Kongo central :Colère hier à Moanda contre les Mai-Mai et les Bakata Katanga

Vendredi 24 avril 2015 - 14:40

Magasins, boutiques, marchés, écoles… sont restés fermés pour protester contre l’insécurité entretenue dans cette cité côtière par ces miliciens venus de l’Est en transit à la base militaire de Kitona

Toutes les activités sont restées paralysées au cours de la journée d’hier jeudi 23 avril 2015 à travers toute l’étendue de Moanda, une cité située sur la côte Atlantique au Sud-ouest de Kinshasa, à quelques 240 Km de la ville portuaire de Matadi, Chef-lieu de la province du Kongo central.

Magasins fermés, pas de marché, pas d’école, pas de travail…. : voilà l’image qu’a présenté toute la journée d’hier jeudi cette cité qui s’est muée tout récemment en ville.

Selon des sources concordantes, l’insécurité grandissante délibérément orchestrée par près de 2.500 éléments » Bakata-Katanga » et » Mai-Mai » depuis leur transfèrement à l’Ecole de formation militaire de Kitona, une base militaire située à 7km de Moanda, serait à l’origine de cette situation que tout le monde déplore. Il ressort que ces derniers, en l’espace de cinq jours seulement, auraient tué près de cinq personnes, soit une personne par jour.

Parmi leurs victimes figurent un pauvre fonctionnaire prestant au service de l’Environnement du territoire de Moanda, une jeune mère de quatre enfants, un motard et un élève finaliste du secondaire.

Celui-ci, après qu’il ait reçu une balle tiré à bout portant par ses bourreaux dans la nuit de mercredi 22 à jeudi 23 avril 2015, a été acheminé au plus vite à l’hôpital général de référence de Moanda où il est décédé dans la matinée d’hier jeudi des suites de ses blessures.

Affrontements sanglants entre manifestants et forces de l’ordre

Toutes ces tueries à répétition ont cependant révolté les habitants de Moanda la côtière qui ne savaient plus à quel saint se vouer. Et pour manifester leur mécontentement, ils sont descendus en grand nombre dans la rue jusqu’à aller récupérer le corps sans vie de cet élève finaliste qu’ils ont fait promener tout le long de l’artère principale de cette ville avant de tenter de l’exposer devant le bâtiment du territoire de Moanda, mais sans succès.

Car, ils y avaient trouvé un imposant cordon de sécurité déployé pour la circonstance par les autorités de la place qu’ils n’ont pas pu franchir. Blessés dans leur amour propre, ils entreront en guerre contre ces agents de l’ordre commis à la sécurité dudit bâtiment.

Devant ces échauffourées entre les agents de l’ordre et la population sans arme, un homme en uniforme, contre toute attente, tirera à bout portant et à balle réelle sur les manifestants, fauchant un jeune homme non autrement identifié et blessant certains d’entre eux dont l’un se trouve dans un état très critique. C’est ce qui a énervé davantage les habitants de Moanda qui, pour venger les leurs, ont d’abord incendié le bureau de la cité, faisant ainsi calciner tous les documents et les mobiliers qui s’y trouvaient avant de piller deux magasins restés ouverts et qui appartiennent aux Chinois et aux Libanais.

Trois jours seulement avant ces incidents à la fois malheureux et déplorables, la ville de Moanda a enregistré successivement deux cas d’assassinat dont celui d’un jeune homme habitant le village Kitombe sur la route menant vers la Socir et celui d’un changeur de monnaie abattu dans sa propre maison puisque soupçonné de détenir une bagatelle somme de 9.000 $ acquis grâce à la ristourne qu’il organise avec ses amis.

Pour le Président de la société civile du territoire de Moanda que nous avons joint au téléphone, les responsables de tous ces cas d’assassinat, affirme-t-il sans réserve, ne sont autres que des hommes en uniforme. Il soupçonne surtout les » Bakata-Katanga » et les » Mai-Mai » se trouvant en formation à la Base Militaire de Kitona.

D’autant plus que partout où ils commettent des actes ignobles, poursuit-il, ils ne manquent pas de laisser des indices. Notamment une arme, des munitions, mais aussi une carte militaire. C’est ce qui prouve à suffisance leur culpabilité.

Cela est-il vrai ou faux ? Seule une enquête sérieuse déterminera les responsabilités des uns et des autres. Dans l’entretemps, ce climat d’insécurité grandissante n’a toutefois pas laissé indifférentes les autorités provinciales du Kongo central qui se sont réunis hier jeudi en Conseil de sécurité à Matadi.

C’était dans le but de peaufiner des stratégies pour la maitrise de la situation et d’étudier les voies et moyens susceptibles de mettre hors d’état de nuire tous ces bandits à mains armées qui écument cette contrée de la province et leurs commanditaires. Car, trop c’est trop.

Des sources dignes de foi, nous apprenons que la situation, depuis le début de l’après-midi d’hier jeudi, était revenue à la normale à travers toute la ville de Moanda après un avant-midi très tendu et surchauffé.

Par Dieudonné Muaka Dimbi