Justin Bitakwira et Freddy Mulumba : « Le dialogue politique est un choix de la raison »

Lundi 28 mars 2016 - 13:01

Justin Bitakwira et Freddy Mulumba, respectivement député national élu d’Uvira et leader de l’opposition citoyenne ainsi que vice-président du Groupe Média 7 (Le Potentiel, Radio 7 et Télé 7) estiment que le dialogue politique convoqué par le chef de l‘Etat est une nécessité car il demeure, à l’heure actuelle, l’unique voie pour éviter que la RDC ne sombre dans le chaos et le désordre institutionnels.

 

L’actualité politique en RDC reste dominée par la tenue des échéances électorales à tous les niveaux dans le strict respect des délais constitutionnels. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a déjà avoué son incapacité d’organiser les scrutins conformément aux prescrits de la loi. Cette situation appelle débat au sein de la classe politique. Les intellectuels donnent aussi leur son de cloche pour éviter de placer e pays sur une voie apocalyptique. C’est dans ce cadre que la Ligue des politologues du Congo (LPC), une association sans but lucratif, a organisé, samedi 26 dernier une conférence-débat à l’attention des jeunes politologues du Congo. Cadre : la Maison des savoirs dans la commune de Kasa-Vubu à Kinshasa. Les différentes communications ont porté sur le thème « Problématique du dialogue politique : choix de la raison ou de la passion ». Les deux intervenants principaux ont chanté à l’unisson le dialogue politique est incontournable pour un atterrissage en douceur de la machine électorale en cours.

 

POURQUOI LE DIALOGUE?

Le leader de l’opposition citoyenne, Justin Bitakwira, a fait observer que « la crise a été exacerbée par le non-respect du calendrier global des élections publié par la Céni le 12 février 2015; hélas, elles n‘ont pas eu lieu. Et le glissement tant redouté est parti de là. » Il est d’avis que « deux instincts s’affrontent,  à savoir celui de la conservation du pouvoir qui est trop en avance au stade actuel et celui de l’accession au pouvoir qui accuse un grand retard malgré les gesticulations, faute de stratégies ».

L’élu d’Uvira propose deux voies de sortie : soit on trouve un compromis politique ou simplement un consensus, soit on tombe dans le soulèvement populaire ou carrément dans une guerre. Pour lui, la tenue des élections dans es délais constitutionnels doit se conjuguer avec la résolution des problèmes posés depuis 2011.

Et Bitakwira est persuadé que « le dialogue permettra de résoudre toutes les questions en rapport avec l’organisation des élections crédibles, transparentes, démocratiques et apaisées. » Les questions à résoudre étant complexes, a-t-il poursuivi, la tripartite Céni-majorité-opposition à laquelle, certains se réfèrent et qui a montré ses limites, ne saura pas en trouver les remèdes. Pour lui, « il faut trouver un autre cadre, le dialogue, qui pourra réunir tout le microcosme politique congolais et la Société civile afin d’y débattre et de trouver des voies de sortie de la crise. »

 

« YEBELA, WUMELA,

TIMBELA », DES SLOGANS IRRESPONSABLES

Pour sa part, Freddy Mulumba a fustigé le comportement peu responsable des acteurs politiques en scandant des slogans tels que Yebela », « Wumela » et «Timbela ». Il a estimé qu’on était en face d’une classe politique dépassée, qui est en panne.

Il a convié les jeunes à s’approprier le débat politique, contrairement à ce qui se passe actuellement dans les médias investis par les politiciens sans discours persuasif, sans vision. Les intellectuels à même .de réfléchir librement sont devenus de grands absents sur l’espace politique, a-t-il fait remarquer, de dire que le fait que la confusion est totale.

Freddy Mulumba craint fort que le pays ne disparaisse à cause de l’acharnement des vieux qui nt fait la politique depuis 1960 jusqu’à ce jour. D’après lui, on construit un pays avec la jeunesse. « On n’a pas changé la classe politique. Ce sont les mêmes qui reviennent. Ce qui serait plus important en allant au dialogue dont on parle, c’est de faire un état des lieux par rapport aux différents dialogues qui ont eu lieu dans le temps et qui n’ont pas réussi», a-t-il rappelé.

 

Réfléchissant à haute voix, le pionnier du combat de la lutte contre la balkanisation a voulu savoir pourquoi les étrangers pensent toujours que la RDC leur appartient ? Il ne peut pas comprendre que, plus de 50 ans après les indépendances, les Congolais recourent à la médiation internationale en vue de trouver des solutions aux questions pendantes. Si, demain, il y a dialogue, ce n’est pas pour aller partager le pouvoir. Il est vrai que Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi avaient chacun donné, son point de vue concernant le dialogue. Il ne faut pas en faire l’affaire de Joseph Kabila seul, a-t-il fait remarquer.

 

C’est ici l’occasion pour Freddy d’interpeller les médias : « Il faut donner la position de tout le monde au lieu de chercher à envenimer la situation. Ce n’est pas le dialogue de Kabila. C’est plutôt pour sauver, le pays. Au cas où on n irait pas au dialogue, on va nous imposer des schémas qui ne seront pas dans l’intérêt du pays », a-t-il soutenu. Là, il a fait allusion à l’échec patent de la Conférence nationale souveraine quand bien même toutes les intelligentes y étaient. Il a également rappelé l’échec, de la formule 1+4 issue du dialogue inter congolais à Sun City sous le dictat de la communauté internationale.

Qu’à cela ne tienne « qu’on le veuille ou non, il y aura dialogue. Mais le problème se posera au niveau du contenu et tout dépendra des Congolais, eux-mêmes », a-t-il fait observer.

 

Par Médard MUYAYA