Le G7 invite la Majorité à préparer l’alternance dans la sérénité

Mardi 15 septembre 2015 - 15:00

Réformateurs ou frondeurs ? Les partis membres du Groupe de 7(G7) de la Majorité présidentielle viennent de saisir pour la troisième fois en date du 14septembre 2015 je président de la République. Rappelant les acquis du dialogue inter-congolais de Sun City cristallisés dans la Constitution du 18 février 2006, le G7 estime que l’heure a sonné pour que la Majorité se prépare à l’alternance dans le respect de la Loi fondamentale. Les flottements nés des in certitudes provoquées par le flou artistique sur la tenue du dialogue national, les arrêts de la Cour constitutionnelle…, interpellent davantage les dirigeants au pouvoir. Un cocktail qui ne favorise pas la conservation du pouvoir d’Etat par la Majorité lors de l’alternance projetée en 2016.

Le Mouvement social pour le renouveau (MSR), l’Alliance pour le renouveau du Congo (ARC), le Parti démocrate chrétien (PDC), l’Avenir du Congo (ACO), l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), l’Union nationale des démocrates fédéralistes (Unafec) et l’Alliance des démocrates pour le progrès (MSDD/ ADP) viennent de saisir, par écrit, pour la troisième fois, le président de la République, autorité morale de la Majorité présidentielle.

Dès l’entame, le lecteur se rend compte que le G7 ne s’inscrit pas dans la logique de l’affrontement. Il s’agit « d’apporter notre modeste contribution à la consolidation de la démocratie et de la paix civile afin d’épargner notre pays d’une crise inutile », indiquent-ils. « Les réformateurs », comme ils aiment se faire appeler sont plutôt préoccupés par la préservation des acquis de la gestion de la Majorité depuis 2006, sous Joseph Kabila. Ils se confortent à l’idée qu’il ne faut pas détruire toutes les avancées enregistrées par les dix années qui ont sorti le pays du gouffre où l’avait précipité la gestion mobutienne.

Pour eux, «la mobilisation générale en vue de la reconstruction et du redressement du pays » engagée en 2006 autour du chef de 1’ Etat, a permis «de constituer une famille politique soudée autour d ‘une vision partagée de l’avenir de la République démocratique du Congo et clans le cadre d’un nouvel ordre politique établi par une nouvelle Constitution », ont-ils écrit au président Kabila. Le G7 rafraîchit la mémoire du président de la République qu’ensemble, nous avons mené la campagne qui a abouti à l’adoption de cette Constitution, le 19 décembre 2005, par 85% de la population congolaise ». Aussi, ont-ils doté le chef de I’ Etat, par la suite, d’une Majorité lui permettant de gouverner, conformément « aux aspirations légitimes du peuple congolais ». Avec admiration, ils estiment qu’« en dépit des échecs et des erreurs inhérents à toute entreprise humaine, il y a lieu de reconnaître que, sous votre leadership, la transformation structurelle de la société congolaise et de l‘économie du pays a été bel et bien lancée ».

Toutefois, ils reconnaissent que des efforts sont encore à fournir : «Même si aujourd’hui les inégalités sociales sont encore trop nombreuses et la pauvreté continue à frapper durement la grande majorité de la population, il ne reste pas moins vrai que des progrès sensibles ont été réalisés dans les domaines touchant à la vie quotidienne de nos compatriotes », relativisent-ils.

PLUS DE CONFUSION, MOINS DE CLARTÉ
Les réformateurs de la MP regroupés au sein du G7 notent que de toutes les observations formulées en février et mars 2015, l’évolution sur le terrain leur a donné raison. Pour eux, l’installation de nouvelles provinces pose problème :
«Aujourd’hui, force est de constater que l‘installation précipitée de nouvelles provinces a conduit à 1 ‘affaiblissement de 1 ‘Etat et à I ‘anarchie dans l’administration du territoire national. Au demeurant, cette situation chaotique a même amené la Cour constitutionnelle, récemment installée, non seulement à en faire le constat, mais également et surtout à proposer des mesures exceptionnelles qui énervent la Constitution ».

