La stratégie du chaos

Dimanche 30 août 2015 - 21:26

Jamais chef du gouvernement n’aura connu autant de péripéties que Matata Ponyo. Le Premier ministre de la RDC essuie chaque jour qui passe des tirs dans la presse et dans certains salons privés de Kinshasa. L’homme qui pourtant s’applique, dans ses lourdes responsabilités publiques, à être Crésus en transformant tout ce qu’il touche en or, a à ses trousses une équipe de « nettoyeurs » qui voudraient effacer jusqu’à son souvenir.
Cet article se fonde sur une série d’événements, les uns aussi intrigants que les autres. Une simple analyse faite avec beaucoup de recul a permis de ressortir un certain nombre de faits, pour le moins troublants. A chaque action correspond une réaction. C’est connu de tous. Voici ici un échantillon non exhaustif de type de réactions qui attire le plus notre attention.

Tenez. A la création de Transco (2013), il avait été dit par certaines langues que cette compagnie ne dépassera une année d’existence avant de commencer à tomber en ruine. Au départ de l’expatrié qui faisait office de Directeur général, des rumeurs sont venues affirmer que Matata l’aurait viré pour mieux voler l’argent avec son cousin, Kirumba. Et cette version connaîtra d’ailleurs une variante, toute aussi ubuesque, quelques mois plus tard quand certains journaux vont annoncer que le premier ministre a détourné 1 million de dollars USD à Transco, société de transport nouvellement créée qui n’avait alors produit aucune recette et qui du reste, n’a pas vocation à le faire. Après Transco, ce fut le tour de Bukanga-Lonzo.

Que n’a-t-on pas entendu sur Bukanga-Lonzo, le parc agro-industriel de la province du Bandundu. Apres une campagne de sape bien montée qui est allée jusqu’à surestimer le coût du projet à trois fois sa valeur réelle, on est passé à la qualité des produits. Des rumeurs ont circulé que c’était du mais pour bétail. Est venu ensuite l’heure de la production dont on a dit que les récoltes prenaient toutes le chemin de l’Afrique du Sud. Enfin, le projet lui-même aurait été détourné de ses propriétaires sud-africains qui se plaindraient de cette « escroquerie de Matata». Cette question a été réglée, en attendant la prochaine trouvaille du cabinet des « nettoyeurs ». Après Bukanga-Lonzo, ce fut le tour de l’immeuble du gouvernement.

Sur l’immeuble du gouvernement, tout y est passé aussi, ici. On a dit de sa main d’œuvre qu’elle était essentiellement chinoise alors que le bureau d’études qui réalisait les travaux était rd-congolais et supervisait 500 travailleurs congolais. Le coût du bâtiment dans son ensemble, jugé élevé inutilement alors que personne n’a cherché à faire la sommation des loyers payés par le gouvernement aux ministères locataires ainsi que l’état des bureaux des ministres logeant dans ces immeubles. Le mobilier aussi en a pris pour son grade. Certains demandaient que ce soient des menuisiers locaux qui le fournissent pendant que d’autres accusaient l’épouse du premier ministre de l’avoir livré ; etc. Tout ceci était faux ! Après cet épisode de ragot, ce fut le tour de Congo Airways.

A la simple annonce de la création de cette compagnie aérienne qui est censée ramener le drapeau congolais sur les autoroutes du ciel, une autre campagne est née. Celle de la plaidoirie pour la résurrection des Lignes Aériennes Congolaises (LAC). Mais le bateau déjà lancé voulait repartir sur des bases nouvelles. La compagnie est créée finalement et le staff mis en place. Vient l’étape de l’acquisition des avions. Deux avions sont acquis, relançant une polémique deux fois plus importante, alors que déjà, on annonçait Congo Airways comme un mort -né. Mais les avions ne calment pas la polémique, justement. ils arrivent à Kinshasa et démarre la question de leur état. Le premier ministre, dit-on, aurait menti sur l’état des avions, annonçant que les appareils étaient neufs. Il est démontré que cette affirmation est fausse. S’en suit une discussion sur l’âge de l’avion. Le monde de l’aviation civile ne tarde pas à apporter les détails nécessaires. Mais la pause ne sera que de courte durée. La question du prix intervient sur le marché de la polémique kinoise. Vingt cinq millions de dollars américain (25 millions USD) seraient trop cher pour des Airbus d’occasion dont on sait que le prix d’un neuf est de 97 millions de dollars USD !!! Enfin, si c’est bien la fin de la série, on annonce dans un montage d’image que l’avion aurait raté un de ses vols et les passagers débarqués à cause d’un réacteur qui ne démarrait pas. Tout ça alors que les vols n’ont même pas encore été lancés. Aujourd’hui, faisant suite à cette version, un site internet a annoncé que cet avion est une épave, que le train d’atterrissage et les réacteurs ne fonctionnaient pas.

De toute évidence, ce serait un boulot à temps plein que de répondre à tous les mensonges répandus, au-delà du fait que l’information doit effectivement circuler. La population en a besoin, et le son de cloche officiel est toujours le bienvenu. Mais à un moment, à force de répandre systématiquement des accusations grossières en séries, on finit par s’en lasser. Nous, oui. Mais eux, non. Car le graal demeure dans le fait de détruire la considération et la confiance engrangées par ce gouvernement, faute de le démettre par des moyens légaux. Il est ici question de bilan partiel ? Et fort peu en possèdent un. Il faut se mettre au travail !
C.P. by 7SUR7.CD

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