Minaku-Kengo : Dialogue contre constitution

Mardi 15 mars 2016 - 21:04

 

A l’ouverture de la session politique de mars, deux discours presque diamétralement opposés, ont été entendus dans les deux chambres du parlement. L’un au sénat insistant totalement sur le respect de la constitution. L’autre à l’assemblée nationale mettant en avant le dialogue qui doit impérativement se tenir quelle qu'en soit sa forme. Dialogue contre Constitution, le nerf de la guerre. Le ton de Kengo a tout dit. Donneur de leçon et sauveur du régime lors des événements de janvier 2015, le président du sénat a rappelé que la constitution est intangible. Donc, on n’y touche pas. Pour lui, il est la base d’un consensus politique qui permet d’assurer la stabilité des institutions. Curieux en cette période de forcing qu’un tel discours vienne d’un allié. Seulement, le vieux routier veut se donner bonne conscience et rester surtout dans les règles de l’art. Il ajoute que la constitution s’impose au peuple et aux institutions. Une manière de prévenir que les premières personnes à respecter la constitution, ce sont les animateurs des institutions. Le message est clair et touche la vraie cible. Sans ouvertement s’opposer à la thèse de Kengo, Aubin Minaku, s’est époumoné à expliquer la meilleure formule pour décrisper la crise actuelle. Il s’agit du dialogue inclusif. Dans le contexte actuel où le pays risque de foncer vers le mur, il faut l’apaisement, insiste-t-il. La session de mars doit gérer le contexte et le fruit du dialogue inclusif quelque soit sa forme. Pendant le dialogue politique inclusif qui devra bientôt se tenir, rappelle Minaku, les élus directs du peuple- à l’opposé de sénateurs- sont appelés à s’assumer avec plus d’attention à régler des situations d’incompréhension d’où qu’elles viennent et à prendre des décisions là où l’immobilisme pourrait s’installer. Le speaker de la chambre basse du parlement a appelé les députés aussi à l’implication dans tout processus ou action allant dans le sens du salut de l’unité de la république. Pour lui, il faut davantage protéger la démocratie, sauvegarder l’unité de la république et l’intégrité nationale par plus de civisme et de patriotisme. Et Aubin Minaku de lâcher : ‘‘Quelques soient les termes de référence du dialogue, l’agenda et les conclusions de ce forum,  quelques soient les interprétations des uns et des autres concernant ce haut lieu d’échanges, ces recommandations et résolutions finales, c’est nous les élus du peuple, qui allons finalement trancher’’. Mais pour arriver à ça, le président de l’assemblée nationale pense qu’il faut accorder plus de temps aux questions politiques majeures. Des débats républicains seront organisés sur des sujets majeurs de la nation. Quels sont sujets majeurs ?, s’est interrogé un opposant. En dehors de la révision constitutionnelle et la présidence à vie du président Kabila, il n’y aura pas autre chose.  A l’opposition radicale, on a déjà prévenu que le dialogue format Kabila est inopportun comme aussi toute tentative de faire passer une loi liberticide au parlement. Or, Minaku a aussi averti que le dialogue aura lieu quelque soit sa forme. Le risque d’une implosion à cette session de mars devient ainsi inévitable. La majorité pourra être tentée de faire passer la loi sur le référendum mais l’opposition attend agiter la rue pour contrer et stopper définitivement le pouvoir dans sa quête du glissement.