L’opposant Jean Lucien Busa tranche : ‘‘refuser le glissement, c’est assurer l’alternance’’

Jeudi 24 septembre 2015 - 06:01

(KINSHASA)- Le grand oral de Jean Lucien Bussa a tenu en haleine
pendant deux heures journalistes, acteurs politiques et membres du
Courant des démocrates rénovateurs. Le président du Cder s’est
expliqué longuement sur des questions liées à l’actualité politique de
l’heure. Déjà, l’opposant a tranché. Il n’y aura pas glissement parce
que le peuple va se dresser sur la route de tripatouilleurs de la
constitution. Le message vaut un avertissement sévère à ceux qui
croient encore à ce schéma. Il a lancé son slogan référence en cette
période de résistance patriotique – ‘‘refuser le glissement, c’est
assurer l’alternance’’. En démocrate, il considère que l’alternance ne
doit être comprise nécessairement comme l’arrivée de l’opposition au
pouvoir. La majorité peut se succéder aussi à elle-même mais le plus
important, c’est de respecter les règles et les valeurs qui fondent
l’existence de la nation congolaise. Cependant, l’élu de Bujala reste
confiant sur le succès de son engagement politique et celui de
l’opposition. Le fait pour le pouvoir de se fissurer de l’intérieur
entrevoit une lueur d’espoir pour l’aboutissement du combat de la
Dynamique de l’opposition. Si le G7 a quitté le bateau MP, c’est parce
qu’il a compris qu’il devait rejoindre la majorité des congolais qui
se sont battus, qui ont payé de leur vie, et qui continuent à se
battre pour demander le respect de la constitution et empêcher un
troisième mandat du président Kabila. ‘‘J’encourage le G7 pour avoir
grossi les rangs de ceux qui luttent pour le respect de la
constitution’’, dit-il. Il rappelle que le mardi 15 septembre dernier,
le peuple avait réitéré sa demande maintes fois exprimée en exigeant
le respect de la constitution, le refus à une quelconque prorogation
du mandat présidentiel et la convocation par la commission électorale
nationale indépendante du scrutin présidentiel au mois de juin 2016.
Pour le Cder, cette disposition constitutionnelle ne doit souffrir
d’aucune tergiversation, ni dérogation moins encore d’un atermoiement.
L’opposant brandit l’article 64 de la constitution comme châtiment
pour tous ceux qui tenteront de piétiner la volonté suprême des
congolais. ‘‘Nous appelons à la mobilisation de toutes les forces
pro-alternance en 2016 de faire échec à tout individu ou groupe
d’individus aux tendances capacitaires et velléitaires en faveur du
glissement’’, alerte Bussa. L’opposant croit fermement que le
dialogue, c’est de la pure distraction et un moyen pour donner
inutilement le temps supplémentaire à un pouvoir agonisant.
D’ailleurs, la direction politique du Courant des démocrates
rénovateurs conseille au président Kabila ‘‘ à garantir d’abord le
dialogue au sein de sa famille politique au lieu de s’investir, à
temps perdu, dans la quête permanente suractivée d’un dialogue dont
l’opportunité n’est nullement d’actualité’’. Ainsi, le parti de Jean
Bussa réaffirme son refus à un dialogue politique inopportun et sans
conséquence réelle sur le bien du pays et des générations futures. Sur
un autre chapitre, le Cder a fustigé la décision du gouvernement de
nommer les commissaires spéciaux pour gérer les provinces. Jean Lucien
Bussa ne s’explique pas qu’un pays puisse avoir au même moment les
gouverneurs et les commissaires spéciaux. Il s’interroge même s’il
faudra changer l’appellation- conférence des gouverneurs pour parler
de conférence des commissaires spéciaux. ‘‘Nulle part dans la
constitution, il est prévu la fonction de commissaire spécial pour
gérer les provinces, même en cas de force majeures aux termes des
pertinents articles 197 et 198 de la constitution’’, affirme l’élu de
Bujala. Il prévient que le président de la république ne peut pas
nommer des personnes à des fonctions qui n’existent dans la
nomenclature des fonctions à la tête des provinces. Et la notion de
redevabilité, tonne Bussa. L’absence de redevabilité va soustraire les
commissaires spéciaux de tous les mécanismes constitutionnels de
contrôle par les députés provinciaux. Pour lui, cet arrêt de la cour
constitutionnelle viole la constitution. C’est d’ailleurs,
assure-t-il, une décision de justice qui n’est pas synonyme de la
constitution. L’arrêt en question n’est ni même pas au dessus de la
constitution dont cette même cour tire son émanation, rappelle-t-il.
D’où, son appel à la population à ne pas reconnaitre l’autorité contra
legem des commissaires spéciaux à la tête des provinces. ‘‘Ce n’est
pas un appel à la désobéissance civile mais un appel aux autorités
pour le respect de l’esprit et de la lettre de la constitution’’,
explique l’opposant. Abordant les questions économiques, l’ancien
président de la commission Ecofin de l’assemblée nationale a touché le
vrai débat lié au budget 2016 avec la baisse des cours du pétrole et
de cuivre. D’abord, Jean Lucien Bussa qui plaide pour un budget
cohérent, réaliste et prenant en compte l’urgence d’améliorer le
social des congolais et respectant les priorités électorales de 2016,
trouve cependant contradictoire les performances macro-économiques
tant vantées par le gouvernement rapport aux indicateurs sociaux.
‘‘L’évolution paradoxale entre indicateurs macroéconomiques et
indicateurs sociaux, révèle la fracture sociale dans un pays où la
redistribution du revenu national est faite sur fond d’inégalités
criantes entre une minorité qui a droit à tout et une majorité de la
population qui vit dans une misère sans précédent, sans que le pouvoir
ne s’en émeuve’’, s’indigne le leader du Cder. Au lieu de ne se
limiter qu’à condamner l’exécutif, le brillant économiste propose des
solutions concrètes pour atténuer le choc lié à la baisse des matières
premières. Il a suggéré par exemple la fin du bénéfice lié aux
avantages fiscaux accordés aux entreprises d’exploitation minière
conformément aux dispositions du code minier. Il s’agit
particulièrement du cas de Tenke-Fungurume. Les recettes fiscales
attendues de cette entreprise en 2016 estimées à moins de 300.000.000
de dollars américains permettront de réduire le degré du choc. Autres
solutions envisagées, Il y a aussi le vote et la promulgation de la
loi portant nouveau code minier capable d’aider l’Etat de réaliser
plus de recettes dans ce secteur que sous l’empire du code minier en
vigueur mais surtout l’amélioration de l’efficacité des régies
financières par la mobilisation optimale des recettes publiques ainsi
que la lutte contre la fraude douanière et fiscale. Autant de
stratégies qui peuvent permettre de pallier à cette situation. Au
sujet de la baisse des coûts du pétrole, le Cder pense que ses effets
financiers peuvent être utilement contrebalancés par l’impact positif
de la baisse du pétrole sur l’économie à travers la réduction des
charges d’exploitation des entreprises et la réduction des coûts de
transports pour l’ensemble des utilisateurs. Par conséquent, le parti
de Jean Lucien Bussa exige au gouvernement de prendre urgemment des
mesures de réduction du prix du carburant à la pompe et celui du prix
des transports tant public que privé.