Loi électorale : les émeutes de Kinshasa font reculer le pouvoir

Vendredi 23 janvier 2015 - 15:58

(7sur7) La rue a fait plier le sénat, une des institutions chargée d’élaborer la nouvelle loi électorale qui a mis le feu aux poudres à Kinshasa qui a été secouée par 3 jours d’émeutes (lundi, mardi et mercredi) à l’appel des partis d’opposition et de la société civile.

Kinshasa a été paralysée pendant près de 5 jours depuis le lundi passé car les Kinois redoutaient que la nouvelle loi électorale, dite loi Boshab, en organisant le recensement de la population, ne repousse aux calendes grecques les élections générales de 2016 (présidentielle et législatives).

Dans une séance historique, la chambre haute, à l’unanimité de se membres présents, Majorité et Opposition, a adopté une loi électorale qui n’a rien à avoir avec celle adoptée le lundi passé par une chambre basse sourde à la volonté populaire.

 

En remaniant de fond en comble l’article 8 de la loi Boshab, qui conditionnait la tenue des élections générales de 2016 au recensement, le sénat s’est résolument rangé du côté du peuple qui pendant une semaine a laissé éclater sa colère dans divers quartiers de la ville de Kinshasa notamment. Les termes « recensement » et « identification » contenus dans la loi adoptée par la chambre basse ont été remplacés par  « Données démographiques ». Selon le président du sénat, Léon Kengo Wa Dondo, « l’article 8 posait problème » a-t-il dit en Lingala (ezalaki na mwa kokoso). Pour Kengo qui a rejoint le point de vue de la population et de l’Opposition les termes « recensement » et « identification » contenues dans la loi électorale version assemblée nationale, suggéraient un possible débordement du délai prévu par la constitution et les lois de la Républiques pour les différentes phases électorales à venir. C’est pourquoi poursuit-il le changement terminologique  s’imposait. Exit donc « recensement et identification » place aux « données démographiques » dans la loi électorale version sénat. C’est une victoire incontestable de la population et de l’Opposition qui a fait reculer le pouvoir. Pouvoir qui s’est départi de son arrogance ces dernières 48 heures après avoir pris la mesure du ras-le-bol général dans le pays par rapport à la situation politique actuelle. Minaku, le président de l’Assemblée nationale, flanqué du directeur de cabinet du chef de l’Etat, Beya Siku, et de quelques ministres,  s’est largement exprimé sur sa loi électorale devant une assemblée des étudiants, fer de lance de la contestation. C’était à Fleuve Hôtel Congo. L’émission tourne en boucle sur les chaines publiques et privées. Le patron de la Majorité présidentielle crie à la manipulation et assure que la révision constitutionnelle n’aura pas lieu. Acculé le pouvoir a vite fait d’organiser une émission politique dans laquelle a pris part le ministre des Médias Lambert  Mende,  le député de l’Opposition Delly Sessanga, un député Palu de la Majorité et un membre de l’UNC de vital Kamerhe. Jamais Mende n’avait été aussi humble de sa vie. Sessanga a survolé les débats en donnant presque un cours sur les libertés publiques à ses interlocuteurs du pouvoir. Après avoir refusé de communiquer le pouvoir communique désormais à volonté pour donner des gages à une population qui gronde. Mais la partie n’est pas encore gagnée car le texte du sénat doit être accepté par l’Assemblée nationale. Car c’est elle qui a primauté sur le sénat. La réunion de la commission mixte paritaire (Assemblée nationale-  Sénat) est donc très attendue. Vue la colère qui couve ont voit mal comment l’Assemblée nationale peut se passer de la loi du sénat qui paraît pour elle et pour le pouvoir comme une voie de sortie honorable dans un conflit où il a laissé beaucoup de plumes.

IML

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