Les commerces maritimes chavirent du fait de l’étiage Emiles Ngoy Kasongo a un projet fou, un canal type Suez entre Matadi et Kisangani

Mercredi 19 août 2015 - 09:45

Du temps où il était DG de l’OGEFREM, Emiles Ngoy Kasongo, prof d’économie, mûrissait un projet qu’il qualifiait lui-même de fou sans doute pour dire fort ambitieux: creuser un détroit de Matadi à Kisangani, en fait un canal de Suez r-dcongolais. Les motivations de cet ancien ministre de l’Economie, sans doute l’un des tout meilleurs que la RDC a connu, étaient essentiellement économiques, augmenter, par exemple, les revenus du commerce extérieur. Mais à ce jour, les données hydrologiques du bief maritime et fluvial, le fameux étiage viennent justifier la nécessité d’une voie de recours pour le transport et le commerce maritimes et fluviaux en RDC.

Le tirant d’eau sur le bief maritime n’est guère rassurant pour des navires. Depuis fin juillet, la calaison n’est que de7,30 m soit quelque 24 pieds. Alors même que, lorsqu’elle est à 33 pieds, des navires de gros tonnage ont du mal à traverser les 250 Km qui relie l’océan atlantique au port de Matadi. Pis, l’on enregistre, chaque jour, depuis le début de l’année 2015, une baisse de 5cm du niveau d’eau sur le bief maritime selon un expert de la CVM, Compagnie des voies maritimes. Qui dit redouter des effets négatifs de l’étiage sur le commerce extérieur de la RDC. La voie maritime que gère la CVM est en effet la principale plaque-tournante de l’import-export de la RDC via les ports de Banana, Boma et Matadi. Par ricochet, les revenus de toutes les entreprises et services- OGEFREM, SCTP, OCC, DGDA, IGF, etc., - devraient, avis d’experts, faire les frais de l’étiage. Alors que l’ITB/Kokolo, le principal navire marchand de l’ex-ONATRA reste à quai, du fait de l’étiage, courant juillet 2015, deux accidents de navigation ont été enregistrés au km 99 et 100 de la rivière Kasai (Passe Mushie). Une barge appartenant au convoi du M/B Alizber qui avait un tirant d’eau de 1,60 mètre à la descente, a, après avoir heurté une roche au km 99, fini par sombrer en date du 12 juillet 2015. Le 23 juillet, une autre barge revenant au convoi du M/B Bule-Bule qui avait un tirant d’eau de 1,80 mètre à la descente, a aussi coulé après avoir heurté une roche au km 100, le 23 juillet 2015. La Régie des voies fluviales, RVF, exhorte les armateurs au respect de la limitation de leurs calaisons en rapport avec la lecture observée aux échelles d’étiage de Kinshasa, Lisala et Dima-Lumbu afin de bien franchir les passes rocheuses de Gundji et Kandolo.

Le mouillage maximum autorisé pendant cette période d’étiage est de 1,30 m, indique la RVF. La Régie en appelle également à la bonne conduite et conscience professionnelle des conducteurs des convois de radeaux en grumes qui arrachent des bouées mouillées aux mépris de la réglementation en vigueur. En tout état de cause la RVF ne sait pas à ce jour remplir ses missions d’entretien et d‘aménagement des voies d’eau intérieures en vue d’assurer la sécurité de la navigation fluviale. Ses deux vieilles dragues sont derechef tombées en panne. Pour autant la RVF tient un alibi, la nature et ses caprices. Le niveau d’eau du fleuve à considérablement baissé de soi-même, l’étiage est profond. A la Régie, on en veut pour preuve, la situation hydrologique observée à la station hydrométrique du port public de Kinshasa en ce début du mois d’août 2015: maximum: 4,26 m ou 426 cm(le 01 janvier 2015), minimum: 0,04 m ou 4 cm (le 05 août 2015), et moyenne: 1,73 m ou 173 cm. Les experts de la RVF indiquent que la situation hydrologique probable courant 2015 n’est guère rassurante. Alors que le débit maximum calculé au 1er janvier 2015, était de 55.806 m2/s, le fleuve aura cependant encore baissé de -0,20m ou -20cm à tel point que les 11 et 12 août 2015 le débit minimum calculé n’aura été que de 24.966 m2/s. Pour une moyenne de niveau des eaux de 1,82m. Le débit du fleuve Congo accuse donc à ce jour un déficit de 6.492 m3/s au moins alors que le module (moyenne interannuelle) est de ± 40.000 m3/s.

Autres soucis exprimés par la RVF, les difficultés sinon l’impossibilité de l’exécution des levés hydrographiques (bathymétriques), de l’établissement des cartes hydrographiques ou encore de l’installation des stations limnimétriques. En 1960, l’administration coloniale belge avait légué à la RVF un réseau hydrologique essentiellement composé des échelles d’étiage dont le nombre de stations d’observation était de 350 et couvrait l’ensemble du bassin du Fleuve Congo. Actuellement, la RVF dispose d’une dizaine de stations d’observation. C’est dire combien la Régie n’effectue qu’un travail aléatoire. Alors que la Mettelsat annonce un cycle d’étiage encore plus rigoureux dans les prochaines années. Voilà qui pousse à mûrir l’idée du DG honoraire de l’Ogefrem, Emile Ngoy Kasongo.
POLD LEVI