La Commission européenne sereine face aux positions de Cameron sur l’immigration

Mardi 2 décembre 2014 - 07:58

L'Exécutif européen estime que la rhétorique du Premier ministre britannique est dictée par un cycle électoral. Les Conservateurs craignent de perdre des voix au profit de UKIP en mai 2015.

 Sans surprise, David Cameron appelle l’Union européenne (UE) à changer sa législation sur l’immigration. Si ce n’était pas le cas, le premier ministre britannique « n’exclurait rien », ce qui revient à dire qu’il considérerait une sortie de l’Union pour le Royaume-Uni.

Le cadre de ce discours prononcé le 28 novembre dans une usine de tracteurs du Staffordshire sous-entend que les idées qu’il défend devraient bénéficier à la classe ouvrière.

Quelques minutes seulement après la fin du discours, des journalistes demandaient à Margiritis Schinas, porte-parole de la Commission, de réagir. Les projets de David Cameron doivent être discutés dans le calme, a alors répondu celui-ci, lisant un texte préparé d’avance.

« Il s’agit ici d’idées proposées par le Royaume-Uni, elles font partie du débat et doivent donc être analysées avec attention et discutées calmement et en détail. Il revient aux décideurs politiques de s’opposer aux abus du système, c’est prévu par les lois de l’UE », assure le porte-parole.

Pas de principe sacré

Les critiques du premier ministre britannique estiment que toute modification législative quant à la libre circulation des personnes serait contraire aux principes de l’Union européenne. David Cameron n’est pas de cet avis.

« On dira que la libre circulation des personnes est un principe sacré, l’un des quatre points cardinaux de l’UE, tout comme la libre circulation des capitaux, des services et des biens, et que ce que je suggère est une hérésie », affirme le Premier ministre.

Mais, soutien-il, « les trois autres libertés ne sont pas encore pleinement mises en œuvre », puisqu’« il n’est toujours pas possible pour un opticien britannique de faire librement du commerce en Italie, ou pour une entreprise française de récolter des fonds en Allemagne, tout comme les utilisateurs de Netflix ou d’iTunes n’ont pas accès à leurs comptes s’ils franchissent les frontières des pays membres ».

« Notre système de protection sociale est un club national »

Les citoyens européens résidant au Royaume-Uni désireux de bénéficier de crédits d’impôt ou d’allocations familiales « doivent vivre ici et contribuer à [l’économie de] notre pays pour au moins quatre ans », insiste David Cameron. Les Européens vivant au Royaume-Uni ne pourraient pas non plus bénéficier de l’accès à des logements sociaux avant quatre ans.

« Ce que nous disons ici, c’est que notre système de protection sociale est comme un club national. Il est constitué des contributions des contribuables britanniques qui travaillent dur » vante le premier ministre, qui se garde de préciser que les travailleurs étrangers payent aussi des impôts.

Le gouvernement de David Cameron supprimerait également l’allocation chômage de 600 livres (754 euros) pour les travailleurs européens. Ceux-ci devront également trouver un emploi avant leur arrivée sur le territoire.

Libre circulation : pas pour les citoyens des nouveaux États membres

Les citoyens des nouveaux membres qui entreraient dans l’Union à l’avenir ne devraient pas pouvoir se déplacer librement jusqu’à ce que leurs économies aient atteint un niveau de croissance proche de celui des membres existants, estime également le premier ministre britannique.

« Les futurs traités d’adhésion devront être ratifiés par tous les membres, le Royaume-Uni peut donc imposer ce changement », explique-t-il.

David Cameron a déclaré vouloir négocier ces changements pour l’ensemble de l’UE. Si cela s’avérait impossible, il voudrait les voir inscrits dans un accord spécifique entre l’UE et le Royaume-Uni, insiste-t-il.

Nigel Farage, de UKIP, estime que David Cameron essaye encore une fois de se rattraper auprès des Britanniques. Il a « très peur de UKIP, il réalise qu’il est hors-jeu ; il lui a fallu dix ans, dix longues années pour comprendre l’ampleur du problème ».

 Le politique de droite a aussi déclaré qu’il était impossible de réduire l’immigration en tant que pays membre de l’UE « parce que nos frontières sont grandes ouvertes aux autres États membres, le Premier ministre lui-même a dit qu’il ne contesterait pas cette situation ».

Nick Clegg, à la tête du parti des Liberal-Démocrates, trouve quant à lui que certains des points du plan de David Cameron touchent à des « questions extrêmement sérieuses », mais que d’autres propositions étaient plus raisonnables.

 « Je pense que les Conservateurs courent le danger de répéter des erreurs qu’ils ont commises dans le passé, quand ils ont fait des promesses trop ambitieuses et jamais réalisées en ce qui concerne l’immigration. Ça a été le cas de leurs objectifs quant à l’immigration globale, qu’ils n’ont jamais atteints, ce qui rend l’opinion publique méfiante vis-à-vis du système d’immigration. C’est pour cela que j’estime important de se concentrer sur des objectifs atteignables et crédibles », explique-t-il.

Prochaines étapes: 

Mai 2015 : Élections législatives au Royaume-Uni

2017 : Date proposée pour le référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'UE.