Le processus électoral n’a pas échappé à leur analyse, lorsqu’ils écrivent : « Quant à la tenue de prochaines élections tant attendues par le peuple congolais, chaque jour qui passe apporte plus de confusion que de clarté. En effet, il est, par exemple, difficilement compréhensible qu‘au moment où la Ceni et Votre très Haute Autorité reconnaissent la pertinence de l’enrôlement des nouveaux majeurs, le Parlement soit amené à adopter d’une façon particulière la loi portant répartition des sièges pour les élections locales et municipales ».

Et pour ces cadres de la Majorité présidentielle, la session extraordinaire du Parlement a davantage élargi le fossé avec la population. Sans ambages, ils ont indiqué qu’ « En vérité, la dernière session extraordinaire du Parlement et l’arrêt de la Cour constitutionnelle rendu sur requête de la CENI, le mardi 8 septembre courant, ont conduit l’écrasante majorité de Congolais à la conviction qu‘il y a des intentions inavouées de ne pas respecter la Constitution, de décrédibiliser et de désacraliser les institutions sur lesquelles repose tout régime démocratique, comme s‘il pouvait exister un autre schéma que 1‘ordre institutionnel pour lequel des millions de Congolais ont consenti d’énormes sacrifices ».

Abordant la question du dialogue tant souhaité par l’ensemble des Congolais, le G7 a sa petite idée : la promesse du respect strict de la Constitution en est le gage de réussite. Les sept signataires persistent et signent.

«A n ‘en point douter, le dialogue projeté sera voué à l’échec s ‘il n ‘est assis pas sur une volonté ferme de tous d ‘affirmer l’intangibilité de notre Constitution, et d’en respecter les dispositions en ce qui concerne particulièrement les valeurs fondamentales de solidarité nationale, de liberté d ‘expression et de manifestation, les échéances électorales et alternance politique ».

Pour eux, l’élection des gouverneurs de nouvelles provinces doit être organisée. « Et il ne convient pas de saisir le flou entretenu par l’arrêt récent de la Cour constitutionnelle quant à ce pour la retarder le plus longtemps possible. A défaut de la tenir à temps pour des raisons techniques objectives, la modification urgente de la loi de programmation s‘impose dans le sens de son application progressive, selon que telle ou telle province est ou non prête matériellement et politiquement », proposent-ils.

GARANTIR LA VICTOIRE DE LA MAJORITE AUX URNES

A la fin, le G7 est d’avis qu’avec les réalisations du président de la République à la tête du pays, il y a lieu de garantir la victoire électorale de la famille politique. Aussi n’est-il pas indiqué d’entretenir le flou et la tension permanente autour de la préparation de l’alternance qu’impose la Constitution. Ils confient au président de la République qu’a A une année des élections, désireuse de conserver démocratiquement le pouvoir afin de poursuivre l’œuvre de redressement du pays engagé avec Vous, la Majorité présidentielle devra s ‘atteler à préparer en toute sérénité et, en conformité avec sa Charte, les prochaines élections dans la perspective de 1 ‘alternance politique. Nous sommes convaincus que notre. Majorité a tous les atouts pour les gagner en toute transparence et réussir le pari de l’alternance politique dans la paix. La stratégie actuelle nous paraît suicidaire. Il est indispensable d’en adopter une autre, plus réaliste et porteuse de réussite ».

In fine, la démarche républicaine du G7 porte essentiellement sur les stratégies démocratiques et constitutionnelles de conservation du pouvoir par la Majorité. En saisissant le président de la République et l’ensemble des membres du bureau politique de la famille politique du chef de l’Etat, ils espèrent ainsi déclencher les débats à l’interne pour garantir la stabilité et la victoire de MP aux prochains scrutins.

LE POTENTIEL