Les populations de Kasongo dénoncent la mégestion du Maniema

Mercredi 30 décembre 2015 - 13:51

Une pétition, signée par plus de 120 habitants de la Province du Maniema, vient d’atterrir sur le bureau du Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange. Elle a pour objet : « La gestion de la Province du Maniema, une gouvernance à la limite d’une catastrophe qui mérite intervention ». Transmis par l’entremise du « Réseau des Associations de Défense des Droits Humains dans le Sud Maniema », ce document de 13 pages, dont quatre pages de signatures – établi le 20 novembre 2015 – a été reçu à la Présidence de la République, le 1er décembre 2015. Dans la copie qui est parvenue à nos bureaux, les populations du Territoire de Kasongo adressent leurs salutations les plus déférentes au Président de la République et se fondent sur l’article 27 de la Constitution – dont il est le garant – pour lui demander de se pencher sur cette pétition, de l’examiner avec une attention soutenue ; cela pour le salut de la Province du Maniema et la pérennité des œuvres qu’il a entreprises dans le cadre de la Révolution de la Modernité dont il est l’initiateur. Elles qualifient de « calamiteuse » la gestion de la Province du Maniema de la part du Gouverneur Tutu Salumu Pascal.

Les signataires de la pétition demandent au Chef de l’Etat de considérer ce gouverneur comme la plus grande déception de son mandat et en tant que tel, il ne mériterait même plus son soutien à cause de sa conduite individuelle, manifestée à travers son comportement quotidien et sa conduite des affaires publique. Ils ont abordé deux points : son comportement personnel et celui qui a trait à la déstabilisation du PPRD, parti dont le chef de l’Etat est la première autorité, aussi bien sur le plan politique que morale. Concernant le premier point, le document signale que le Gouverneur, par ses fréquentations, ses attitudes et ses réactions, est très distant d’un homme d’Etat de son rang ; car il se fait entourer des inciviques dont il se sert et qui sont souvent surpris dans des flagrances de vol (même à mains armées et qu’il a fait libérer de prison). Le Maniema a besoin, selon cette pétition, d’un véritable patriote pour sa reconstruction.

Déstabilisation du Parti « PPRD »

Les pétitionnaires regrettent que le gouverneur, par son action, se mette à déstabiliser son propre parti, celui qui a fait de lui ce qu’il est et qui lui a donné tout ; à s’engager dans le chambardement du système coutumier, à se placer au-dessus des lois de la République et à s’imposer sur les juges et magistrats, à saboter, dans sa juridiction, les décisions du pouvoir central. Elle note que le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) reste, pour le Territoire de Kasongo, le plus grand et le symbole de sa fidélité au Chef de l’Etat. Curieusement, le Gouverneur, pour protéger ses intérêts personnels, s’oppose aux décisions des instances du PPRD, en usant d’un pouvoir discrétionnaire que ne lui reconnaissent pas les textes du parti, et en procédant à des nominations intempestives qui ne tiennent compte ni des textes, ni des réalités de la base. Par exemple, la pétition signale l’ordre donné à l’Administrateur du Territoire, membre du MSR (G7), de forcer la porte de la permanence du PPRD, le 09/11/2015, pour installer un protégé du gouverneur comme Secrétaire exécutif. En outre, lors d’une marche organisée pour décrier la mégestion des médicaments de la Zone de santé par le Médecin Chef de zone, beau-frère de gouverneur Tutu Salumu, un officier de police, agissant sur l’ordre du même l’Administrateur du territoire, s’est permis d’arracher des mains des manifestants l’effigie du Président de la République et de le déchirer devant le public.

De même, la pétition souligne diverses violences faites au pouvoir coutumier du Sud Maniema, alors que le parti y est solidement encré, en détrônant des ayant-droits pour installer les siens, sans tenir compte des procédures traditionnelles. Elle mentionne aussi des cas malheureux qui confirment l’entretien des milices privées, la création des ilots d’insécurité et l’attisement des conflits xénophobes.

RSK