Message de vœux 2016 du chef de l’Etat : Les élections pas à l’ordre du jour

Jeudi 7 janvier 2016 - 09:49

La nouvelle année réserve de grosses surprises. Dans son message de vœux 2016, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, s’est inscrit dans un schéma qui n‘est pas forcément celui de tous les Congolais. Il a dévoilé ses priorités qui se déclinent essentiellement en termes de paix et de développement. Pas un mot sur les élections qui, selon lui, restent conditionnées par la tenue du dialogue politique national inclusif, dont la tenue tarde à prendre corps.

 

Personne n’est encore en mesure de prédire ce que sera réellement l’année 2016. L’on sait toutefois que c’est l’année de toutes les échéances électorales qui arrivent à terme, en vertu des dispositions constitutionnelles. Il s’agit principalement des législatives nationales et de la présidentielle.

 

C’est dire qu’en cette année 2016, le peuple s’attend à l’organisation du troisième cycle électoral, après 2006 et 2011. Et pourtant, sur le terrain, rien ne rasure quant à la tenue réelle des scrutins prévus au cours de cette année. Sur la scène politique, des signaux sont évasifs. La multiplication de part et d’autre des plateformes politiques n’augurent pas de lendemains meilleurs. Bien au contraire, c’est l’expectative.

 

En 2016, tout peut arriver. En bien ou en mal. Tout dépendra de l’attitude de principaux acteurs au processus électoral, avec en ligne de’ mire le chef de l’Etat. Les derniers discours de Joseph Kabila, indiquent maints observateurs, semblent sibyllins au point d’entretenir le flou, en lieu et place de dissiper des zones d’ombre qui plombent encore le processus électoral.

 

Son message de vœux à la nation a jeté le doute dans l’opinion. En relevant ses principaux défis qui se déclinent en termes de paix et développement, Kabila a publiquement dévoilé son agenda pour 2016. Pas un mot, ni aucune assurance sur la tenue effective des élections en cette année pressentie éminemment électorale. Sur ce sujet précis, le chef de l’Etat est resté évasif, confiant le sort du processus électoral au consensus qui, croit-il, pourrait découler de son projet de dialogue politique national inclusif. Or, dans la classe politique, ce dialogue est loin de faire l’unanimité.

 

Nombre de partis politiques et forces sociales redoutent ce forum qu’ils considèrent comme le schéma subtil choisi par le chef de l’Etat pour faire glisser le cycle électoral, au-delà du délai butoir de 2016. Alors, lier la tenue des élections au dialogue - comme le conçoit le président de la République - c’est autrement mettre en ballotage la tenue d’élections en 2016.

 

Dans son message de vœux 2016, Joseph Kabila a annoncé clairement ce qui le préoccupe le plus en 2016, à savoir la paix, la croissance et l’amélioration des conditions de vie de la population. Ces options passeraient avant toutes les autres considérations.

 

ANNÉE DE TOUTES LES SURPRISES

L’année 2016 est celle de « multiples défis ». Kabila en est bien conscient. Le chef de l’Etat sait qu’en 2016, il devra faire des choix politiquement difficiles. Car, contourner les élections, c’est autrement plonger le pays dans une période d’incertitudes, avec toutes les conséquences collatérales, à première vue imprévisibles. Or pour sa survie politique au-delà de 2016, Kabila sait aussi que les élections pourraient lui être fatales. Mais, comment s’y prendre? C’est là tout le dilemme.

 

Son message de vœux 2016 a, d’une certaine manière, révélé sa tactique. Joseph Kabila a choisi d’évoluer sur un terrain où il jouit encore d’un important avantage comparatif. Sur ce point précis, notamment de la paix, le bilan de ces 15 années de pouvoir penche nettement en sa faveur. C’est avec lui que la paix - quoi que encore fragile, a été rétablie sur l’ensemble du territoire national, avec la signature en 2002 de l’Accord global et inclusif de Sun City (Afrique du Sud).

 

Dans le registre du développement, les investissements en infrastructures mises en œuvre depuis 2001 militent aussi en sa faveur. En 2016, il pense donc se servir de ce bilan pour convaincre le peuple. Mais, la grande inconnue reste encore la réaction de ce peuple, qui nourrit une soif immense d’élections.

Est-il prêt à s’en détourner pour suivre Kabila dans son schéma de la paix et du développement ? C’est la grande inconnue.

 

Dans tous les cas, Kabila s’est engagé dans une trajectoire qu’il n’entendrait pas changer de si tôt. Il s’est fixé un cap qu’il atteindre au terme de l’année 2016. En conditionnant une fois de plus la tenue des élections à la tenue indispensable d’un dialogue politique, Kabila a fait voir qu’il n’entend pas transiger. En corollaire, la paix, la cohésion nationale et l’unité du pays restent ses principales priorités. De l’avis du grand nombre, les élections ne devaient pas inverser l’ordre de ce qu’il s’est fixé comme priorité en 2016.

 

Peut-on dès lors mettre une croix sur les élections ? Difficile à dire. Toutefois, l’hypothèse n’est pas à exclure. Car, pour Kabila, « L’année 2016 sera ainsi une année de multiples défis. Au plan politique, il nous faudra relever le défi de la consolidation de la paix». Vu sous cet angle, les élections restent accessoires. C’est le moins que l’on puisse dire.

 

LE POTENTIEL