L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de plus en plus préoccupée par la prise en charge par la pharmacorésistance de plusieurs produits surtout les antibiotiques. La tuberculose (TB), qui demeure toujours un grave problème de santé publique en République démocratique du Congo (RDC), n’échappe pas à ce phénomène. D’où, la TB multirésistante.
L’infirmier titulaire du centre hospitalier Kikimi dans l’aire de santé Bosembo dans la commune de Kimbanseke, Tshims Tshimanga, soutient que la ville de Kinshasa fait face à deux formes de tuberculose qui continuent à poser problème.
Il s’agit de la tuberculose à bacilles multirésistantes qui ne répond pas au traitement de première intention généralement utilisé et la Tuberculose à bacille ultra résistant qui ne répond ni au traitement de 1ère intention ni au traitement de deuxième intention.
Deux traitements
« Le traitement de la tuberculose requiert un régime strict d’antibiotiques. L’élimination complète de la bactérie nécessite de longue période de traitement (plus de 6 mois). Bien souvent, le traitement de la TB consiste en la prise simultanée d’une combinaison de plusieurs antibiotiques, ce qui diminue le risque que la bactérie développe une résistance aux antibiotiques », a dit Tshimanga.
Le traitement débute par la prise des médicaments dits de première ligne, ces médicaments les plus courants sont l’isoniazide et la rifampicine. Si la maladie dévient résistante à ces médicament de première ligne (isoniazide et rifampicine), elle est appelée « Tuberculose multi résistante » (MDR-TB, de l’anglais Multidrug-résistant TB) et requiert l’utilisation de médicament de seconde ligne.
La RDC étant l’un des pays à haute prévalence tuberculeuse dans le monde, elle est aussi, selon l’OMS, l’un des 27 pays à lourde charge de la tuberculose pharmacorésistante, la même structure estime que 2,2% des nouveaux cas et 9,4% de cas précédemment traités de la Tuberculose présentent une souche résistant aux antibiotiques usuels.
Dans le souci d’améliorer la prise en charge des malades, le PNLT participe depuis quelques mois à une étude sur l’évaluation de la tolérance et de l’efficacité du traitement court de 9 mois qui, ailleurs, connait des meilleurs taux de guérison de plus de 80 % pour les cas de TB-MR confirmée.
Deux régimes de traitement sont actuellement utilisés pour la prise en charge thérapeutique des malades tuberculeux multi- résistants à Kinshasa : l’un de 20 mois et l’autre de 9 mois).
Les soins sont administrés aux malades dans les 36 Centres de santé de Diagnostic et de Traitement de prise en charge de la Tuberculose Multi-résistante (CSDT TB-MR) de la ville de Kinshasa.
Inquiétude de l’OMS
En 2006, l’OMS avait exprimé son inquiétude quant à l'émergence de tuberculoses pharmacorésistantes virulentes et demandé de renforcer et d'appliquer les mesures pour éviter une propagation mondiale des souches mortelles.
Cet appel faisait suite aux travaux de recherche qui avaient établi l'ampleur du problème posé par la tuberculose UR, une nouvelle menace tuberculeuse qui ne laisse pratiquement aucune possibilité de traiter les patients (dont nombre de personnes vivant avec le VIH) avec les antituberculeux actuels.
Selon des experts de l’OMS, « la tuberculose MR (tuberculose à bacilles multirésistants) désigne des souches de bacilles tuberculeux résistant à au moins deux des médicaments antituberculeux de première intention, l'isoniazide et la rifampicine ».
« Par tuberculose à bacilles ultrarésistants (en anglais : XDR-TB - Extensive ou Extreme Drug resistant tuberculosis) ou tuberculose UR, on entend une tuberculose MR qui résiste également à au moins trois des six classes de médicaments de seconde intention », expliquent-ils.
Ils soulignent qu’« on a décrit la tuberculose UR pour la première fois au début de l'année 2006, à la suite d'une enquête conjointe de l'OMS et des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ».
« Les résistances aux médicaments antituberculeux apparaissent dans les populations principalement à cause d'une mauvaise prise en charge des cas de tuberculose, résultant d'une multiplicité de problèmes : mauvaises habitudes de prescription par les prestataires de soins, mauvaise qualité des médicaments, approvisionnement irrégulier ou encore mauvaise observance du traitement par le patient », indiquent les mêmes experts.