La menace des alliés de la Majorié Kabila : Ou il se prononce sur 2016 ou les frondeurs font tomber Matata

Vendredi 13 mars 2015 - 10:31

C’est une situation politique inédite que vit Joseph Kabila en ce moment. Sa famille politique, ou ce qu’il en
reste, est au bord de l’implosion. La loi de l’omerta, imposée à ses alliés politiques, pour maintenir un semblant de cohésion au sein de la MP, a été atomisée par des prises de parole audacieuses de certains
cadres de sa famille politique. Son fameux « silence » sensé être plus fort les mots, stratagème politique pour surprendre aussi bien ses alliés que ses rivaux politiques ne marchent plus aussi. Preuve en a été faite avec la fronde qui s’est emparée de la Majorité présidentielle à la veille de la session parlementaire de mars. Tirant sans doute les leçons du retentissant fiasco de la nouvelle loi électorale, plusieurs cadres de la MP n’hésitent plus à critiquer ouvertement et vertement le calendrier électoral, l’accélération du découpage territorial et contestent l’autorité d’Aubin Minaku le président de l’Assemblée nationale et patron de la Majorité pressenti dauphin de Kabila par ailleurs. Ils (les contestataires) abordent désormais la succession de Kabila sans gêne en s’amusant à chercher qui d’entre eux est en position de l’emporter à la présidentielle de 2016 face à une opposition qui a le vent en poupe. En gros les frondeurs ne sont pas d’accord avec l’agenda politique de Kabila que Minaku applique servilement.

Déjà que dans l’affaire loi Boshab (nouvelle loi électorale), ils avaient laissé beaucoup des plumes dans l’opinion nationale et internationale, certains chefs de partis politiques ne veulent plus être mis devant des faits accomplis comme c’est souvent le cas dans leur famille politique où un certain guide éclairé détiendrait les clés du savoir politique. D’autres en privé disent clairement que « le vrai problème de la MP c’est Kabila lui-même, champion de l’indécision et du flou politique. Sauf que le temps n’est plus son allié, il doit se prononcer sur sa succession et le mode de désignation de son successeur. Voilà ce que nous attendons de lui » a dit un membre influent de la MP sous couvert d’anonymat à la rédaction de C-NEWS. Et d’ajouter : « s’il ne nous écoute pas ont fera tomber son gouvernement ». A peine croyable ! Kabila menacé non pas par l’opposition mais par ses propres partenaires politiques. Il faut dire que dans la « rébellion Kabile », il y a du lourd politiquement parlant. Le poids politique, à l’Assemblée nationale notamment, de Pierre Lumbi (MSR), Olivier Kamitatu (ARC), Endundo Bononge (PDC), Mwando Nsimba (UNAFEC), Christophe Lutundula (MSDD), Bahati Lukwedo (AFDC) pour ne citer que ceux là, représente à peu près 100 députés. Si ces députés se coalisaient avec les près de 150 députés de l’Opposition, Kabila n’aura plus de majorité parlementaire avec tout ce que cela entraine comme conséquence sur le plan politique. On n’en est pas encore là. Il ne s’agit que d’une menace brandie par certains ténors de la MP.

De là à la mettre en exécution, c’est une autre affaire. Pour la première fois de sa vie politique, c’est un Kabila acculé, presque dos au mur qui devait réagir vite. Ayant perdu l’initiative, il a subi les évènements politiques de son propre camp comme jamais. Du coup, il a vite aménagé son agenda pour recevoir un à un les frondeurs et les autres membres influents de sa famille politique. Le ballet a commencé mardi et se poursuit aujourd’hui vendredi 12 mars. Kabila a reçu aussi bien les frondeurs et les non frondeurs. D’après les premières indiscrétions, aucun compromis n’a été trouvé avec les frondeurs qui exigent de la rationalité et de
la prévisibilité dans l’agenda politique réaménagé de la MP face aux enjeux politiques de l’heure. Kabila leur
aurait demandé de la « patiente et de la discipline ». Discipline son autre stratagème pour noyauter sa famille politique. La fronde amorcée n’est pas prête de s’arrêter car à la Majorité présidentielle, on ne veut
plus se saborder politique-ment. La plupart des ténors comprennent que l’Etat et sa constitution sont au dessus de la personne de Kabila. Tout comme ils jugent que les élections ne sont pas une fin mais un moyen d’améliorer la gouvernance. Raison pour laquelle ils se prononcent dans leur majorité pour l’aérage du calendrier électoral avec l’élagage des élections locales, urbaines et municipales notamment. La session de mars dont l’ouverture est prévue pour le lundi 16 s’annonce très chaude. Aubin Minaku n’a qu’à bien se tenir ! Un homme averti en vaut deux dit-on.

MATTHIEU KEPA