des titres des romans à lire afin d’en faire un exposé après un bref temps des vacances. Ce qui développerait en eux le goût de la lecture et leur préserverait du banditisme et du vol », conseille ce père de famille qui a requis l’anonymat. 

DES GARÇONS IMAGINATIFS ET COURAGEUX 

D’autres jeunes dans la capitale congolaise, se montrent plus aptes, stimulés certes par la quête d’argent. Ils se creusent la tête chaque jour qui passe dans la lutte pour la survie. C’est la ‘débrouillardise ambiante’. Télécharger des chansons et des jeux dans les téléphones et jeux vidéos sont ces nouveaux gagne-pains de plusieurs jeunes kinois, assez courageux et malins. 
Dans ces salles de jeux ou des kiosques équipés d’ordinateurs d’où sont téléchargées des chansons vers des téléphones, des jeunes, la vingtaine révolue, offrent leur services à la clientèle. Un téléviseur, un lecteur-player, des cassettes et des manettes, le tour est joué, l’entreprise naît. Des postes téléviseurs pour visionner les matches de coupe d’Afrique moyennant 100 ou 200 Fc ; ou d’autres télévisions pour des accros du ‘Play station’. Un match pour 300 Fc.
A deux, les jeunes tuent le temps à une partie de football ou de film de combat. Les équipes de la ligue des champions européenne sont les plus brandies. De nombreux élèves finissent par fuir les cours et passent toute la journée dans ces kiosques qui ne désemplissent plus finalement. 
L’absence de l’enseignant ou lorsque l’école les chasse pour non paiement des frais scolaires sont des occasions rêvées pour traîner dans ces lieux. Dans les quartiers, jusque tard dans la nuit, 22 h ou au-delà, certains continuent à jouer. Hypnotisés devant ces petits écrans, ces enfants dépensent sans compter, d’autres sont obligés de mentir à la maison ou même de voler pour trouver de quoi payer et s’offrir cette nouvelle drogue.

UN COMMERCE JUTEUX 
Dans ces maisons aménagées, des ordinateurs ou des télés sont en effet installés. Leurs propriétaires, des jeunes eux aussi, disposent des disques durs de grande capacité pour stocker des chansons de différents albums des artistes congolais et étrangers. Question de satisfaire la demande de tous les clients.
« J’ai fini mes études et n’ai pas d’occupation. C’est en téléchargeant les chansons que je gagne de l’argent », explique Yannick F., l’un des pionniers de ces « entreprises », située sur l’avenue Kasa-Vubu, dans la commune du même nom. 
Matin et soir, jeunes et vieux s’agglutinent devant ces petits établissements pour télécharger les clips ou les nouveaux albums : 100 Fc pour une chanson audio et 200 Fc pour un clip vidéo. « Par jour, je gagne entre 10 à 15$ », confie-t-il tout en avouant, sourire aux lèvres, une piraterie qui ne dit pas son nom. Une aubaine pour les utilisateurs des téléphones. 
Ces chansons servent de sonnerie et divertissent souvent en l’absence d’électricité. Les habitants de l’arrière-pays, en séjour dans la capitale, en profitent pour télécharger le maximum de chansons. Le commerce des cartes mémoires s’est aussi accru par la même occasion. Les promoteurs, eux, se tapent un peu d’argent. « Qui ne risque rien n’a rien », dit-on.
Ghetti FELO