Regroupés au centre d’entrainement militaire de Kota Koli dans la province de l’Equateur, les ex-combattants de ce centre rejoindront dans moins d’une semaine, les centres d’apprentissage des métiers, dans le seul objectif de faciliter leur réinsertion dans la vie civile.
Le ministre de la Défense nationale, Aimé Ngoy Mukena qui a livré cette information à la presse, a laissé entendre que cette mesure est une réponse du gouvernement de la république, au récent soulèvement de ces ex-combattants contre leurs mauvaises conditions de vie.
Au total, 820 ex-combattants regroupés depuis deux ans au camp d’entraînement commando de Kota Koli, se sont mutinés dernièrement, dénonçant les mauvaises conditions de leur hébergement et réclament soit leur retour immédiat dans leurs milieux d’origine, soit leur réintégration au sein des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo).
Mais pour le ministre Ngoy Mukena, la solution pour ces ex-combattants, c’est d’être insérés dans les groupes de formation qui vient de commencer. “ C’était déjà prévu comme ça. Avec ou sans révolte, dans moins d’une semaine. C’était prévu avant le 30juin... Le DDR a commencé. Vous allez voir bientôt des menuisiers formés par le DDR3, vous allez voir des tailleurs avec leurs kits formés par le DDR3. Nous on ne joue pas, on est un gouvernement responsable “, a-t-il déclaré.
Quid du retard connu
A en croire le ministre Ngoy Mukena, ce processus a pris du temps pour la simple raison qu’il fallait disponibiliser des moyens pour ce programme. Maintenant que c’est chose faite, les ex-combattants seront formés comme prévu dans le DDR3, qui n’est autre que la troisième phase de Démobilisation, désarmement et réinsertion.
Après leur soulèvement, ces ex-combattants avaient donné au gouvernement de la république, jusqu’à hier mardi 23 juin, pour répondre à leurs revendications. A ce sujet, le ministre de la Défense explique que pour prendre quelqu’un de Kota Koli et l’amener à Kamina en deux ou trois jours, il faut réunir des moyens.
Aussi dit-il, que le programme DDR3 bénéficie du soutien des observateurs internationaux et de la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC). Cette dernière trouve des moyens supplémentaires pour apporter l’appui nécessaire au gouvernement de la république. C’est donc quelque chose de très sérieux, a indiqué le ministre Ngoy Mukena.
Rappel des faits.
A noter que le 20juin dernier, plus de 820 ex-combattants issus de mouvements armés de l’Est de la RDC, dont le M23 munis d’armes blanches, ont protesté contre les mauvaises conditions dans lesquelles ils se retrouvent. Après avoir tenté de s’emparer du dépôt d’armes, ils ont pillé systématiquement les résidences des officiers du centre d’instruction commando de Kota Koli. Ordinateurs et autres biens de valeur ont été emportés, selon des témoins.
Quelques habitants pris de panique, se sont même réfugiés dans la forêt pour se mettre à l’abri de menaces de ces ex-combattants.
Dimanche 21juin 2015, un calme précaire s’est observé sur place à Kota Koli. Selon la société civile locale, ces hommes en uniforme ont refusé toute négociation avec le commandant du 1303e Régiment des FARDC basé à Gbadolite, à. 100 km de Kotakoli. Ils ont plutôt lancé un ultimatum (il a expiré hier mardi 23 juin 15) de 3 jours aux autorités compétentes pour qu’elles mettent des moyens, afin de les aider à rejoindre leurs milieux d’origine. La société civile qui rapporte les faits a indiqué que ce mouvement a créé une vive tension dans ce centre.
Regroupés à Kota Koli depuis près de deux ans avec leurs dépendants, ces ex-combattants réclament leur départ immédiat, soit pour la réintégration au sein des FARDC, soit pour leur retours milieux d’origine. Depuis lors, leur processus de démobilisation n’arrive pas à son terme. La Monusco avait demandé que ces ex-combattants en démobilisation soient intégrés au processus DDR (Démobilisation, désarmement et réinsertion) pour qu’ils soient pris en charge par la mission onusienne. Mais cela n’est pas encore fait.
Des sources locales avaient attribué ce énième soulèvement au centre d’entraînement commando de Kota Koli à une récente affaire de détournement de plus de 29 millions des Francs Congolais (31.589 dollars américains) destinés à la restauration de ces ex-combattants et leurs dépendants. Suite à cette rumeur, le commandant intérimaire et financier du centre de Kotakoli, ont été interpellés depuis une semaine, à l’auditorat militaire de Gbadolite renseignent ces sources.
Dans une enquête menée en septembre 2014 et publiée en octobre de la même année à Kinshasa, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénombré plus de cent personnes parmi les combattants démobilisés, leurs femmes et leurs enfants qui sont’ morts de faim et de maladie au centre de cantonnement de Kota Koli. Cette ONG accuse les responsables du gouvernement d’avoir négligé de fournir à ces ex-combattants, la nourriture et les soins de santé appropriés.
Au nombre d’environ 830, ils sont issus de sept groupes armés de l’Est du pays, dont les Maï-Maï Nyatura, le MCC, le M23, le groupe Alléluia. Ils attendent, pour certains, une démobilisation ; tandis que pour d’autres, une intégration au sein des forces armés de la RDC.