Mauvaise gestion de la Gécamines : Les travailleurs exigent le départ d’Albert Yuma

Mercredi 3 février 2016 - 15:12

Restés longtemps muets sur leurs mauvaises conditions sociales, les travailleurs de la Générale des Carrières S. A (Gécamines) sont sortis de leur silence. Ils dénoncent les menaces qui pèsent sur la survie de leurs familles et la tension monte d’un cran dans cette société.

 

Pour sauver ce qui peut l’être encore, ils exigent la démission immédiate et sans conditions du président du Conseil d’administration, Albert Yuma Mulimbi.

Ils mettent sur son dos, le non-paiement de plus de mois de salaire, le détournement de l’argent issu de la production qu’il aurait logé dans des comptes privés, avec la complicité du Directeur général a.i, la tenue des conseils d’administration budgétivores au cours de l’année dernière ainsi que le pillage systématique des recettes de l’entreprise.

Les employés de la Gécamines relèvent que depuis la prise des fonctions de l’actuel staff dirigeant, leurs conditions de vie et de travail se sont fortement dégradées et ils pointent du doigt accusateur les attitudes «hautaines» de Yuma, à qui ils imputent les difficultés, que rencontre actuellement cette société.

 

Comptes privés renfloués

Selon des sources, l’argent issu de la production des mois d’octobre à décembre 2015 a été bloqué dans les comptes privés du PCA et de son DG et à chaque production, ces derniers organisent incessamment des réunions pour se départager l’enveloppe de la production. C’est ce qu’ont affirmé les travailleurs de la Gécamines, à travers une lettre qu’ils ont envoyée au Président de la République. Dans cette correspondance datant du 18 janvier 2016,’ les travailleurs de la Gécamines ont fustigé la mégestion des finances de l’entreprise par Albert Yuma et ont lancé un cri de détresse en direction du chef de l’Etat, Joseph Kabila, lui demandant d’intervenir en vue d’arrêter, la mort programmée de cette société. «Nous venons crier au secours. Si vous n’intervenez pas à temps, nous allons mourir avec nos enfants. Les pensionnés qui sont partis depuis un an ne sont pas payés à ce jour. La gestion de notre société est entre les mains du PCA et de son directeur général a.i, depuis le départ de Monsieur Kalej. Les salaires sont impayés depuis six mois et nos enfants sont chassés de l’école à cause de la mégestion de l’entreprise entretenue par Monsieur Yuma Tout l’argent issu de la production depuis l’avènement de ces deux messieurs et leur équipe, est détourné à leurs fins propres »; ont-ils indiqué.

 

Ils mettent également à la charge du Président du Conseil d’Administration, des faits graves liés au détournement des fonds. «A chaque production, le PCA et son DG organisent des réunions du conseil d’administration deux ou trois fois le mois selon l’enveloppe de la production en vue de récupérer tout l’argent ; or selon les règles de notre société, le conseil d’administration se tient deux fois l’an, au mois de juin pour les états de gestion et à la fin de l’année pour dresse le parcours annuel de la société. En 2015, ils ont tenu plus c1 42 réunions du conseil d’administration, et à chacun, on lui alloue 600 dollars américains pour une séance», ont-ils expliqué.

 

Collaborateurs méprisés

Contacté, un cosignataire de ladite lettre a fustigé la façon malencontreuse dont Albert Yuma traiterait les travailleurs de la Gécamines. «Il a toujours méprisé ses collaborateurs et depuis sa prise de fonction, nous avons vu nos conditions de travail se dégrader vertigineusement et toutes les fois que nous avons tenté d’engager un dialogue avec lui pour, à défaut de l’amélioration, arrêter cette détérioration de nos conditions de travail, nous n’avons eu droit qu’à son arrogance, son mépris», a-t-il révélé sous anonymat. Et de renchérir que cette arrogance et ce mépris ne permettent pas aux travailleurs de revendiquer leurs droits alors que ceux-ci sont de temps en temps violés.

 

Un point de vue partagé par’ les signataires de la lettre envoyée au Chef de l’Etat, qui ont aussi fustigé le trafic d’influence au quel se livrerait Albert Yuma. «Nous lançons un SOS de détresse, car nous n’avons même pas les représentants des travailleurs, toutes les maisons syndicales sont dans la poche du PCA et son comité de gestion. Ils utilisent chaque fois les médias pour faire croire que les choses marchent bien à la Gécamines, alors que la misère bat son plein », se sont-ils plaint.

 

Ces allégations laissent à penser que le président du conseil d’administration de la Gécamines se rend coupable de violation systématique des droits de travailleurs et recoure- à des intimidations pour ébran1er leur morale lorsqu’ils tentent de revendiquer leurs droits, pourtant garantis par la constitution de la République. Par conséquent, il devra répondre de ses actes devant les instances judiciaires compétentes. Retrouvez en fac simulé, l’intégralité de la lettre des travailleurs de la Gécamines au Chef de 1’Etat.

Par Robert Djanya