Molokai : des adieux déchirants

Mercredi 4 mai 2016 - 09:55
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Aussitôt après les hommages officiels à l’artiste- musicien Jules Shungu Wembadio, hier lundi 2 mai  au Palais du Peuple, la dépouille  du patron de Viva la Musica a été conduite au « Village Molokai », au quartier Matonge, dans la commune de Kalamu, considéré comme le sanctuaire de l’illustre disparu.
La population venue des quatre coins de la capitale a envahi le « Village Molokai » pour rendre ses hommages à Papa Wemba. Ici, le décor du deuil était solidement planté avec des rameaux non seulement à l’entrée de la rue Kanda-Kanda mais aussi devant les rues Masimanimba, Oshwe, Lokolama et Inzia.

D’anciens et nouveaux succès de Papa Wemba étaient diffusés en boucle dans les terrasses de Matonge, occupées par des foules de gens de toutes les conditions.
Le cortège transportant le cercueil a eu du mal à se frayer un chemin pour déboucher sur la rue Kanda-Kanda et plus précisément à la chapelle réservée pour les obsèques du vieux Bokul, au numéro A 42.

Députés, sénateurs, ministres, acteurs politiques de l’opposition et de la majorité,  ont fait le déplacement du « Village Molokai » pour s’incliner devant la dépouille du roi de la rumba congolaise.

Parmi les présences les plus remarquées, il faut signaler celle du Conseiller spécial du Chef de l’Etat en charge de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme, Luzolo Bambi.
Il a révélé, dans son témoignage, que c’est Papa Wemba qui l’avait conseillé de poursuivre ses études universitaires, alors qu’il rêvait d’intégrer le groupe Viva la Musica. C’est grâce au sage et désintéressé conseil de Papa Wemba que l’ancien ministre de la Justice avait repris le chemin des auditoires et poursuivi ses études universitaires et post-universitaires, jusqu’à devenir professeur d’université.
            Président du MPCR, le député Jean-Claude Vuemba a rappelé que l’artiste disparu lui avait reproché de mener son combat politique loin de la terre natale, ce qui n’avait aucun impact sur le destin du pays, et lui avait remis de quoi payer son billet d’avion pour revenir à Kinshasa participer à la vie politique.
            Parmi les musiciens, on a noté la présence de JB MPiana, le patron de Wenge BCBG, qui a exprimé toute sa gratitude à Papa Wemba pour sa contribution à la réalisation de son tout premier album intitulé « Feux de l’amour », dans la chanson dédiée à « Coco Malanga ».

Les sapeurs en vedette

            Les obsèques du roi de Molokai sont également marquées par des exhibitions des sapeurs. Les démonstrations des griffes, de chaussures, de ceintures et autres bijoux étaient faites en mémoire de celui qu’on appelait aussi le « Pape de la sape ». Tous se consolaient avec l’image de Papa mort sur scène bien coiffé, bien sapé et bien parfumé.
            Certains sapeurs ont même exigé que les vêtements de Fula Ngenge  soient placés dans un musée. Un sapeur a demandé qu’on lui garde, en guise de souvenir, les derniers habits portés par Papa Wemba à Abidjan avant de tirer sa révérence.
            Une délégation de la diaspora a également fait le déplacement de Molokai.
            Pour leur part, plusieurs professionnels des médias retiennent de Jules Shungu Wembadio le souvenir d’un artiste très respectueux de la presse, qui était toujours disposé à accorder des interviews, même aux jeunes journalistes qui venaient à peine de débuter dans la profession.
ERIC WEMBAKUNGU