Il était exactement 12h00, heure locale, lorsque Félix Kabange Numbi, Ministre de la Santé de la République démocratique du Congo (RDC), a, sous un ciel quasiment nuageux, lancé officiellement les opérations de la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action. La cérémonie y afférente s’est déroulée jeudi, 17 décembre dernier à la tribune du Camp Nsinga, dans la commune de Lukolela.
Des autorités politico-administratives nationales, celles de la province du Kwilu et de la ville de Kikwit, y compris le Commandant de la première région militaire, les chefs des services étatiques et paraétatiques, des groupes folkloriques, des confessions religieuses, des autorités de l’Association de santé familiale, du Programme national de lutte contre le paludisme, la délégation du Fonds mondial, d’autres partenaire bi et multilatéraux, plusieurs autres invités ainsi qu’une population nombreuse ont rehaussé de leurs présences cette cérémonie agrémentée par l’orchestre Wenge Musica Maison Mère.
«Plus de neuf millions des cas de paludisme dont plus de 25.000 décès ont été enregistrés ces derniers temps en RDC», a déclaré le Ministre de la santé afin de présenter la gravité de la situation à combattre. Il faut donc l’implication de tout le monde. Kabange Numbi a également indiqué que cette campagne de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action fait suite à celle de 2012, car l’insecticide qui se trouve dans les moustiquaires a une durée de trois ans.
Le Ministre n’a pas oublié de remercier et de rendre hommage à tous les partenaires bi et multilatéraux pour leurs appuis et leur implication dans la lutte contre le paludisme. Il a affirmé que cette action marche avec la philosophie du Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Il a ainsi appelé les familles à passer aux sites de distribution munies de leurs jetons reçus lors des opérations de dénombrement.
De son côté, le Commissaire spécial de la province du Kwilu, Michel Bala-Bala, a rappelé la situation contextuelle susceptible de favoriser les moustiques et la malaria dans la province du Kwilu : «Il suffit de sillonner la province du Kwilu pour voir des étendues des forêts, des savanes et des cours d’eau qui favorisent le développement des moustiques et la malaria (…) Le paludisme demeure un problème de santé publique».
Il a ajouté qu’«en 2014, sur 1.502.246 cas reçus dans des institutions sanitaires, 443.573 ont été des cas du paludisme, soit 30 pour cent. Sur 4511 décès enregistrés, 1421 ont été causés par le paludisme, soit 31,5 pour cent. Au premier semestre 2015, sur 853.477 malades reçus dans les institutions de santé de cette province, 255.904 ont été des cas du paludisme, soit 30 pour cent. Sur 2462 décès enregistrés, 914 ont été causés par la malaria, soit 37 pour cent»
Bala-Bala a vivement prévenu qu’il sera impitoyable contre toute personne qui sera appréhendé pour vol, détournement ou vente de ces moustiquaires distribuées gratuitement. Il a aussi demandé aux différents partenaires présents à la cérémonie d’aider à lutter contre les maladies hydriques en facilitant la purification d’eau.
L’Association de Santé Familiale (A.S.F), une association sans but lucratif de droit congolais, s’est grandement impliquée dans la lutte contre le paludisme. Selon un document de l’ASF à notre possession, l’ASF est partenaire de Population Services International (PSI), une Organisation Non Gouvernementale basée à Washington DC.
La même source affirme que l’ASF/PSI est une des principales organisations dans le domaine de la santé en RDC, avec des programmes visant la lutte contre le paludisme et le VIH ainsi que l’amélioration de la santé reproductive et de la survie des enfants.
«Le Paludisme est un problème important de santé et constitue un défi socio-économique en République Démocratique du Congo (RDC) où 97% de la population vit dans des zones avec des taux de transmissions de paludisme élevé et stable. Dans certains coins du pays, la prévalence du paludisme atteint même 80%, et il est estimé que les enfants de 5 ans ont une moyenne annuelle qui contribue à plus de décès que n’importe quel pays, sauf le Nigéria. Le paludisme impose une grande pression sur le système de santé déjà fragile dans le pays et a été décrit comme un frein au développement en RDC», renseigne le Document.
Notre source poursuit : «Toutefois, bien que le Programme National de Lutte contre le Paludisme ait recommandé le diagnostic systématique avant tout traitement du paludisme, de préférence avec les Tests de Diagnostic Rapide (TDR), le taux de diagnostic, en particulier avec les TDR, est très faible et presque nul dans le secteur privé et les résultats des tests faits ne sont pas respectés en même temps que la faible connaissance de la politique nationale. Ceci amène a une surutilisation des antipaludiques, une prise en charge incorrecte des autres causes de fièvre et le risque de développement de résistance aux antipaludiques».
Face à cette problématique, le représentant du Fonds mondial présent à la cérémonie du lancement, a invité la population à faire bon usage des moustiquaires reçues et à dénoncer tout incivique qui s’impliquerait dans le détournement, la vente de ces moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action.
La remise symbolique des moustiquaires a été faite tour à tour par le Ministre la Santé à une femme enceinte, le Maire de Kikwit, lors de la séance du briefing avec les journalistes sur la distribution de ces moustiquaires, séance qui a eu lieu au Grand Hôtel de Kikwit dans la commune de Lukolela, un jour avant le jour du lancement, la Task force communication de la province du Kwilu ainsi que d’autres spécialistes en la matière ont indiqué que, actuellement, plus de 12 milliards de dollars américains sont engagés pour lutter contre le paludisme à travers le monde chaque année. Pour se faire soigner contre le palu, il faut un minimum de 20 dollars par individu.
Badylon Kawanda