Malgré le paiement de la taxe sur la salubrité, la plupart des lieux de vente de Kinshasa ne sont pas toujours propres. Les vendeurs assujettis à cet impôt se plaignent de cet état de chose.
Faire ses courses après la pluie n’est pas chose aisée dans la plupart des marchés de la capitale. Pendant que l’Hôtel de ville et les communes renforcent le recouvrement de la taxe sur la salubrité, les immondices, elles, continuent de s’entasser. Au marché central de Kinshasa, le constat reste le même. Les flaques d’eaux stagnantes baignent les avenues de l’École, Bokassa, des Marais, Rwakadingi et Lac Moero dans la commune de Barumbu. Des déchets abandonnés dans les allées du marché se mêlent à l’eau stagnante et à la boue, formant ainsi des amas fragiles qui ne supportent pas le poids des passants, qui glissent et tombent. « Il n’est pas normal que nos ventes s’arrêtent après la pluie. Les clients évitent d’entrer au marché pour ne pas se salir. Le service de l’Hôtel de ville qui est chargé de l’entretien des lieux n’est pas à la hauteur. Les clients ne viennent pas parce que les allées du marché deviennent inaccessibles », déplore Pierrette Nzuzi, vendeuse de poisson fumé. Pourtant, les services de la ville prélèvent régulièrement les différentes taxes sur chaque étal, y compris la taxe sur la salubrité qui coûte 300 francs. Malgré une recette de 4000 dollars par jour, provenant des taxes prélevées sur environ 13 000 étals, la politique d’entretien laisse à désirer. Il en est de même pour la grande majorité des lieux de vente à travers la ville de Kinshasa.
Des problèmes d’organisation
Tout contrevenant à cette mesure devra payer la pénalité de la taxe dite d’assainissement, dont le coût varie entre 150 et 10 000 dollars, conformément à l’arrêté de 2010, relatif à la contravention imposée à ceux qui sont à la base de l’insalubrité.En termes d’organisation, la production de déchets est supérieure à la capacité journalière de leur évacuation. Un seul camion d’évacuation doit faire face à 8 mètres cubes d’immondices produits chaque jour au marché central. Dans tous les autres marchés de la capitale, ce n’est pas mieux. Cette situation coexiste avec la perception hebdomadaire ou journalière de la « taxe de salubrité ». Au marché de l’UPN, dans la commune de Ngaliema, l’assainissement se fait sans que les déchets soient totalement enlevés. Pour Baudouin Ngela, vendeur de fruits, le service d’assainissement est défaillant et manque de régularité au niveau de son personnel et du travail effectué. « Nous ne sommes que des journaliers. Notre travail peut s’arrêter à tout moment. Ce qui fait que certains balayeurs ne viennent que quand ils n’ont rien à faire ailleurs », explique Serge Matshombe du service de salubrité de la commune de Ngaliema. Un autre élément qui démotive, selon lui, c’est la rémunération. « En ce qui concerne l’assainissement de la voirie, nous commençons à balayer tôt le matin. Quand nous terminons vers 15 heures, nous devons encore descendre jusqu’au bureau de la commune pour attendre le paiement: 2500 francs par agent », confie-t-il.Guy Matondo