Menaces sur les salaires des fonctionnaires

Jeudi 23 octobre 2014 - 11:01

Les enseignants, fonctionnaires et agents de l’Etat se disent indignés et consternés en prenant connaissance de la « Note d’information de l’Association Congolaise des Banques (A.C.B.) » adressée aux enseignants, fonctionnaires et agents de l’Etat et ayant trait à la paie d’octobre 2014. Selon cette note, l’ACB, qui est un partenaire de l’Etat dans la paie des fonctionnaires, affirme que les banques membres de sa structure ne sont plus à mesure d’assumer le coût de la logistique d’une paie de proximité sur toute l’étendue du pays. Par conséquent, l’ACB explique ainsi le fait que la paie des fonctionnaires, pour le mois d’octobre, n’a pas encore démarré. Selon elle, le gouvernement n’a pas encore rémunéré les prestations des banques depuis janvier 2014. Cette attitude adoptée par l’ACB heurte les syndicats des enseignants, fonctionnaires et agents de l’Etat et rend hypothétiques leurs salaires du mois d’octobre.

Devant l’incertitude de percevoir leurs salaires le plus tôt pour ce mois d’octobre 2014, l’Intersyndicale des syndicats de l’Enseignement primaire, secondaire  et professionnel (E.P.S.P.) – qui réunit une dizaine de syndicats des enseignants de ce secteur – a publié hier mardi, 21 octobre 2014, une « Déclaration des syndicats du ministère de l’E.P.S.P. face à la note d’information de l’A.C.B. du 18/10/2014, adressée aux agents et fonctionnaires de l’Etat ». Cette déclaration est signée par Médard MwengeKapay, président de la délégation syndicale/EPSP ; Stéphane MagundaMasiste, vice-président de l’Intersyndicale des Syndicats élus et par Jacques LukukuPidji, porte-parole de l’Intersyndicale des syndicats de l’EPSP.  Après examen de ladite note, les responsables de ces syndicats de l’EPSP ont fait trois observations. De prime abord, ils constatent que les agents et fonctionnaires de l’Etat sont des clients de ces banques, au même titre que tout autre client, car il leur est retenu régulièrement les frais de tenue des comptes. Ils pensent, par conséquent, qu’ils ne peuvent subir, et en aucun cas, les conséquences d’un contentieux qui existerait entre le gouvernement de la République et l’Association Congolaise des Banques. Enfin, ils ont conclu en faisant remarquer que : « il sied de constater que les banques membres de l’ACB se comportent exactement comme des caisses ou des ‘tontines’ foulant même aux pieds les fondamentaux d’une banque».

Des frais de tenue de comptes à la base d’une incompréhension

Dans leur déclaration, les syndicats et l’Intersyndicale de l’EPSP ont sommé les banques concernées à libérer la  paie des enseignants, fonctionnaires et agents de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national dans les 48 heures. Si toutefois ce délai n’était pas respecté, ils ont dit qu’ils allaient se référer à la base pour décider d’une éventuelle révisitation du système. Par ailleurs, du côté de la Fonction publique, Rachidi Kayombo, porte-parole des syndicats indépendants de l’Administration publique a déploré également cette impasse créée par les banques de l’ACB. Il a dit qu’ils avaient signé un protocole d’accord avec le gouvernement pour payer au plus tard le 17 de chaque mois à Kinshasa. Mais, il a constaté que le gouvernement n’était pas à mesure d’honorer ses engagements et a promis d’inscrire le sujet à l’ordre du jour de l’assemblée générale de sa plate-forme syndicale qui sera convoquée bientôt. Il a estimé que cette rencontre décidera du comportement à adopter face à la situation.

La situation créée par le refus des banques de l’ACB a conduit plus d’un observateur à pointer une anomalie qui semble passer pour un fait normal. Les enseignants, fonctionnaires et agents de l’Etat n’ont cessé de se plaindre, depuis  l’année passée de retenues opérées sur leurs salaires par  les banques. Ces retenues opérées depuis bientôt une année, ne cessent de croître d’un mois à l’autre, à tel point qu’un agent peut constater, en comparant plusieurs mois de salaire perçu, que les retraits à la source ont varié d’un mois ou d’une année à l’autre. Ils se situent actuellement entre 5000 à 10.000 Fc ; à tel point qu’un enseignant ou fonctionnaire qui avait 100.000 Fc, ne touche actuellement que 90.000 à 95.000 FC, selon les ministères. Ceci est expliqué par les banques comme étant des frais de tenue des comptes. C’est ainsi que les enseignants ont difficile à comprendre que les mêmes banques exigent au gouvernement la liquidation des mêmes frais de tenue de comptes qu’elles qualifient de « prestations des banques ». Ceci pour plusieurs observateurs n’est rien d’autre qu’une double imposition sur les salaires des enseignants. Et il est à se demander si une telle pratique est illicite dans un système de  paie de salaires par les banques.

Au moment où nous nous apprêtions à boucler notre édition, nous apprenons qu’à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre Matata Ponyo, Félicité Singa, 1ère vice-présidente de l’Association Congolaise des Banques (ACB) et directrice générale de la Fibank, a annoncé le démarrage des opérations de paiement de salaires des enseignants, agents et fonctionnaires de l’Etat pour ce mercredi 22 octobre 2014. Selon elle, le gouvernement a payé trois mois de prestation sur les dix mois qu’il leur doit. Elle s’est réjouie de la compréhension et de l’accompagnement de toutes les parties  prenantes dans la résolution de cette situation, qui, selon elle, concourt au renforcement de ce « partenariat public-privé exemplaire ».

SAKAZ