Nord-Kivu : La pénurie de la nourriture dans la prison de Rutshuru

Mercredi 18 novembre 2015 - 06:21

La prise en charge médicale n’est pas à exclure

Bien que les journalistes continuent de remplir leur rôle, celui de s’informer sur les différentes préoccupations que rencontre la  population pour après informer les autorités bien établîtes de mettre en place certaines dispositions si plus possible pour mettre fin aux problèmes posés, il se fait que le même souci reviens de temps à autre.

Pas plus tard qu’au mois d’octobre 2015, nous avons appris de la radio okapi le problème que rencontre la prison centrale de Rutshuru. Plus de deux cents détenus de la prison centrale de Rutshuru au Nord-Kivu manquaient de nourriture depuis un mois.  Les responsables de cette maison carcérale craignaient que certains prisonniers soient atteints de la malnutrition sévère si cette situation perdurait.

Un mois après cette annonce, des sources locales nous ont fait savoir le week-end dernier que depuis trois mois, que les détenus de la prison centrale de Rutshuru au Nord-Kivu n’ont ni vivres  ni médicaments. Les responsables de cette prison disent avoir informé plusieurs fois les autorités judiciaires à Goma, sans succès. Ils appellent les  autorités du pays à se pencher sur la question.

Selon  des sources concordantes à Rutshuru-Centre, c’est depuis le 15 septembre dernier que la prison locale a connu une rupture de stocks des vivres, qui provenaient d’un champ communautaire entretenu par des prisonniers à Nyongera. Depuis lors, la prison connaît un manque de nourriture. Cette maison carcérale héberge actuellement 138 détenus, dont  6 femmes.

Toujours selon les mêmes sources, « même les églises locales qui venaient à la rescousse des détenus sont fatiguées. » Certains détenus sont assistés par leurs familles respectives. Tandis que d’autres sont délaissés et abandonnés.

Interrogé à ce sujet par la radio okapi, le responsable de cet établissement pénitentiaire a indiqué avoir informé plusieurs fois les autorités compétentes,  sans succès. Pour l’instant, on n’enregistre aucun décès, « mais c’est prévisible », a-t-il fait savoir.

Hormis le manque de la prise en charge alimentaire et médicale, la prison de Rutshuru connaît un sérieux problème de non-paiement de son personnel depuis 2010, a-t-il poursuivi.  Il a, par ailleurs, lancé un cri de détresse aux autorités compétentes tant nationales que provinciales pour trouver une solution à ces problèmes. Notre sources déclare n’avoir pas réussi à joindre le responsable  de la division de provinciale de la justice pour l’interroger à ce sujet.

Revenons à la pénurie de nourriture signalée le 26 octobre dans cette prison pour noter qu’avant cette période de pénurie, ces détenus vivaient grâce aux produits du champ communautaire de Nyongera, situé à une dizaine de km de Rutshuru-centre, où ils cultivent le haricot, la pomme de terre et certains tubercules. Mais la saison des récoltes n’est pas encore arrivée.

« Pour l’instant, c’est la disette totale dans cette prison. Il est vrai que certains reçoivent l’aide de leurs familles mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. La situation est donc critique », avait commenté un prisonnier sous couvert d’anonymat.

Des sources proches des services pénitentiaires attribuaient cette situation au manque de subventions publiques pour la prise en charge alimentaire des détenus. Début octobre, cette pénurie de nourriture était à la base de l’évasion des trente-quatre prisonniers de la prison centrale de Rutshuru.

Selon les sources de l’auditorat militaire, au moins six détenus avaient été rattrapés par la police à Rutshuru, et devraient être remis aux responsables de la prison. Les services et les forces de sécurité tentent de retrouver les autres évadés.

Les habitants de Rutshuru avaient demandé aux responsables militaires de renforcer la sécurité au sein et autour de la prison pour éviter d’autres évasions. Ils avaient également recommandé aux autorités provinciales de pourvoir régulièrement la prison en nourriture.

Jocelyne Wandje Mbote