LES AVORTEMENTS FORCÉS, UN PHÉNOMÈNE EN VOGUE À MOKALI

Mardi 5 juillet 2016 - 06:03

Les avortements forcés deviennent de plus en plus une pratique courante dans la commune de Kimbanseke, précisément dans le quartier Mokali. Le dernier cas en date remonte à hier lundi 4 juillet. En se réveillant à 5 heures du matin, la population de ce coin de la Tshangu a été désagréablement surprise de trouver un fœtus jeté au bord de la route Mokali, à son croisement avec l’avenue Nzeludia.

Loin d’être une fausse couche, ce cas d’avortement a été attestée par les médecins qui se sont retrouvés dans la foule amassée autour du corps sans vie. Les tenanciers des boutiques et maisons de communication installés en face de la chaussée disent avoir vu une jeune fille, la vingtaine révolue, déposer un sachet, la veille, dans les environs de 22 heures sans pour autant soupçonner ce qu’en était le contenu.
Les autorités du quartier, accompagnées de quelques éléments de la Police ont vite fait le déplacement du lieu pour voir avec leurs propres yeux ce qui résonnait à l’oreille comme une simple rumeur. Emu, le chef du quartier a fait son constat avant d’instruire une équipe à inhumer ce prématuré dans un cimetière municipal.
" C’est malheureux de constater que l’avortement devient de plus en plus un fait banal à Mokali. Je suis convaincue que pour ce cas d’espèce, il s’agit d’un fœtus d’au moins 6 mois. Une fois enceintes, les jeunes filles, en connivence avec leurs petits copains, n’hésitent pas un seul instant à aller voir des infirmiers mal formés et sans éthique pour avorter", se plaint Jeanine, M., médecin stagiaire aux Cliniques universitaires de Kinshasa.
Telle une trainée de poudre, la nouvelle a vite circulé dans tout le quartier. Quelques minutes après, c’est une foule immense qui s’est amassée autour de ce corps sans vie. Colère, grincement des dents, la population sur place a eu des mots durs pour condamner cet acte aussi ignoble qu’inhumain.
Révoltés, les habitants de Mokali pointent du doigt les centres de santé et établissements hospitaliers disséminés dans ce quartier. A les en croire, ces jeunes filles recourent aux infirmiers des petits hôpitaux implantés dans les coins de rue de la contrée pour besoin d’avortement.
" Ce sont les infirmiers des centres de santé du quartier qui encouragent les jeunes filles à avorter. Ils sont nombreux actuellement à accueillir les jeunes filles pour leur prescrire les médicaments susceptibles de provoquer un avortement forcé", explique Gérôme Mbala, habitant du quartier.
Les études réalisées récemment par une synergie des ONG qui oeuvrent dans le domaine de l’encadrement des jeunes filles révèlent que l’avortement forcé est la pratique la plus prisée par les jeunes de Mokali afin d’éviter de mettre au monde.
" Au moins deux jeunes filles meurent chaque mois à Mokali pour avoir tenté d’avorter. Dès que cela arrive, l’homme prend fuite à l’intérieur du pays ou dans les pays voisins pour réapparaitre quelques années après. Je crois que la justice a un grand travail à faire là dessus", martèle Camile Landu, éducateur social. Orly-Darel NGIAMBUKULU