Kinshasa veut voir les minerais « contribuer à la paix et au développement durable du pays »

Vendredi 7 novembre 2014 - 10:24

Le gouvernement congolais entend voir les ressources minérales « contribuer à la paix et au
développement durable de la République démocratique du Congo (RDC) », en application des
recommandations du 8ème Forum CIRGL-OCDE-Groupe d'experts de l'Onu tenu à Kinshasa du 3 au 5
novembre 2014 sur « les chaînes d'approvisionnement en minerais responsables ». Le 9ème Forum est
prévu du 4 au 6 mai 2015 au Centre de conférences de l'OCDE à Paris (France).

«Nos populations ont besoin d'investisseurs et d'industriels qui leur apportent la paix et le
développement dans les zones d'exploitation des minerais », a déclaré dans son allocution de clôture le
vice-Premier ministre Daniel Mukoko Samba, ministre du Budget qui a remercié « les gouvernements
des pays qui ont mis en oeuvre des instruments juridiques de lutte contre le trafic illicite des minerais ».

Il a assuré que le gouvernement de la RDC « fait siennes les recommandations du 8ème Forum pour
remettre de l'ordre dans le secteur minier artisanal et mettre fin à l'implication des groupes armés dans
les zones d'exploitation des minerais », particulièrement les 3 T (colombo-tantalite ou coltan, cassitérite
et wolframite) et l'or.

Une lutte perpétuelle

« Mettre la fin la contrebande, c'est une lutte perpétuelle. Nous devons lutte tous les jours pour
éliminer la contrebande », a déclaré le ministre congolais des Mines qui a invité tous les pays à «
formaliser leurs législations et adhérer à l'Initiative pour la transparence des industries extractives ».

Affirmant qu'«aujourd'hui le ministère des Mines peut aller valider les sites miniers pour les rendre
verts et a mis sur pied des coopératives d'exploitants artisanaux identifiés», Martin Kabwelulu a
indiqué que « le gouvernement continue à éliminer les contrebandiers, même s'il ne les a pas encore
attrapés ».

«Les sociétés multinationales prennent de plus en plus conscience que le Guide de l'OCDE est là pour
leur permettre d'investir. Le début de la lutte contre la contrebande est la certification et la traçabilité
des minerais pour aller vers un cadre formel avec une taxe et un impôt qui doivent servir au
développement durable que cherche la RDC », a-t-il expliqué.

Il a salué la « sécurité financière » payée par les sociétés minières pour réhabiliter l'environnement, une
taxe que les exploitants artisanaux « n'ont pas encore payée par manque de capacité financière ».

Selon le secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL, le
professeur Alphonse Ntumba Luaba, « la création des bourses des marchés des minerais est un moyen
de lutter contre l'exploitation illégale des ressources naturelles ».

«Pour arriver à des minerais libres de conflits, il faut arriver à libérer les Etats des conflits », a-t-il
soutenu.

Lors de la conférence de presse organisée mercredi à l'issue des travaux de Kinshasa, les représentants
de l'OCDE et du Groupe d'experts des Nations unies ont salué «la participation des délégués des
Forces armées de la République démocratique du Congo au 8ème Forum sur les chaînes
d'approvisionnement en minerais responsables ».

Ils ont souhaité que «la RDC continue leur participation aux ateliers de formation organisés par
l'OCDE pour les FARDC ».

Parmi les autres principaux résultats des assises de Kinshasa, ils ont épinglé la participation active du
secteur privé et celle de la Côte d'Ivoire, les solutions proposées aux obstacles à la mise en oeuvre du
devoir de diligence et du Mécanisme de certification de la CIRGL ainsi qu'aux atteintes graves aux
droits humains dans les zones minières.

« L'OCDE va renforcer sa coopération avec la CIRGL », ont-ils promis.

Quatre thèmes principaux étaient inscrits à ce forum international dont la modératrice a été
l'ambassadrice du Canada en RDC, S.E. Ginette Martin, avec la participation de plusieurs personnalités
congolaises et étrangères, notamment le ministre rwandais des Ressources naturelles, Vincent Biruta.

Le premier visait à « dresser le bilan et faire progresser la mise en oeuvre du devoir de diligence en
amont de la chaîne d'approvisionnement dans la région des Grands Lacs ».

Dans ce panel, les participants ont évalué les progrès enregistrés et les obstacles à la mise en oeuvre des
dispositifs clés du devoir de diligence dans la région tels que le Mécanisme régional de certification
(MRC) de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) et d'autres processus de
certification. Ils étudieront les différents systèmes promouvant et facilitant l'exercice du devoir de
diligence sur le terrain.

« Insister sur la question du respect des droits humains dans le cadre de l'exercice du devoir de
diligence, comme décrit dans l'annexe II du Guide de l'OCDE » était le deuxième thème.

Pour le troisième, les participants au forum ont débattu « de la formalisation de l'artisanat minier et de
l'exploitation minière à petite échelle dans la région et réfléchir aux moyens d'intégrer l'or et les 3T
produits de manière responsable aux canaux de distribution officiels et aux chaînes
d'approvisionnement mondiales ».

Enfin, dans le 4ème thème, ils ont cherché à « comprendre quels sont les éléments clés pour mettre en
place un climat d'investissement responsable et attractif dans la région des Grands Lacs et comment,
de manière générale, la gouvernance du secteur minier peut soutenir la mise en oeuvre du Guide de
l'OCDE et du Mécanisme régional de la CIRGL ».